(09-05-2023, 15:48)EFC a écrit : [ -> ] (09-05-2023, 15:42)aqwarium a écrit : [ -> ]J'ai pas lu les nouvelles traduction.
Par contre, pour quelqu'un comme moi qui ait lu 4 fois les bouquins avant de voir les films, je te laisse imaginer ce que je pense du boulot de Peter Jackson.
Rien que de zapper Bombadil, qui est la clé d'entrée dans le coté faery de l'histoire, c'est une faute lourde.
J'imagine. Même si je serais moins sévère avec Jackson, puisque j'ai fait le chemin inverse du tien (film puis bouquins). Dans le livre, je trouve l'épisode Bombadil un peu déconnecté du récit, dans le sens où on ne le revoit pas ensuite, ni on n'explique ses "pouvoirs". Le choix de Jackson de zapper le retour dans la comté est un bon choix scénaristique selon moi. Par contre, j'ai eu du plaisir à suivre les ents ou le passage chez Galadriel, plus convaincants dans les bouquins que dans les films. Reste le souffle épique, admirablement bien rendus dans les films selon moi.
Difficile de faire court quand ça me tient autant à cœur,
The Lord of the Rings étant ma plus belle expérience de lecture (à 13 ans, les trois bouquins dévorés en moins d'un mois, avec dans les oreilles le plus souvent du Led Zep mais aussi quelques autres trucs sympas que j'écoute toujours de temps en temps). J'avais lu la trilogie quatre ou cinq fois avant la sortie des films et autant dire qu'il y a pas mal de points sur lesquels j'ai été très déçu, d'autant que Jackson se réclamait fan de l'œuvre et que j'aimais beaucoup ce qu'il avait fait jusque-là.
En vrac, Frodo (Elijah Wood) qui chiale ou est sur le point de chialer toutes les cinq minutes, les elfes totalement ratés à mon sens (notamment Galadriel, contemporaine de Feanor au Premier Âge, une des entités les plus puissantes et les plus sages de la Terre du Milieu au Troisième Âge, quasiment l'égale d'un des
Istari comme Gandalf ou Saruman). Lié à ça, le fait d'avoir donné à Arwen une importance démesurée, genre son intervention au Gué de Bruinen totalement inventée, dans le bouquin c'est Glorfindel qui mène les hobbits en sécurité. Le côté mesquin d'Elrond aussi, parfaitement ridicule et contraire au personnage que dépeignent les livres, vu que là encore, il est censé incarner la sagesse des elfes, fruit de plusieurs millénaires d'existence. Tom Bombadil et Goldberry éjectés du récit entièrement ça(ok, c'est peut-être déconnecté mais c'est un passage très important à pas mal d'égards). L'exagération assez inexplicable du rôle d'Eowyn, qui est important mais très loin de ce qu'on voit dans les films (cf. Arwen), et tout le côté "amour impossible" avec Aragorn, qui est à peine suggéré dans l'original mais qui prend une place ubuesque dans les films.
Bref, je m'arrête là (mais il y a un paquet d'autres exemples), mais les films sont truffés de déformations, voire d'inventions totales, qui pour moi n'ont pas de sens et n'avaient pas lieu d'être (sauf peut-être pour les producteurs du film souhaitant mieux "accrocher" le public d'aujourd'hui). Je veux bien qu'on dise "oui mais on ne pouvait pas tout inclure des bouquins", seulement quand tu ajoutes des choses qui n'y sont pas et qui prennent pas mal de place/de temps, c'est nettement moins convaincant.
Après, les films (pris indépendemment des bouquins) sont très beaux en eux-mêmes, et ce "souffle épique" que tu évoques, EFC, est effectivement très bien imprimé. Le souci du détail, jusqu'aux moindres cloutages des armures des Uruk-Haï par exemple, est vraiment impressionnant. Le monde est fabuleusement rendu. Les scènes de bataille sont superbes. Dommage que certains choix (à mon sens, en tout cas) aient été faits sans trop de considération pour l'œuvre originale. Les elfes ne sont pas juste des hommes (ou femmes) aux oreilles pointues. Les nains ne sont pas juste des bourrins farceurs. Saruman n'est pas juste un méchant magicien opportuniste qui se range du côté de Sauron. Gandalf, Saruman ou Sauron sont de la même essence, des
Maiar qui servaient les êtres suprêmes, les
Valar, lorsque le monde fut créé. Mais au lieu de contextualiser et d'expliquer (ce qui se fait très progressivement dans les livres), Jackson s'en tient à une espèce de manichéisme beaucoup plus simple à véhiculer ; Gandalf est un vieux mage plein de sagesse mais sans vraiment plus (jusqu'à sa réapparition en tant que Gandalf le Blanc, très mal expliquée dans les films), Saruman est un mage maléfique et cupide (encore une fois, une perspective extrêmement réductrice du personnage), Sauron est une espèce d'entité maléfique suprême. Rien n'est expliqué correctement et l'excuse du "il n'y avait pas le temps" ne tient pas pour moi, au vu des longueurs accordées à des épisodes sans grande importance, voire carrément inventés.