Magnifique Opiom qui permet d'échanger sur de nombreux sujets
Je vais certainement paraître orienté pour certains mais j'aimerais vous faire part de ma réflexion.
Il est en effet intéressant de voir comment le FN a joué un rôle depuis les élections de 1988 dans la stratégie de chacun des partis et comment au fil du temps il a pu influencer ces derniers.
On peut également recouper ces informations avec les évènements historiques extérieurs comme la chute de l'union soviétique et l'avènement d'un monde globalisé et libéral pour comprendre la situation actuelle.
La crise actuelle et la hausse des inégalités étant également des facteurs à prendre en compte.
Aussi, jusqu'en 1988, l'influence de l'URSS est malgré tout très présente dans les esprits et constitue un réel contre-pouvoir à l'ultra libéralisme des Etats-Unis.
La France est alors si on peut dire entre les 2 avec son modèle de société d'état providence (tout comme la plupart de l'Europe d'ailleurs).
Le PS est définitivement en train d'absorber le PCF dont les idées s'essoufflent en même temps que le bloc soviétique (15% en 81, 7% en 88).
F Mitterrand en offrant à LePen une tribune publique permet au FN de faire 14% (en récupérant du coup le vote contestataire) et ainsi diviser les voix de droite.
Chirac choisit alors comme stratégie de clairement s'opposer au FN ce qui bien sur fait le jeu de F Mitterrand et lui permet d'être élu au second tour.
En 1995, l'URSS n'est plus, ce qui laisse la porte ouverte à un modèle ultra libéral sans contre pouvoir possible.
La remise en question de l'état providence est en marche et l'idéologie moyenne des Français tend de plus en plus à droite.
Le PS, peut être encore trop assimilé à cette ancienne gauche (et certainement à cause de plein d'autres raisons qui m'échappent) est battue.
Le FN (vote contestataire?) fait 15%; un peu plus qu'en 1988. Le sujet de l'immigration commence à influencer le RPR tout comme les stigmatisations diverses (cf. discours de J Chirac sur le bruit et l'odeur en 1991, il a bien compris la leçon de 1988).
De Villiers, contre une 'islamisation de la France" fait 5%.
En 2002, après une cohabitation de 2 ans, Chirac concentre sa campagne sur les problèmes de l'insécurité et de l'impunité zéro.
La multiplication des partis de gauche a raison du PS qui laisse sa place au second tour au FN.
Chirac est logiquement élu au second tour alors que la France aurait pu (du?) passer à gauche et recentrer la moyenne idéologique des Français. On assiste alors à un point de non retour avec un terrain propice pour l'avènement de la droite décomplexée de Sarkozy.
le FN fait 16% et le parti de B Mégret 2%
En 2007, N. Sarkozy, conseillé notamment par P Buisson depuis 2005, surfe sur les discours sécuritaires (cf. l'histoire du Karcher de 2005) et les discours sur l'immigration. Cette stratégie est payante puisqu'il permet à Sarkozy de récupérer une bonne partie des voix du FN qui ne fait "que" 10%.
De villiers stagne à 2%.
Le quinquennat qui va suivre, après pourtant une période enthousiasmante d'ouverture, glissera avec la crise de 2008 vers son lot de stigmatisations diverses et de mesures choc : une loi pour un fait divers.
La circulaire Guéant, hérésie économique, marque clairement un pas en avant vers l'adhésion aux thèmes chers du FN toujours dans l'optique de draguer ses électeurs.
Je me pose donc aujourd'hui les questions suivantes :
La France va-t-elle inexorablement tendre vers cet extrême et adhérer à des idées dont l'évocation même était autrefois invraisemblable ?
Sarkozy a-t-il intérêt à continuer dans ce sens pour récupérer les voix du FN et ainsi prendre le risque de faire fuir ses électeurs modérés vers F. Hollande?
Je ne sais pas si j'ai fait avancer le débat, j'ai du sortir quelques bêtises, en oublier d'autres, mais en tout cas, c'est à peu près ce que je pense...