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Version complète : SPARTAK - OM, Ne pas se manquer, ou comment trouver le bon rapport. Part2
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C’est donc avec un gros quart d’heure d’avance que je poussais les portes de l’Eden. L’endroit était plutôt hype, style déco industrielle, béton ciré et colonne en briquettes new-yorkaises, un alignement de suspensions diffusait un halo jaunâtre sur les tables en alu brossé, contrastant avec la lumière cotonneuse bleu-cyan des néons du bar qui occupait tout l’horizon du fond de salle.
Sans doute une allégorie à l’azur céleste, pensai-je, louant l’imagination débordante des décorateurs d’intérieur, et cherchant une place de libre.
L’endroit était pas mal bondé, mais à la faveur du départ opportun de deux jeunes punkettes aux crêtes indigo, je dénichai une table pour deux.
L’une d’entre-elles ne put s’empêcher de me toiser de pied en cap et sous ses sourcils percés d’anneaux enchevêtrés (une bonne dizaine d’olympiades en comptant les narines), son regard en disait long sur le fossé des générations.
Son jugement définitif sur ma ringardise ne faisait pas un pli.
Le préjugé étant un travers très bien partagé, j’imaginais plus tard la rebelle chef de produit chez Jacob Delafon, boudinée dans un tailleur Kookaï, au volant d’une Micra mandarine métallisée, une Bluetooh greffée à l’oreille en train de louer la qualité de leurs pissotières d’autoroute.
Je m’asseyais.
L’ambiance sonore était celle d’un hall de gare et je m’attendais à tout moment à une annonce pour un train en partance. Un train que j’aurais pris dare-dare si je n’avais pas rendez-vous avec Pénélope.
Un garçon dans un tee-shirt officiel Eden-Café aux motifs de circuit imprimé en surpiqures se faufila entre les tables avec la grâce d’un papillon argenté.
Il acheva son slalom par un arrêt précis, pieds en T, devant moi.
Je vis alors qu’il portait des rollers enjolivés d’ailes chromées aux chevilles et appréciai tout autant sa dextérité que l’idée rigolote d’anges messagers du paradis transformés en robots glisseurs.
Je lui signifiai cependant que j’attendais quelqu’un.
L’ange m’annonça mécaniquement que je devais commander quand même.
Son annonce n’avait rien d’angélique et me trouva fort marri. Je persévérai et lui proposai de revenir.
Le serveur bloqué ne voulut rien savoir.
Je fis remarquer au garçon de café droïde version bêta que la règle de politesse consistant à attendre son convive pour commander me semblait élémentaire.
Il se retrancha derrière les consignes venues d’en haut.
Je m’offusquai en imaginant l’Eden moins bas de plafond.
Il me rétorqua qu’à partir du moment où j’étais assis, je devais commander. J’eus la désagréable impression de converser avec une machine rudimentaire dont l’I.A tenait sur deux lignes de programme.
Un dialogue de sourd s’engagea entre l’engin à roulette et moi qui déboucha au final sur la commande d’un verre d’eau.
- Avec ou sans bulles ?, répondit R2D2 avec l’amabilité habituellement attribuée à l’huis des geôles.
-Plate avec cent bulles.
- Avec et Sans??? (ERROR…FATAL ERROR…FATAL ERROR….FATAL) Le droïde bugga sévèrement.
Je lui expliquai que je souffrais arithmomanie sur l’état des substances aqueuses gazéifiées et que s’il ne pouvait me garantir une quantité exacte de bulles multiple de 100, j’optai pour « sans ». Sans hésiter.
Le garçon haussa ses yeux lunettés au ciel et enregistra plate sur son pavé tactile qu’il portait en bracelet et déguerpit en back-slide suivi d’un U-Turn absolument parfait pour se remettre dans le bon sens.
Je l’arrêtais net d’un « Hep ! » bien timbré. Il évita de justesse un de ses collègues à roulette qui apportait des cocktails à la table voisine et revint vers moi.
-… des glaçons », ajoutai-je.
R2D2 se piqua de faire un peu d’humour en me demandant si j’avais un nombre précis en tête, 2, 4, 6 …peut-être ! Je rétorquais que mon arithmomanie ne concernait pas l’eau réfrigérée.
La réponse était donc peu importe. Je pouvais même accepter un chiffre impair. Il hocha la tête poliment comme prévu dans son cervelet cybernétique et repartit en marche arrière dans son style agile toujours aussi exaspérant.
Alors qu’il amorçait son demi-tour avec grâce, je le hélai de nouveau.
Cette fois l’effet de surprise joua à plein et il n’évita pas le choc avec son confrère à roulette.
