CPE: les syndicats et l'opposition appellent Jacques Chirac à ne pas promulguer la loi
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AP | 30.03.06 | 21:48
PARIS (AP) -- Rarement syndicats et opposition auront montré une telle unanimité: prenant acte de la décision du Conseil constitutionnel, tous ont appelé jeudi soir Jacques Chirac à ne pas promulguer la loi sur le CPE et balayé l'hypothèse d'un "Grenelle social", beaucoup mettant en garde contre la colère de la rue dans le cas contraire.
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a exclu jeudi soir de se rendre à un "Grenelle social" si le contrat première embauche n'est pas suspendu au préalable. "On se rendra à une négociation à condition que le président de la République demande un deuxième débat à l'Assemblée sur cette partie du CPE -donc c'est une suspension de fait du CPE- et que ce soit la négociation qui soit reprise ensuite dans la loi", a-t-il dit quelques heures après la décision du Conseil de valider sans réserves la loi sur l'Egalité des chances.
Le président doit maintenant "renvoyer la loi devant le Parlement ou l'abroger", pour le secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri. "Promulguer la loi dans la foulée de la décision du Conseil constitutionnel serait pris comme une véritable provocation. Ce serait un contresens gigantesque qui nous enliserait dans la crise", a-t-il mis en garde.
Dans un communiqué, la CFE-CGC a également appelé "solennellement" le chef de l'Etat à recourir au pouvoir que lui donne l'article 10 de la Constitution et à soumettre ainsi "au parlement une nouvelle délibération de la loi sur l'Egalité des chances". Dans le cas contraire, "il ne resterait plus, effectivement, que l'expression de la rue".
"S'il propose un Grenelle social après avoir promulgué la loi, on pourra dire qu'il répond à une question qui ne lui a pas été posée sans répondre auparavant à celle qui lui a été posée", a noté le secrétaire général de la CFTC Jacky Dintinger.
Même fermeté du côté des étudiants: le président de l'UNEF Bruno Julliard a prévenu Jacques Chirac que promulguer serait "une attitude irresponsable". "Nous poursuivrons la mobilisation jusqu'au retrait du CPE", a-t-il dit, en appelant l'Elysée à "entendre l'exaspération montante dans le pays".
"On contestera une promulgation de la loi par le président de la République", a aussi averti le président de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) Tristan Rouquier.
L'opposition est également montée au créneau. "Le Grenelle social ne serait qu'un leurre, qu'une manoeuvre, puisqu'en définitive il serait discuté d'une mesure qui s'appliquerait déjà", a estimé le Premier secrétaire du PS François Hollande qui a demandé "solennellement" au président de la République de ne pas promulguer le CPE.
La secrétaire nationale du Parti communiste Marie-George Buffet a demandé à Jacques Chirac de "mesurer sa responsabilité": "on ne gouverne pas contre le peuple", a-t-elle souligné dans un communiqué.
Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire Olivier Besancenot, lui, ne se faisait pas d'illusion sur une promulgation de la loi: la décision du Conseil constitutionnel est une "déclaration de guerre à la jeunesse et aux salariés" et "Jacques Chirac et le gouvernement Villepin ont choisi l'épreuve de force". La LCR appelle donc "à renforcer et à étendre chaque jour la mobilisation", en réclamant une "grève générale" le 4 avril: "paralysons 'sans réserve' le pays".
Si le président Jacques Chirac promulgue, "ce n'est pas seulement la fin du pouvoir chiraquien qui est programmée, c'est au bout de l'épreuve de force la chute d'un régime aveugle et autoritaire", a asséné de son côté le député socialiste de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg.
Alors que le président de l'UMP Nicolas Sarkozy préférait conserver un silence prudent jeudi soir, le ministre de l'Education Gilles de Robien était bien seul jeudi soir à demander qu'on "respecte" l'avis du Conseil constitutionnel et la décision de Jacques Chirac: "c'est l'affaire du président de la République" qui "prendra la décision conforme à l'intérêt général". Quant à un "Grenelle social", "l'essentiel, c'est qu'on reprenne le dialogue". AP
J'ai pas réussi à remettre la main sur la Une de France Soir de ce vendredi qui déclare tout bonnement: "Prêt pour la baston!!"