Voici quelques extraits du Révolution Orange n°114, fanzine des SW :
CA SE PASSE COMME CA A L'OLYMPIQUE DE MAGUELONE
« Marseille, la loi des seconds couteaux », tel était le titre bien pompeux d’un article paru dans Le Nouvel Obs et dans lequel Christophe Bouchet, alors journaliste spécialisé dans l’automobile, crachait toute sa haine des supporters marseillais accusés de tous les maux du club. C’était en mai 1999. Plus de cinq années plus tard, la rengaine est toujours la même. Sauf qu’entre temps Bouchet est passé par la case OM. Arrivé en avril 2002, il est parti, ou plutôt s’est fait viré pour le plus grand soulagement de tout le monde. Et s’il est parti, c’est grâce aux supporters parisiens : « je n’avais pas envie de vivre ce que j’ai vécu depuis l’attaque du bus à Paris. » Comme quoi… La faute aussi à « des esprits malins qui voudraient faire de putschs en permanence ». Et puis il devait aussi « se protéger et protéger les siens de tout ce qui a été dit », oubliant de préciser qu’il a lui-même placé ses proches en première ligne. Son salaire de 90.000 euros mensuels (soit 20 fois plus que ce qu’il gagnait avant) et le Porshe Cayenne payé par le club (journaliste, il devait les essayer, maintenant il peut les acheter ) ne lui suffisaient pas, alors il a placé sa femme à la tête de la télé du club pour un salaire de 15.000 euros par mois. Pas étonnant que le site internet du club ait mis du temps à relayer la démission de Bouchet.
Pas un mot par contre sur son double discours incessant et sur ses multiples provocations faites aux supporters. Comment appeler autrement le discours tenu tout au long de l’inter-saison ? Malgré les belles promesses (« Flamini et Drogba sont les piliers de la future équipe olympienne »), les meilleurs joueurs sont partis (Flamini, Mériem et surtout Drogba) et ont été remplacés par des joueurs qui n’avaient de ronflant que le nom (Pedretti, Lizarazu, Luyindula) ou carrément indésirables (Fiorèse, la « cerise parisienne »). L’équipe 2004-2005 était en place ; seul problème, elle ne fait rêver personne.
Mais qu’importe, Bouchet s’occupait déjà des tribunes en annonçant une hausse du prix des abonnements pour la saison prochaine (deux ans seulement après la dernière augmentation). Ceci après avoir mis en place un système de carte à puce visant à obtenir le listing des supporters assimilés à de vulgaires clients. Si l’OM n’a pas obtenu de titres sous la présidence de Bouchet, il a fait le plein de nouveaux clients grâce au lancement d’une ligne téléphonique surtaxée, l’adoption d’un nouveau logo malgré l’opposition des supporters et le lancement d’un troisième maillot jaune et noir, bien loin des couleurs olympiennes. Tout cela ne suffisait pas au bonheur de Bouchet, il lui fallait aussi s’attaquer aux supporters qui osent se faire entendre et animer un Vélodrome qu’il aurait voulu beaucoup plus calme. Pas étonnant donc que Bouchet déclare qu’il ne faille pas « confondre les dirigeants des groupes de supporters d’une part et les supporters de l’OM d’autre part. Ce sont deux populations assez différentes. Les responsables de groupes poursuivent parfois des buts assez éloignés du soutien à leur équipe. Je ne prends pas cela personnellement puisqu’ils sont historiquement dans un processus de déstabilisation quasi-permanente de l’équipe dirigeante. » Il avait tellement bien compris la situation qu’il proposait à ces mêmes groupes de supporters d’installer des publicités à la place des bâches dans les Virages. Encore plus fort, il avait pris l’initiative d’annoncer et d’organiser un grand tifo publicitaire sur tout le stade, animation qui n’aura finalement pas lieu… Au lieu d’essayer de bâtir un projet sportif, oubliant que l’OM était tout simplement un club de foot, Bouchet a cru pouvoir imposer sa vision d’un OM simple marque dont l’objectif est faire des bénéfices. Dommage, il fallait gagner des titres ! Bouchet - qui a réussi l’exploit de réunir tous les groupes de supporters contre lui, mais aussi les spectateurs, la presse, Gaudin et Dreyfus contre lui – s’est fait viré. Il est parti « pour mener une politique de stabilité et de continuité », n’ayant pas peur du ridicule jusqu’à la fin. Parti, mais pas tout à fait, puisqu’il conserve 10% de la holding Eric Soccer qui gère l’OM (Dreyfus possédant le reste). Et puisqu’il faut de la “continuité”, Bouchet va continuer à gérer certains dossiers comme la nouvelle structure marketing et la négociation des droits télé (dans laquelle Bouchet se fait le principal adversaire du “collectivisme” à la française, rien que ça). Autant de bonnes raisons pour rester vigilants donc…
Le président olympien ne fut pas le premier à partir. Quelques jours avant lui, la caution Marseillaise avait jeté l’éponge, dégoûté après la défaite de ses joueurs à Ajaccio. Il avait déjà proposé sa démission après la double défaite face à Paris mais Diouf avait refusé. Et la caution Marseillaise avait le soutien de ses joueurs. Et c’est certainement pour mieux lui prouver ce soutien que les joueurs ont préféré faire un “non match” à Ajaccio. Cette pitoyable défaite fut celle de trop et cette fois-ci la démission d’la caution Marseillaise fut acceptée. Même si son amour du club ne peut pas être remis en cause, peut-être manquait-il d’expérience pour entraîner un club si particulier.
