En cette fin de saison, c'est l'heure des bilans, en forme de coup de chapeau pour nos filles

(bon, pour les messieurs, on n'en dira pas plus ...) (
lequipe.fr via yahoo! sports)
Tennis - Bilan de la saison des femmes (1) - «UNE Annee Exceptionnelle»
lun 12 déc, 13h01
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«Une saison extrêmement marquante»
«Georges Goven, quel bilan tirez-vous de la saison des Françaises ? C'est une saison extrêmement marquante avec deux joueuses, troisième et cinquième mondiales. Sur l'ensemble de l'année,
Amélie Mauresmo et
Mary Pierce ont joué à un niveau extrêmement élevé. Les joueuses ont été présentes dans tous les Grands Chelem avec des demi-finales, des finales, des victoires et des finales en doubles. C'est une année exceptionnelle. Quand on arrive dans un tournoi en tant que responsable du tennis féminin français ou capitaine de Fed Cup, on est fier. Et pourtant ces performances apparaissent "normales" ? On n'imagine pas notre chance. On est mal habitué. Aujourd'hui, on attend de ces filles qu'elles gagnent presque tout le temps, c'est un peu comme Lyon en foot, les gens deviennent blasés. Je dis l'inverse, on a beaucoup de chance d'avoir des filles qui jouent régulièrement à ce niveau-là, Mary depuis Roland-Garros et Amélie depuis quelques années. Amélie est pratiquement au même niveau que celui qu'elle avait au début de l'année avec le point d'orgue du Masters qui clôture une saison avec quatre victoires en tournois. Et la finaliste de ce même Masters a perdu très peu de matches depuis le mois de juillet avec une progression assez exceptionnelle à partir du moment où tout s'est mis en place, le physique, le mental, la confiance. Comment expliquez-vous la résurrection de Mary Pierce ? Je crois que le tennis de Mary est là depuis longtemps, c'est un tennis très performant quand elle joue bien. L'étincelle se situe sur le plan physique qui lui amène une confiance supplémentaire. Cela lui permet de faire plus de choses dans les matches parce qu'elle n'est pas limitée par la durée du match. Elle sait maintenant qu'elle peut tenir des matches longs et dans son positionnement, il y a des choses qu'elle n'a plus besoin de faire, notamment sur le plan des anticipations. Avant elle anticipait parce qu'elle n'était pas sûre de pouvoir courir. Cet ensemble de choses concourt à la rendre plus forte mentalement et plus confiante. La défaite au premier tour de l'Open d'Australie a-t-elle été un déclic ? Non, sa défaite contre Stéphanie Cohen-Aloro est une péripétie dans sa préparation. Même si ça l'a touchée, sa force a été de ne pas s'attarder sur cette défaite et ne pas remettre en cause ce qu'elle faisait. Cet échec dans un Grand Chelem n'a entamé ni sa détermination ni sa volonté à continuer de travailler pour aller vers ce qu'elle cherchait. Là, elle a été très forte, très pro et très motivée.
Le Masters comme symbole
L'émulation joue-t-elle entre
Amélie Mauresmo et
Mary Pierce ? Elles ont chacune leur plan de marche mais en parallèle ce que fait l'une va aider bien sûr l'autre. De plus, elles sont amies et ont beaucoup de respect l'une pour l'autre, il y a forcément une émulation. Cela profite aussi certainement à
Nathalie Dechy qui est un peu derrière, mais elle peut se dire "ce que font les filles est fabuleux, il faut que je m'accroche, il faut que j'essaie de les rejoindre, rester au contact". C'est aussi un bon signal pour les autres comme
Tatiana Golovin qui a vécu une année de digestion après sa fantastique progression de la 350e place à la 20e. Toutes les joueuses vivent souvent ensemble dans l'année, elles échangent, elles se fréquentent. Cela leur montre bien le travail nécessaire notamment sur le plan de la préparation physique. Cela paie, elles peuvent donc s'en inspirer et se dire "on est dans le droit chemin". La finale du Masters avait une valeur particulièrement symbolique... C'était très fort de trouver deux joueuses françaises avec des registres différents faire une finale pleine, du début à la fin avec un engagement physique et une attitude qui m'ont presque ému. C'est le symbole de ce qu'on note toute l'année, ce qu'on échange. On discute avec les filles et on leur dit : "Jouez votre tennis. Dans votre raquette, vous faites plein de choses, osez, faites-le et ajoutez à cela une dimension physique où vous ne lâchez rien, vous montrez à vos adversaires que vous êtes fortes physiquement et mentalement et il faudra que la fille vous marche dessus si elle veut gagner". Ce message, je le décline aux petites. Il y a une dizaine d'années, les joueuses françaises n'étaient pas très physiques. Aujourd'hui, elles sont très affûtées... Elles sont parmi les plus affûtées. Une fille comme Tauziat jouait simple et double et elle était rarement blessée. Le tennis devient de plus en plus dur et de plus en plus physique, mais quand on voit la silhouette de nos joueuses sur le terrain, la manière dont elles encaissent des matches très durs, comment elles se déplacent, elles sont "fit". Cette année très pleine et riche s'explique par le travail physique effectué et le professionnalisme des joueuses. Nos trois meilleures joueuses n'ont pas été blessées sauf la période de Fed Cup en Autriche pour Amélie. Cela nous renforce dans nos certitudes et par rapport au travail physique. On est de plus en plus sûrs de nous par rapport à tout ce qu'on a expérimenté et mis en place.
