Après avoir navigué seul en Inde et en Amérique du Sud, ma moitié et moi-même nous sommes dirigés cet été vers des contrées ensablées et ensoleillées.
Le programme était simple : Rallier Dakar à Zinder, à la frontière Niger/Tchad, soit un périple d'environ 5000 kilomètres en 5 semaines, avec un seul sac à dos et absolument rien de prévu ou de réservé, en n'utilisant que les transports en commun.
Après quelques jours passés dans la région de Dakar pour acclimatation et quelques rencontres magiques ...
Nous avons rallié Bamako en 52 heures de bus pour notre plus grand plaisir rétinien et notre plus grand malheur abdo-fessier. Que du bonheur, dont un racket en règle, et une nuit sur un pèse-camion de la frontière ... Mais même sur un pèse-camion, des regards nous ont traversé ...
Bamako est magique. Réellement, ça vibre, ça fourmille, ça vit. Un petit détour dans une salle de concert avec le légendaire Super Rail Band plus tard, nous refaisons nos sac à dos, direction Mopti, au centre du Mali, point de départ pour le pays Dogon et Tombouctou.
L'arrivée à Mopti est tendue. Hôtel français, touristes français, pollution française, dédain français. Mon dieu, que nous sommes des gros cons hors de nos frontières ... Heureusement, en s'éloignant des cartes du Routard, on fait des découvertes superbes ...
Après quelques tracas administratifs, Tombouctou est abandonné. Ils en ont fait une ville pour gros budget, ce que nous ne sommes pas. Impossible de rallier par la route, 4X4 exclusivement, et c'est hors de question. En outre, une sévère épidémie de Choléra sévissait là-bas ... Déception, Tombouctou me faisait rêvé depuis les carnets de René Caillé ... On reprend le bardas, et on enchaine vers le pays Dogon.
Que dire ... Belle claque dans mon faciès. Le bonheur est simple en fait, pas besoin d'Iphone ou d'illimité SFR ... Ni eau courante, ni électricité, un dialecte différent par village, toutes les religions se cotoyant sans problème, et l'UNESCO qui veille à ce que les touristes ne puissent pas venir pourrir l'endroit. C'est préservé et séculaire. De l'air frais dans mon esprit.
De retour à Mopti, on se laisse aller sur le fleuve Niger, imperturbable et majestueux ...
Et quelques moments magiques se sont offerts à nous ...
C'est le moment de reprendre la route, et de suivre notre chemin comme l'homme de cette photo, en route pour Gao. On avait contacté le Ministère des Affaires Etrangères auparavant. Zone déconseillée fortement, aucune aide de la France en cas de problème. Les résistants Touareg et les factions d'Al-Quaïda occupent le terrain et nous sommes obligés de passer par là, sans visa pour le Burkina. On sert les fesses, un militaire esseulé à l'avant du bus. Arrivés à Gao, surprise des habitants, qui n'avaient pas vu de "touristes" depuis plusieurs mois. Du coup, accueillis comme des nababs, on a pu rencontrer énormément de personnes, et c'était forcément intéressant.
![[Image: DSC06502.JPG]](http://lh6.ggpht.com/_zgu8SjFzibU/SsJkiNzz3pI/AAAAAAAAIwM/is-7VGsb388/s288/DSC06502.JPG)
On se reprépare à serrer les fesses à nouveau pour rejoindre le Niger à travers un No Man's Land de plusieurs dizaines de kilomètres. C'était tendu, la tension palpable, plus de militaire avec nous pour la jonction Mali/Niger et pas mal de prières ont égrenné le trajet. Arrivés à la frontière, deux AK-47 (C'est plus impressionnant qu'à la télévision, je vous jure) nous attendent. Directement dans le bureau du Colonel, on nous demande ce qu'on vient faire au Niger, et de prouver nos professions (à savoir bibliothécaire & orthophoniste). Impossible à prouver. Tension. Il sait qu'on sait qu'il veut de l'argent. On sait qu'il sait qu'on ne lui en donnera pas. Les soldats nous pointent, on reste calme. Après 45 minutes de tête à tête, ils tamponnent nos visas, toujours persuadés que nous sommes des "journalistes". En effet, un référendum important a eu lieu le 4 août, soit 2 jours après notre arrivée, et cette démocratie dictatoriale ne veut pas de bruit à l'international. On remonte dans le bus, direction Niamey ...
![[Image: DSC06618.JPG]](http://lh5.ggpht.com/_zgu8SjFzibU/SsJkptBMK6I/AAAAAAAAIwk/30fAQXRP6oM/s288/DSC06618.JPG)
Le niger c'est beau comme une femme nigérienne, c'est aussi irréel que le quotidien est cru. Officiellement, pays le plus pauvre du monde, le Niger possède gaz, pétrole, or, uranium. Le tout bradé à nous-autres. La honte m'a rougit le visage plus que le soleil. On quitte Niamey pour un nouveau trajet de 1000 kilomètres, direction, Zinder à l'extrême-Est du pays, en longeant le Nigéria (dévasté par les rebellions et surtout par les représailles de l'armée) et juste à côté du Tchad.
De la terre, du sable et du soleil. Et des gens au milieu de tout ça, parfaitement intégrés à leur environnement. C'est beau comme un coucher d'astre sur le désert. Ce désert nous fait un clin d'oeil, nous décidons de partir pour le nord du Niger, vers Agadès, direction Tanout.
A partir de là, et malgré notre traitement préventif, nous avons tous les deux attrapé un beau palu' qui nous a bien couché. Après quelques péripéties supplémentaires, retour à Niamey, puis vol problématique vers le Maroc, échauffourée avec la sûreté nationale marocaine à Casablanca, et retour au foyer.
Heureux et fatigués, l'Afrique a gagné