Des dirigeants médiatiquement exposés, il ne reste que Diouf, l’homme qui est capable d’endormir tout le monde lors d’un interview (il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Chirac l’appelle pour remplacer ). Il parait que c’est le futur homme fort de l’OM et qu’on peut lui faire confiance alors attendons de voir ce qu’il propose et espérons qu’il fasse mieux que lors du premier mercato.
Et puis il reste les joueurs… Pour beaucoup, on se demande ce qu’ils font à l’OM. Incapables de réagir quand il le faut (OM-Psg en coupe, Ajaccio-OM), tout juste bons à répéter qu’ils sont troisièmes au classement en oubliant de préciser la bienveillance des arbitres et la médiocrité des adversaires. Troisièmes au classement, ça montre bien le niveau du championnat et ça fait peur… Avec les objectifs de début de saison, l’OM devrait être loin devant ou au pire au coude à coude avec Lyon (qui joue la C1 pendant que les olympiens regardent la télé). “Troisièmes donc tout va bien”, c’est nier l’absence de jeu et les difficultés à remporter des matchs contre des adversaires beaucoup plus faibles. Rien de bien encourageant avant d’affronter Auxerre et surtout Lyon la semaine prochaine.
BREVES
LA FRANCE A PEUR !
Trop, c’est trop ! Alors le journal l’Equipe qui n’a jamais peur de bousculer les idées reçues et qui a consacré sa couverture et 2 pleines pages de son édition du 16 novembre à la violence dans les stades ! Le quotidien cite plusieurs faits “graves” : attaque du bus de l’OM aux abords du Parc, banderoles contre Fiorèse, agression raciste contre 2 joueurs bastiais et… grève des supporters marseillais ! Bien sûr, ça fait trembler dans son fauteuil le lecteur moyen mais ça montre surtout combien le fantasme collectif de l’insécurité a de beaux jours devant lui. Les stades n’ont jamais été aussi sécurisés et il n’y a jamais eu si peu d’actes “violents”. D’ailleurs l’Equipe est bien incapable de sortir des chiffres allant dans le sens de son argumentation. Alors forcément, quelques incidents mineurs dans un axe de temps rapproché et toute la population a peur. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter puisque le moindre geste des supporters est considéré comme répréhensible. L’Equipe place ainsi notre grève lors d’OM-Strasbourg dans la liste des “troubles”… Et dans le prochain numéro, un dossier sur ces démonstrations violentes (voir insurrectionnelles) que sont les tifos ?
