RAI96 a écrit :Alors là Vieux Trafford tu m'avais habitué à plus de perspicacité.
La faute à qui?
Effectivement ce serait tellement simple, traître de politiciens tous en taule et tout ira bien...
Nous réclamons sans cesse plus de l'Etat, nous réclamons une éducation gratuite et de grande qualité, nous réclamons une médecine à la pointe du progrès en bien sur gratuite, nous voulons pouvoir être assuré contre les accidents de la vie, contre le chômage, contre les intempéries, nous voulons une France généreuse envers le monde entier, nous voulons DES MOYENS comme ils disent, des subventions, des minimas sociaux, des régimes particuliers, des arrêts maladies (pas toujours justifiés bien sur) assurés, etc etc...
Tout ça en travaillant le moins possible et en partant à la retraite le plus tôt possible dans une société qui vieillit sans cesse.
Etant à la bourre ces jours-ci, je vais me contenter de te faire une réponse rapide.
Tout ton raisonnement repose sur l’idée que le déficit budgétaire (et donc, une grosse partie de l’endettement de l’Etat) est dû au modèle social français (pour résumer tout ce que tu cites ci-dessus). Or, ce lien est loin d’être avéré pour une raison assez simple : l’Etat-Providence ne compte que pour une partie dans le budget. Il y a des pays (les
pays Scandinaves, par exemple) dont le modèle social est au moins aussi équivalent et efficace que celui de la France, mais qui sont en situation d’excédent budgétaire. Inversement, il y aussi des pays qui font peu de place à l’Etat-Providence (les USA, par exemple) qui sont souvent en situation de déficit budgétaire (moins en ce moment pour une raison précise sur laquelle je reviendrai). Enfin, je peux citer un pays comme
l’Allemagne qui est proche de bien de points de vue de la France. Après avoir été dans le rouge depuis la coûteuse réunification allemande, les allemands ont progressivement réduit leur déficit, et sont dorénavant dans le vert. Bref, c’est pas l’Etat-Providence qui peut justifier que la France connaisse un déficit budgétaire depuis
plus de 30 ans. Et, en critiquant le déficit budgétaire et la dette publique, je ne visais nullement l’Etat Providence. C’est nécessaire (tout en reconnaissant qu’il y a malheureusement des abus ci et là).
Par contre, et là, je cite
Jacques Marseille, assurément le meilleur historien de l’économie en France actuellement : « Ainsi, en 2004, l’impôt sur le revenu (53,4 milliards d’euros) ne sert pratiquement plus qu’à payer les intérêts de cette dette ( 45 milliards d’euros). » Les intérêts de la dette actuellement sont de l’ordre de 48-50 milliards d’euros et le déficit budgétaire de l’ordre de 40 milliards d’euros. C’est-à-dire que sans service de la dette, la France serait en situation d’excédent budgétaire et cela sans rien toucher à l’Etat Providence ! Au contraire, il y aurait 8-10 milliards (auxquels il faut ajouter le remboursement du capital, et non plus des intérêts de la dette) pour davantage de prestations sociales, etc. Sans compter que, comme l’explique Marseille encore dans son livre, l’Etat peut économiser plusieurs milliards d’euros sur ses dépenses hors prestations sociales.
RAI96 a écrit :Le coupable il est identifié, c'est toi, c'est moi, c'est nous tous... alors si ça t'arrange tu peux effectivement penser que c'est les politiciens qui sont coupables de ne pas avoir trouvé la baguette magique qui génère du pognon.
Allons bon ! Quelle baguette magique ? Que tu me dises que la France est endettée (1 200 milliards d’euros) et qu’il faut bien rembourser cette dette, qu’on est « coincé », je veux bien, mais pourquoi baguette magique ? Comme écrit dans les articles ci-dessus sur les pays Scandinaves et l’Allemagne, ils sont en excédent car ils connaissent une croissance élevée et donc des rentrées fiscales supplémentaires (c’est vrai aussi des USA qui sont en excédent SI on ne tient pas compte de leur aventure irakienne). Hors remboursement de la dette, ce qui fait défaut à la France aujourd’hui, c’est la croissance et encore une fois les rentrées fiscales qui vont avec. Il suffit de revoir le graphique de l’évolution du déficit pour voir que ce dernier a diminué quand il y a eu croissance élevée en France - sous le gouvernement Jospin, par exemple, le meilleur gouvernement de ces 25 dernières années à mes yeux. Et, il en suffit pas de clamer qu’on va « aller chercher le point de croissance qui manque » pour que celui-ci tombe du ciel, surtout avec une ministre de l’Economie classée
dernière en Europe Occidentale. Et pour terminer, contrairement à DSK, Jospin ou d’autres qui sont plus des
libéraux de gauche que des socialistes purs et durs, Sarkozy n’a rien de libéral comme certains l’écrivent certains : le libéralisme n’a jamais prôné le déficit budgétaire, l’endettement de l’Etat, les aides aux entreprises, le protectionnisme, les connivences entre hommes politiques et entrepreneurs : tout cela, c’est le contraire absolu du libéralisme. Ce que fait Sarkozy, ce n’est pas du libéralisme, mais du conservatisme de la plus pure (et pire) espèce.
RAI96 a écrit :C'est quand même incroyable cette aisance à se décharger de toute responsabilité sur le large dos de l'Etat et de ses représentants... 
5 minutes après :
RAI96 a écrit :Je pense qu'on est en droit de demander une certaine efficacité de l'Etat.
Il me semble qu'il est plus que temps de réformer l'Etat, si après on se rend compte qu'il faut réellement un peu plus de blé, on fera l'effort... mais pas dans le panier percé actuel.
Je ne pense pas que je dise autre chose que toi...