27ième édition de la Coupe dAfrique des Nations Angola 2010.
Dans quelques jours toute lAfrique aura les yeux tournés en direction de lAngola. Mais avant dêtre pendant un mois la capitale du football continental, lAngola cest celui dune croissance économique époustouflante ; avec une croissance à deux chiffres de lordre de 15% en 2008, qui sur ces trois dernières années a investit plus de 40 milliards de dollars dargent public, provenant essentiellement de ses ressources pétrolifères, pour financer la construction dinfrastructures, déquipements, décoles etc.. Cest cette politique de développement initiée et financée par lEtat - nen déplaise aux partisans du modèle privée et « artisanal » de léconomie des pays africains - qui attire tous les flux dinvestisseurs étrangers dans ce pays actuellement, dont notamment les chinois et les américains, dailleurs Sarkozy ne sest pas trompé, et est allé plaider, récemment, la cause des multinationales françaises TOTAL et AREVA auprès de « Zedu ».
LAngola est aussi en passe de devenir le premier pays exportateur de pétrole en Afrique, en contestant la première place au géant continental de lAfrique de louest, le Nigéria. Pour cela toujours la même stratégie se servir de ses ressources pour financer le développement de ce secteur avec un financement de lEtat à hauteur de 50 milliards de dollars sur une échéance de 5 ans, cette ambition vient dêtre confortée puisque la dernière réunion des membres de lOPEP sest tenue le 22 décembre 2009 à Luanda.
LAngola cest également une souveraineté monétaire, le Kwanza, que lui envient les pays de la zone UEMOA et CEMAC, un habile levier, intéressant, et très utile pour soutenir la politique de développement actuelle.
Bien sur tout nest pas rose dans ce pays, la reconstruction du pays après 27 ans de guerre civile tarde dans certaines zones du pays, notamment dans lenclave de Cabinda. Qui même si elle a bénéficié des travaux dinfrastructures entrepris pour la CAN, le développement reste en deçà de ce qui se fait dans le reste du pays dont notamment dans les provinces de Luanda et de Benguela. Par ailleurs, les programmes sociaux ont été mis au second rang, de lagenda, des politiques publiques ce qui à mon sens est une erreur après les marasmes de la longue crise que ce pays a connu et qui a pris fin en 2002, avec son lot dhorreurs et de stigmates dont le déplacement des populations, ce qui fait que le niveau de vie de la majeure partie de la population tarde a augmenté malgré les politiques publiques ambitieuses entreprises à partir des retombées des mannes du pétrole, mais faut, sans doute, tenir compte du phénomène de latence avant de voir les effets et les bienfaits de ces politiques rejaillir sur la population, qui pour linstant constate amèrement la hausse et la cherté de la vie.
Maintenant revenons en à la compétition, bon cette fois-ci pas de tour dhorizon des forces et faiblesses en place pour cette édition, je vous laisse aux bons soins de Gérard DREYFUS. Jai envie de faire un focus sur un homme pour vous présenter cette compétition, il sagit de Monsieur SHEHATA, lentraineur des Pharaons égyptiens.
En Afrique il subsiste un sentiment dinfériorité ; tout ce qui se fait ailleurs est toujours meilleur. Cette idée même les dirigeants de la CAF, avec le grand manitou HAYATOU à sa tête, la partage sinon comment expliquer la création de la CHAN, la distinction entre le meilleur joueur Africain - dont les nominations sont exclusivement réservées aux seuls expatriés évoluant en Europe, et le meilleur joueur Africain - évoluant sur le continent. On trouve même cette aberration dans les sélections, les entraineurs préférant appeler un joueur évoluant en CFA quun « local » - appellation dont on affuble les joueurs évoluant en Afrique, appelé en sélection. Et le plus drôle dans tout ça, cest la terminologie employée pour faire la distinction dans les sélections africaines : « locaux » et « pros ». On en oublierait presque que lacronyme CFA signifie championnat de France Amateur.
Ce principe est utilisé dans tous les domaines en Afrique. Le très couteux assistant technique ou expert étranger qui sillonne le continent -avec son copier/coller de remèdes et solutions très souvent déficient, inefficace et inadapté, et sous-qualifié en comparaison à lexpertise locale sera toujours préféré.