Ce dernier partit en toupie avec son plateau à cocktails, déclenchant un arrosage automatique au Bloody Mary.
- Et avec du pastis ! », lançai-je.
R2D2 maculé de tomate me jeta un regard laser qui transperça mon indifférence.
Pénélope était en retard et cela ne m’étonna guère. Je pensais furtivement que j’avais oublié de poster mon édito sublime.
Mais j’avais encore le temps.
Dehors il pleuvait des cordes pour se pendre.
J’avais déjà descendu deux pastagas et un ramequin d’olives vertes fourrées aux anchois
Une punaise d’envie de fumer me tenailla le cortex, mais je ne pouvais stratégiquement pas lâcher la table.
L’Eden était plein comme un œuf.
Et nonobstant la météo inadaptée à la clope sur le trottoir, mon nouvel ami R2D2 n’attendait que de me voir déguerpir pour refourguer ma place.
J’essayai d’oublier le manque en baladant mon regard de table en table parmi la foule anonyme.
Une pérégrination hypnotique bercée par un remix trip-hop indigeste tombée des nues de l’Eden.
Une ambiance lounge, concoctée par un DJ sous Xanax, une mélopée autocollante qui emmaillotait de son ouate le brouhaha des voix humaines.
Je ne saurais vous expliquer les circonvolutions de l’imaginaire, ni les chemins vicinaux empruntés par mes pensées inconscientes; toujours est-il que cette musique d’ascenseur, dotée de pouvoirs psychotropes malins, me montait à la tête alors que j’attaquais mon troisième pastis.
Mon regard vague porté par l’écume anisée se mit à surfer sur le rivage abracadabrant des mondes parallèles.
Sournoisement mais sûrement; j’hallucinais.
Ce qui m’amena naturellement à considérer ces visages inconnus comme autant d’avatars tout à fait familiers. J’aurais pu mettre un nom sur chacun d’entre eux :
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La famille de la fumerie s’était donnée rencard sous mes yeux éberlués. [/FONT]
… Là-bas le type en polo Callaway qui expliquait à grand renfort de gestes tel un Gatsby magnifique comment déloger une balle de golf d’une décapotable à coup de sand-wedge, c’était Oc ! Non loin de Paddy, son dernier mot au serveur débouté par Fanfarlo devant l’Imerle moqueur faute de Mr Grieves. De l’autre coté d’Old Trafford, se régalaient Kornog et Monsieur Kénavo découvrant une spécialité de Bouillabaisse. Le gars hilare qui s’attablait avec sa petite famille sous des ponchos de fortune en sac poubelle et « trempé jusqu’à mes coroñes- dixit le papy. C’était Haydjan pour sûr. Dans le clic clac, Kodiak, Lecquois ou qu’est-ce Kezako ? Il y avait aussi les K à part, Kdom93, Kokopelli, Kr1Dg1, qui lançaient des Paris avec Ricky, Raï et NilS. Puis aussi Le Filtre polarisant sur sa manette de PS3 fracassée un soir avec Lengaste, là-bas pas loin de Sally Marcel Freedom qui écrivait son nom sur le mur où se lamentaient Dragnir et Keyser consolés par 26 Mai 93 qui n’avait pas le choix dans la date, alors que F.Braudel de Pigeon restait dans les annales. Foutcheubol et Souley jusqu’au Ras le bol aussi par la musique lounge autant qu’Anikulapo pas prêt de virer son Kuti. Il y avait aussi Dougue qui courrait tel l’Homme de Samatan et passait Razibus sans perdre son Benar vers la buvette du paradis où Dune pila des glaçons pour Darkfly51 et El Chi gnôle en main adossé à Cloison Plâtre. Diegogo home, Omer2, déjà ? Ou est-ce pour mieux Revenir13? Je vis Miki qui rit de Xigh, jouant du clavier qwerty de Macbou, un détail pour EFC très à l’aise au pied de la lettre. A l’étage Godfather like Usual conspuaient la carte et marquaient leur territoire tel Aboss. Mr Crapo s’amusait du nouveau Poulpazoïde d’Aqwarium flottant sur le verre de DeepBlue parti vers Mars. Puis déboula Tofinou, vous, eux, toi, et tous ceux qui en veulent Madhino, Omalaviealamaure, de la région de Mazargues à Peniscola, en passant par Kalamata, jusqu’à Stern et la bonne étoile que l’Oh Aime tend à Supernova. Ils sont tous là les enfants de Mama, les vieux de la vieille, Gamba, et Boban 13, Hellborg, Vinz et Vorondir, ça va sans dire, Ralphd, Talbs, XavierG et Markom, Cyrs arrêtant son Syrc, Jeroemba, Papaver, Baka for ever et Survivor, Caligula et sa sœur, Jimmiz, Mathildien, le bon Olorin et sa dame elfique, et tous ceux que je ne cite plus pour l’avoir beaucoup fait et ceux que je ne cite pas –Pardon !, parce que le nombre de caractères d’un édito est cyniquement compté et que ma mémoire à l’instar du name-dropping a ses limites.