Concernant le racisme, la LFP a également réagi en faisant porter des t-shirts par les joueurs « contre la violence » et « contre le racisme ». Ironie du sort, les joueurs bastiais n’ont jamais reçu ces t-shirts… Un réveil bien tardif pour des anti-racistes de salon se donnant bonne conscience entre 2 opérations marketing. De notre côté, on préfère combattre le fascisme sous toutes ses formes et au quotidien. Une union des supporters contre le racisme aurait d’ailleurs beaucoup plus d’impact…
SARKOSHOW
L’élection annoncée de Sarkozy à la tête de l’UMP s’est concrétisée dimanche 28 novembre par un show à l’américaine (comme toute sa politique d’ailleurs) qui aurait coûté au moins 5 millions d’euros ! Quand on voit ça, c’est vrai que finalement Bouchet était un brave mec ! 5 millions pour fêter une élection dans un parti ça aurait pu financer :
- un sacré paquet de matraques et de flash-ball pour la police de france,
- quelques jours de vacances à Chirac,
- 4 années de salaires à Cristanval,
Et plus sérieusement,
- une maison de retraite avec clim’ intégrée,
- des millions de repas chauds pour les déshérités,
- pas mal de logements pour les sans-logis,
- des millions de cadeaux pour les enfants sans noêl, etc, etc…
Tout cet argent dépensé à des fins personnelles est de l’argent public, les partis politiques étant financés par des fonds publics. Alors quand certains ruminent sans cesse contre le principe de nos cotisations à chaque début de saison, ils feraient mieux de contester les véritables vols d’argent public.
HASTA LA VICTORIA SIEMPRE
Dans son édition du samedi 4 décembre 2004¸l’Equipe Magazine consacrait un reportage à Lucarelli, joueur de Livourne revenu évoluer dans le club de son c½ur au nom de certaines valeurs. Un exemple dont feraient bien de s’inspirer certains joueurs…
Voici l’article dans son intégralité :
LUCARELLI, LE « CHE » DU CALCIO
L’attaquant italien Cristiano Lucarelli n’a jamais caché ses convictions communistes, tant comme supporteur de Livourne, en Serie A.
UN, deux, trois… Livourne. Avec Cristiano Lucarelli, on peut facilement paraphraser Ernesto Guevara qui exhortait les « anti-impérialistes » des années 60 à « créer un, deux, trois Vietnam ». Aujourd’hui, le « Che » et sa barbe fleurie ont été imprimés sur des millions de tee-shirts à travers le monde. Lucarelli en portait un, sous son maillot de l’équipe d’Italie Espoirs, quand, en 1997, il inscrivit un des six buts des Transalpins face à la Moldavie. Ce match éliminatoire du Championnat d’Europ se déroulait à l’Ardenza, le stade de Livourne. Le poing levé, Cristiano Lucarelli se dirigea alors vers le virage nord et releva son maillot pour présenter l’effigie du leader cubain à ses supporters en délire.
Cette image, dépassant elle aussi la réalité, a fait le tour de son (plus petit) monde. Cristiano Lucarelli, attaquant, buteur né en 1975 à Livourne, est ainsi devenu « le footballeur communiste ». Ce cliché le poursuit encore, et il faut dire qu’il y met du sien pour l’entretenir. Pas plus tard que fin novembre, la commission d’appel de la Fédération italienne a confirmé l’amende de 30000 euros qui lui avait été infligée pour avoir déclaré : « Ils veulent nous faire redescendre pour des raison politiques, parce que nous sommes de gauche. L’an dernier, les quatre équipes (Pérouse, Modène, Empoli et Ancône) dont les supporters exposaient l’image du Che Guevara en tribunes ont été rétrogradées en Serie B. Maintenant, c’est notre tour ! » L’accusation lancée à Gênes le 3 octobre, au soir de la 5e journée de la Serie A, après une nouvelle défaite (0-2) face à la Sampdoria, a fait grand bruit. Parmi le tollé soulevé, notons la réaction d’Adriano Galliani, vice-président du Milan AC, président de la Ligue italienne et, par ailleurs, bras droit de Silvio Berlusconi, chef du gouvernement (de droite) et président du Milan AC : « C’est la chose la plus grave que j’ai entendue depuis que je suis dans le football… » Peu de voix se sont élevées en soutien du capitaine de Livourne. On n’en a que mieux entendu celle de Marcello Lippi, le sélectionneur national, affirmant que « Cristiano s’est laissé emporter, mais ses idées sont respectables… ». Ses idées, Cristiano Lucarelli ne fait pas que les émettre, parfois trop bruyamment ou maladroitement, il les transforme en actes. Elles ont été condensées dans un livre écrit en collaboration avec Carlo Pallavicino, son agent et confident, intitulé Le milliard (de lires), vous pouvez vous le garder. On y découvre le cheminement qui l’a conduit à renoncer au salaire doré réservé à tout attaquant de son calibre pour rejoindre le club de son c½ur, celui de sa ville natale, l’aider à retrouver la Serie A quittée depuis 1949, et y parvenir. Quand il menace, au printemps 2002, de rompre son contrat (courant jusqu’en 2006) avec le Torino, le monde du football italien est interloqué. Lucarelli apparaît pour certains comme un illuminé prêchant cette croyance désuète de « l’amour du amillot ». Pour d’autres, c’est un lâche incapable d’affronter le stress engendré par « le plus beau championnat du monde » (le Calcio). Mais rien n’y fait : après cinq saisons en Serie A (Atalanta, Lecce, Torino) et une Liga espagnole (Valence), il franchit son rubicon en signant pour l’Association Sportive Livournaise, alors en Serie B, et en assurant vouloir y terminer sa carrière.
