Tiens, à Sciences Po on avait une conférence intéressante ce soir, sur le résultat des élections régionales.
Quelques conclusions qui vont contre toutes les conneries qu'on entend un peu partout à la télé :
1/ Le FN perd énormément de voix par rapport aux dernières régionales (presque 1.5 millions), tout comme la droite (3.5M) et la gauche (2M)
2/ Le dynamisme constaté à gauche, c'est uniquement EE qui le porte, pas le PS, et encore moins le FdG. Si la gauche est aussi haute, c'est grâce aux voix des écolos qui représentent désormais 1/4 de son électorat, contre 12% pour le FdG.
3/ Le vote EE est un vote "centriste", dans le sens où il correspond en grande partie au vote Modem (20% des électeurs de Bayrou en 2007 ont voté EE aux régionales) et ancien UDF (EE est le plus haut là où l'UDF était très implantée en 2004). C'est aussi ce qui explique le vote en Alsace, où EE était très fort au premier tour, mais où ce vote s'est rapproché de la droite au second tour. En Alsace, EE est plus de "centre droit" qu'autre chose.
4/ La droite parlementaire a perdu 21% de son capital électoral depuis 2004, le FN : 22%.
5/ Point super important, qui devrait calmer les ardeurs de la gauche et rassurer l'UMP : là où le vote Sarkozy avait été le plus fort en 2007 et créé une grande dynamique (en gros, ce qu'on a appelé le "grand Est"), la droite perd moins de voix qu'ailleurs, c'est-à-dire que la dynamique Sarko résiste encore. C'est plutôt dans les territoires où la droite est diverse (et pas que "barrésienne" comme dans certains départements de l'Est) qu'elle s'est détournée de lui, ne parvenant plus à s'identifier à son style et son action.
Au final, 14% des électeurs de Sarko en 2007 ont voté à gauche en 2010.
6/ Le FN S'effondre dans beaucoup de ses bastions historiques, mais créé une vraie dynamique là où existe la marque "Le Pen"...
Le vote FN du Nord n'a rien à voir avec celui du Sud : en PACA, c'est le bon vieux vote classique de la droite nationale, en Nord Pas de Calais, c'est un vote de désespérance sociale, le FN faisant ses plus grands scores dans les anciennes forteresses communistes.
Au final, le FN confirme qu'il est le deuxième parti français à séduire les ouvriers, derrière le PS, et loin devant l'UMP.
7/ La dynamique électorale d'entre-deux tours s'est fait largement à l'avantage de la droite, malgré tout lorsqu'il y a confrontation directe entre une liste PS et UMP (pas de triangulaire), on tourne à 59/41 : jamais été aussi important.
Enfin, la seule catégorie qui a plus voté au second tour qu'au premier sont les plus de 60 ans (+11%), quant aux 18-35 ans, ils ont baissé (-3%) ces conos.
Idem pour les retraités (+10%), les commerçants (+5%), les chômeurs et les ouvriers (-4%)
Voilà, vous pouvez aller dormir