ET LES JEUNES APPARAISSENT
Si les aînées sont au sommet, où sont les jeunes joueuses ? La relève est-elle assurée ? Georges Goven se montre plutôt optimiste sur l'avenir du tennis féminin français, mais il faut laisser le temps au temps... «On avait très peu de jeunes joueuses qui pointaient leur nez entre la 100e et la 200e place. Là, on commence à avoir Johansson, Rezaï, Parmentier, Fedossova. Cela prend du temps, cela n'est pas aussi violent ou rapide que les joueuses russes qui explosent plus vite que nous, mais ça va. On a neuf filles dans le Top 100, on en a 6 entre 100 et 200. C'est plutôt plus qu'il y a deux ans en terme de noyau qui peut évoluer dans le Top 100, le Top 50 et peut-être mieux. On a aussi la petite Alizé Cornet qui arrive.
LA VALEUR DE L'EXEMPLE
Et la valeur d'exemplarité est prônée au sein de la formation de ces jeunes joueuses. Georges Goven explique le travail de fond : «Ce n'est pas toujours visible, mais le travail se fait. Les plus jeunes voient ce qui se passe en haut, cela leur donne des images très fortes. On les met vraiment sur une espèce de rail, elles les voient s'entraîner, c'est palpable, elles ne sont pas dans l'inconnu en se disant "qu'est-ce que le haut niveau, comment elles s'entraînent", elles voient, elles le vivent presque au quotidien.
Le responsable du haut niveau féminin de la FFT s'appuie sur la présence des championnes au Centre national d'entraînement à Roland-Garros : «Mary est là jusqu'au départ en Australie, Amélie est présente également. Les petites regardent, elles les voient dans la salle, elles font souvent le même type d'exercice, c'est fort. Elles ont la chance sinon de s'identifier (ce n'est pas le but) mais au moins de profiter de ce que font les grandes. Elles peuvent même discuter avec elles, parce qu'on a l'occasion d'échanger. Mary n'est pas avare de conseils, d'échanger, de dire :"Tiens, c'est qui cette petite ?" Cela doit vraiment aider les filles qui sont au CNE à progresser plus vite. Puis on a aussi des jeunes joueuses qui s'entraînent à l'extérieur comme Rezaï, Johansson, Fedossova, Cornet, Huck.
UN TRAVAIL DE FOND
Contrairement aux joueuses des pays de l'Est, les Françaises mettent plus de temps pour exploser en pleine lumière et atteindre le sommet de la hiérarchie. Georges Goven explique les raisons de ce retard relatif : «Elles sont loin pour l'instant, mais n'oublions pas que si on prend l'historique du tennis français, on a très peu de joueuses qui sont devenues très fortes, très jeunes. On a une maturation très lente. Halard, Tauziat, Testud ont mis du temps. Je crois que notre système de formation, notre système scolaire, la mentalité des parents français et de nos jeunes ne concourent pas à ce qu'on ait des jeunes qui explosent très tôt. Pour que les jeunes explosent très tôt, il faut une mentalité différente de la mentalité actuelle française ou alors il faut bousculer cette mentalité, la faire évoluer ou avoir des parents qui sont prêts à s'engager comme font des parents étrangers. Pour ces derniers, c'est d'un seul coup, un choix de vie. C'est une décision familiale importante ou la joueuse ou le joueur va quasiment devenir le moyen familial de réussite. Les parents français ne se mettent pas dans ce système et dans ce cadre. A partir de là, on ne peut pas attendre la même progression parce qu'on demande à nos petites d'étudier, d'avoir des résultats scolaires et tout cela ne va pas avec une professionnalisation très précoce. En revanche, nos joueuses ont évidemment une carrière plus longue. L'explication est logique. Si dès l'âge de 9-10 ans, vous faites 4-5 heures de tennis et de physique par jour, à 22 ans, vous êtes un peu plus "cramée" que si vous avez commencé à 16 ou 17 ans et quelquefois 18 ans. Il faut faire évoluer cela parce qu'on a du retard, mais pour l'instant vivons avec et continuons à évoluer avec car cela ne nous réussit pas trop mal.