Dans le football, il sagit même dun dogme, que lon sacralise au niveau de lencadrement. Une sélection africaine qui se respecte se doit davoir un entraineur expatrié à sa tête, et le profil est souvent le même : on oscille entre lillustre inconnu ou le looser en rupture de banc, qui vient de se faire mettre à la porte avec perte et fracas dun club de second zone européen. Et à ces derniers on ne refuse rien ; un salaire digne dun premier ministre et des moyens importants à sa disposition pour la préparation, en cas déchec il yaura bien un intérimaire local trop heureux de reprendre la suite jusquau retour des beaux jours avant dêtre prier de se retirer au profit dun entraineur qui apporte son expérience du haut niveau
La Côte dIvoire et le Nigeria étant les pays africains qui ont eu le plus souvent recours à cette pratique depuis le soleil des indépendances, et pour la première nation cest cocasse si on sait que son seul trophée continental, glané en 92 au Sénégal la été sous la houlette dun technicien local, Yeo Martial, et dernier point sur les 26 éditions le score est de parité entre entraineurs locaux et expatriés. Dans cette 27ième édition on retrouve encore ce phénomène avec 10 sélectionneurs européens sur 16. Et tous ont un seul objectif empêcher M. SHEHATA de rejoindre, définitivement, au "Hall of Fame" du football africain un autre grand Monsieur du continent le ghanéen Charles Kumi Gyamfi et ses trois succès dans cette compétition à la tête des Black Stars.
SHEHATA a déjà égalé un des records de Mr. C.K. [Cee Kay] celui davoir conservé son trophée dune édition à une autre, 2006/2008 pour le premier et 1963/1965 pour C.K.
SHEHATA comme C.K. furent deux grands joueurs ; C.K. fait parti des joueurs de légendes des Black Stars avant de devenir lemblématique coach des Black Stars pour info toutes les victoires du Ghana en CAN(4) lont été avec un entraineur local, dont la dernière en 1982 avec C.K., de retour aux affaires à la demande de Rawlings, lançant dans le bain le jeune prodige Abedi « Pelé » Ayew , alors que SHEHATA, cest la légende du Zamalek, le grand club du Caire.
Lorsquil fut bombardé à la tête de la sélection, en cours de route en 2005, pour assurer lintérim après la défaite des Pharaons, entrainé par Marco Tardelli, face au libyens dans les éliminatoires de la coupe du monde 2006, dans une poule où se trouvait le Cameroun et la Côte dIvoire, SHEHATA ne réussi pas le miracle sur la phase retour, laffaire était déjà mal embarquée. Mais il imprima, très vite, à cette équipe sa marque à savoir celle dune expression collective avec un milieu très fourni, technique dont les symboles sont Ahmed Hassan et Abou Trika. Les dirigeants de la fédération égyptienne, faute davoir trouvé un expatrié prestigieux à mettre à la tête des pharaons pour la CAN à la maison, prolongèrent sa mission, une décision qui se trouva être la bonne, puisque le succès - dun 5ième titre record de la compétition, fut au rendez-vous. Rappelant, également, de manière ironique, aux dirigeants, que le dernier titre des pharaons en 1998 au Faso lavait été avec un brillant entraineur local, le célèbre, Mahmoud Al Gohary, qui a la particularité dêtre le seul, à ce jour, à avoir gagné la CAN aussi bien en tant que joueur (1959) que coach.
Avant le début de la compétition en 2006, il avait tranché dans le vif en ne faisant pas appel au capricieux Mohamed Zidan, puis ensuite, lors de la compétition, il avait écarté Mido pour la finale après la prise de bec, publique, que le joueur provoqua mécontent de son remplacement en demi-finale face aux sénégalais, mais le joueur entrant, un certain Amr Zaki (le cauchemar de Kolo et Méité) se fit remarquer en marquant le but de la victoire.
Bis repetita placent en 2008, cette fois-ci la victoire des pharaons - 6ième victoire dans une CAN, record de la compétition- fut nette et sans bavure humiliant au passage les favoris attendus, le Cameroun dentrée (4-2) et logre Eléphants, et son titre officieux de meilleur équipe africaine quon lui colle et que personne ne lui dispute, en tout cas pas les Egyptiens qui vont en faire une bouchée (4-1) avec ce diable dAmr Zaki. Toujours les mêmes recettes, le collectif avant tout, une ossature de joueurs évoluant en Egypte, Hossam Ghaly, connu le même sort que Zidan.
Bien sur cette équipe égyptienne, na pas les faveurs des médias, du fait de son absence à une coupe du monde depuis lédition 1990, un des seuls échecs de SHEHATA, que ses joueurs pour la plupart font carrière au pays, conséquence davoir un des championnats les plus professionnels du continent donc pas de nécessité de quitter son pays.
Quoi quil en soit les Pharaons restent les premiers favoris à leur propre succession, même diminués absence de Mostafa, Zaki, Abou Trika (et sans la nouvelle perle du football égyptien que tout le pays réclamé Ahmed SHOUKRI), car il possède avec le rusé SHEHATA un atout majeur, supplémentaire, pour faire déjouer les pronostics comme lors des deux dernières éditions. Par ailleurs, il vient de se voir prolonger son bail de deux ans, par sa fédération, après avoir refusé la démission quil présenta suite à la défaite à Omdurman face aux fennecs.