(28-01-2013, 01:34)Jeroemba a écrit : [ -> ]C'est très con ce que tu dis, car "l'industrie", c'est aussi une multitude de petits artisans: il y a certes des majors (de moins en moins) mais aussi des petits labels indépendants qui ne vivent que de la vente du disque.
Par ailleurs, mettre en avant un prix anciennement trop élevé pour justifier la pratique actuelle, comment dire...
Je serais producteur, je ferais un gros bras d'honneur et enverrai tout le monde se faire voir. Le mythe de la gratuité. Lol. Tu travailles gratos toi?
Y a deux problèmes par rapport à l'industrie du disque.
Premièrement, le support.
C'est la même discussion que pour Virgin. Le monde évolue. Le CD, plus personne ne l'utilise car c'est obsolète. Tu t'entêtes à vouloir vendre du disque, alors que plus personne n'achète / ne possède de chaine Hifi ou de poste CD. Que tout passe par USB. Bah tu te plantes.
Puisque tu fais référence à moi, si demain je devais bosser avec du matos d'un autre âge, refiler les contenus vidéos sur cassette par exemple, je serai au chomage technique. Personne ne me ferait bosser.
L'industrie du disque, elle n'a pas su anticiper les changements, et c'est par fierté qu'elle s'est toute seule mise dans la bouse. C'est aussi ce qui touche la presse par ailleurs. Pour des raisons différentes. Les journalistes qui ont surévalué l'intérêt et la noblesse du papier, sousévalué l'intérêt et l'usage d'internet, et qui s'aperçoivent aujourd'hui de leur erreur. Le CD, c'est la même chose. Sauf qu'il y a une idée de vache à lait derrière. Les majors ont refusé de changer leur mode de diffusion car elles gagnaient trop bien avec le CD.
Deuxièmement, il y a le problème du prix. Tu me demandes si je travaille gratuitement, bien sûr que non. Mais je travaille pour un juste prix. En accord avec mes clients. La musique, au même titre que le cinéma d'ailleurs, a voulu être gagnant sur tous les tableaux. Et tant qu'il n'y a eu aucun réseau alternatif, ces deux industries s'en sont mis plein les fouilles.
Je suis partisan de l'idée que, si un réseau alternatif se développe, et qu'il se généralise et devient le réseau principal, c'est que l'ancien réseau était mauvais.
Si le téléchargement s'est généralisé aussi vite, c'est que la demande était forte. Et si la demande était forte, c'est aussi parce que l'abus était fort.
Parce qu'aujourd'hui, télécharger ça nous semble facile. Mais ça n'a pas toujours été le cas. Il y a quelques années encore, il fallait 24h non stop pour charger un film. Et des heures pour charger un album. Mais les "pirates" ont insisté. Ils ont préféré faire tourner leur machine pendant des heures pour les "leechers", et cherché des solutions pour faciliter le téléchargement pour les hackers.
Si, à ce moment là, les majors avaient ouvert les yeux en se disant "Internet, y a danger. Avant d'habituer les gens à la gratuité, nous devons réagir en proposant une solution économiquement juste et techniquement adaptée au mode de consommation", alors sans doute que le téléchargement illégal ne se serait pas autant développé et que les consommateurs accepteraient de payer un prix équitable.
Sauf qu'on a insisté. Donc le réseau illégal s'est développé. Et aujourd'hui les Majors voudraient rétro-pédaler ? Il est trop tard. Et j'ai du mal à les plaindre.
D'autant plus qu'on nous a avancé pendant des années que cette pratique allait tuer la musique. Or, elle se porte de mieux en mieux j'ai l'impression, avec de plus en plus de style en tout genre et d'artistes divers. Et ces gens là, il me semble, vivent bien de leur art !
Bref, les consommateurs font une bonne affaire puisqu'ils payent bien moins pour avoir toujours autant voire plus de musique. Les artistes continuent à en vivre, font de plus en plus de scène, sont de plus en plus diversifié, touchent de plus en plus un large public avec le net. Et les Majors, elles, pleurent. Ce sont les grandes perdantes. En même temps, ce sont elles qui se sont gavées sur le dos des deux premiers pendant des dizaines d'années.