Quarante et un matches et vingt-neuf buts plus tard, le pari de l’attaquant fou est gagné. Livourne retrouve l’élite après cinquante-cinq ans de purgatoire (Serie B) ou d’enfer (Serie C). La liesse qui embrasse le port toscan est à la mesure de l’exploit. Cristiano Lucarelli n’est pas le seul artisan de ce retour au firmament, mais il en est plus que le héros, le symbole d’un phénomène qui interpelle l’Italie. Le pays est gouverné par une coalition de droite, mais si un « village » résiste, c’est bien Livourne. Ce n’est sans doute pas un hasard si, en 1921, le Parti communiste italien y a été fondé. Depuis, le port toscan s’est forgé l’image du bastion qui partage, scrutin après scrutin, la majorité de ses suffrages entre les communistes modérés (devenus démocrates de gauche) et ceux qui sont resté fidèles au dogme. Nulle part comme à Livourne, on ne trouve autant d’opposants à Forza Italia, le parti ultralibéral fondé par Berlusconi. Et nulle part, on n’en trouve autant que dans les tribunes de L’Ardenza.
Pendant longtemps, trop longtemps, Cristiano Lucarelli a participé aux rencontres de l’AS Livourne dans le virage nord, là où se rassemblent les « Brigades autonomes livournaises » (BAL), dont il fut membre fondateur. Dès que son emploi du temps de footballeur professionnel le lui permettait, il filait chez lui, ou ailleurs, pour soutenir les « Amarantes » au milieu de ses amis. Il porte aujourd’hui le numéro 99, comme l’année de fondations des « BAL », dont plus de trois cents membres sont aujourd’hui interdits de stade en application de la loi contre les violences et les slogans racistes ou politiques dans les enceintes sportives. Mais, quoi qu’il advienne et même si cela coûte cher au club, il ne se passe pas un match de l’AS Livourne sans que fuse le slogan « Berlusconi, pezzo du merda » (« Berlusconi, tas de bouse »).
Ils ont pu le hurler, à plus de dix mille gorges déployées, le 11 septembre dernier. Ce jour là, Livourne a retrouvé la Serie A au stade San Siro, face au Milan AC de Berlusconi. Et autant que la performance sportive (2-2, doublé de Cristiano Lucarelli) sur la pelouse des champions en titre, celle des supporters « amarante » a alimenté les gazettes. Après ce départ en fanfare, Livourne a peiné, dégringolant aux dernières places avant de se ressaisir, le 24 octobre, lors de la 7e journée. Ce jour là, Livourne a renoué avec son histoire, en remportant sa première victoire (1-0, but de Lucarelli) en Serie A depuis 1949.
Les Amarantes ont ensuite enchaîné les succès pour remonter dans la première moitié du classement. Avec, la plupart du temps, la même image de son buteur le poing brandi vers les « BAL ». « Hasta la victoria siempre », semble crier Cristiano Lucarelli, héros de la révolution livournaise…
Par Christian Jaurena, à Livourne.
Et pendant ce temps là, Fabrice Fiorèse était élu « Ballon de plomb 2004 » par le magazine « Les Cahiers du foot ». Une distinction méritée, obtenue haut la main, qui vient récompenser le plus mauvais footballeur de l’année (par opposition au ballon d’or). Toutes nos félicitations donc et on espère maintenant être invités pour le remise de la récompense…
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