![[Image: olivier-cachin_20061125.jpg]](http://www.lehiphop.com/articles/images/olivier-cachin_20061125.jpg)
Rédacteur en chef de LAffiche, repreneur de Radikal, présentateur de Rapline, homme de lombre pour Doc Gyneco, spécialiste du rap pour les médias généralistes dès quune voiture brûle, Olivier Cachin restera plus dans les mémoires pour son statut dhistorien incontournable, que pour la pertinence de ses écrits. Ses deux ouvrages, LOffensive Rap et Eminem, Prince Blanc Du Rap, semblent en tout cas le laisser croire. Là, il en sort un nouveau, dont la couverture est très jolie et le titre très ambitieux.
Les cent albums essentiels du rap
voilà qui prête à polémique. Choisir, cest forcément renoncer et il y aura sûrement des partisans de plein dexclus de la liste pour crier au scandale. Personnellement, je regrette labsence des premiers FF et Puffy, chacun charnière pour des raisons différentes, mais bon, je navais quà écrire mon propre livre. Globalement respectable, la sélection demeure sujette au débat chez les gens qui sennuient laprès-midi et qui pourront toujours arguer que lalbum de U-God a influencé plus de gens que celui de Raekwon. Quelques partis pris sont quand même particulièrement intéressants. Visiblement, la figure du toujours drastique deuxième album plait à Cachin qui sappuie sur deux exemples marquants, peut-être plus symboliquement quartistiquement : la première tentative un peu bancale de crossover mainstream de Nas (It Was Written) et lopération kamikaze de Gyneco sur Liaisons Dangereuses. Au-delà de ça, la maquette bien fichue, présente une double page la chronique de lalbum, une reproduction de la pochette et une citation dun texte de lalbum, souvent bien choisie et traduite le mieux possible. On peut quand même regretter quelques transformations incongrues, telles que pussy niggas, devenu négros en string. Mettons ça sur le dos des délais de parution.
En fait, ce qui choque surtout, cest le contenu des textes. A plus dune reprise, Cachin se contente de faire en long et en large (façon wikipedia) la biographie de lartiste dont il a choisi le disque. On a même parfois limpression quun autre album naurait pas changé grand-chose aux textes, qui trahissent plus dune fois dune fascination insistante pour le vécu sulfureux des rappeurs. Voir un disque de la trempe de Doggystyle quasiment réduit au procès de Snoop pour complicité de meurtre, ça fait quand même bizarre. Et cest pire quand Cachin se plaît à imaginer la mort de The Game dans une ruelle de Compton. Okay, de nombreux rappeurs cultivent cette mythologie de lexcès et cette frontière floue entre réalité et fiction a souvent du goût pour lauditeur, mais un tel ouvrage devrait quand même privilégier la tenue artistique à un sensationnalisme fatigant (
des anecdotes incroyables mais vraies [
], lhistoire des noirs américains et les SOS des banlieues françaises, tout ça et plus se trouve dans ce livre dit le quatrième de couverture). Et excusez-moi dinsister, mais à part pour nous raconter que Snoop a échappé à la taule grâce à un gros chèque : quest-ce que vient faire là-dedans un best-of de Death Row ??
Pour ne pas vous ennuyer, on passera vite sur les nombreuses inexactitudes relevées dans le bouquin (ce nest pas Booba qui rappe dans la première version de Esprit Mafieux, mais Ali, qui par ailleurs nest pas du tout absent de Temps Mort; Gyneco nassure pas le refrain de Sacrifice de Poulet, mais juste une phrase dans un couplet ; Ghostface nétait pas diabétique en 1995 et se défonçait donc pour de vrai durant la conception de Only Built 4 Cuban Linx, Nas a retrouvé son rang avec Stillmatic et surtout pas avec Streets Disciple; Pone de la FF nest pas DJ ; Brooklyns Finest nest pas le seul duo Biggie / Jay-Z, puisque ce dernier apparaît sur Life After Death ; Eminem ne clashe pas Fred Durst sur The Real Slim Shady puisque celui-ci est dans le clip
). Cest quand même dommage quune telle anthologie paraisse quasiment écrite de tête, avec visiblement un impressionnant fonds darticles pour LAffiche et Radikal comme base de travail. Exemple le plus troublant, le texte sur Encore dEminem (sélection plus que contestable mais je me tais) est quasiment le même que la chronique de lalbum, parue dans Radikal à la sortie du disque.
Ah, en revanche, la préface signée Joeystarr est vraiment sympa, alternant préoccupations techniques (
le hip hop a amené les infra basses à la musique) et considérations esthétiques très subjectives :
le hip hop cest pas des zouaves qui braillent Brigitte Femme de Flic sur un instru pourri. Rigolo, concis et consistant, ce texte met en fait en lumière ce qui fait souvent défaut au bouquin : un peu de style.
Article par Yacine_ [url=http://www.lehiphop.com/articles/laredaction.php][/url]
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