Elle m’apparût d’abord en effet kaléidoscopique par le jeu conjugué des reflets sur la vitre brillante de pluie et le lent pivot de la porte à tambour.
Elle se tenait dans le sas d’entrée, au seuil de l’Eden, je l’aurais reconnue entre mille, dégageant la capuche de son manteau trop chic pour être imperméable.
Elle se risqua ensuite d’un pas timide, considérant l’endroit d’un air de madone auréolée par l’ondée. Elle secoua délicatement ses cheveux mouillés dans la lueur turquoise du bar et j’eus la vision subliminale des ailes frissonnantes d’un ange s’ébrouant dans l’Eden; un ange véritable. Pas un ersatz à roulette.
Le seul ange que n’ait jamais vu le paradis.
C’était Elle.
C’était…
-« Pénélope saleté !, s’écria le chœur des opiomanes susnommés.
-« Non ! Non, déconnez pas !, clamai-je à la cantonade.
Je vous demande de vous arrêter ! Vous êtes lourds là…,», suppliai-je avant de m’apercevoir que je parlais tout seul, seul debout parmi les tablées, soliloquant tel un demeuré sous le regard mi gêné mi goguenard de parfaits inconnus.
Pénélope repéra mes gestes sémaphoriques qu’elle imagina lui être destinés et se fraya un chemin jusqu’à moi.
-Je suis trempée, me dit-elle en arrivant à ma table.
Je ne pouvais rêver meilleure entrée en matière.
Sinon je vous passe les inévitables avant-propos de politesse chiants à mourir où il est question pêle-mêle de la santé de chacun, de la climatologie déglinguée, du tri sélectif, des copains mariés, des divorcés, du tri sélectif donc, de la couleur de son pull, de la blancheur grandissante de ma pilosité et du dernier Woody Allen.
Nous bouclâmes finalement le dernier cercle concentrique des civilités qui tournent autour du pot et en arrivâmes enfin à la confiture. Nous.
-« J’ai bien aimé ce que tu m’as envoyé. Merci, me dit-elle en ramenant ses cheveux derrière ses oreilles.
Je suis resté stoïque. J’ai perdu mon regard dans le sien tout en sirotant un peu de pastis pour me donner un semblant de contenance. Mais soyons clair je ne savais pas du tout de quoi elle parlait.
« Ça m’a touché vraiment … continua-t-elle.
Je souriais, mais n’en menais pas large.
Mon téléphone vibra dans ma poche intérieure et ce fût une espèce de petit miracle de diversion. Bouli m’appelait.
Il tombait à pic celui là.
Je m’excusai auprès de Pénélope lui signifiant que je n’avais pas d’autre choix que de répondre.
Je me levai et m’éloignai de quelques pas, le portable plaqué sur l’oreille droite, l’index enfoncé dans l’autre.
-« Je voulais te demander un service… commença Bouli
-« C’est quoi cette histoire! Tu ne m’as pas tout dit ? Tu as répondu à Pé… à Eve ?, le coupai-je.
Bouli m’expliqua qu’il avait juste renvoyé un morceau de musique en fichier MP3,
« Ain’t No Sunshine When She’s Gone… La version Live de Bill Whiters au Carnegie Hall pas la reprise de Mickael Jackson époque Motown, précisa-t-il. Tu connais l’histoire de cette chanson…lors de l'enregistrement, Withers travaillait à l'usine comme… »
- « Stop Bouli. J’ai compris.
Mais Bouli était intarissable lorsqu’il parlait de musique noire américaine des 70’. Sa connaissance de la Soul était encyclopédique. Il continua son récit alors que je regardais Pénélope en coin, genre type agacé par son interlocuteur mais qui n’a pas le choix. J’en savais plus que nécessaire.
« Merci Bouli. Pardon ? Oui Eve2chezEve, elle est b… intéressante. Bouli m’annonça que lui et Dondon27 c’était comme un coup de foudre foudroyant. « Je suis content pour toi Bouli mais... Quoi encore ? S’il restait dans mon frigo des Knaki Balls de la dernière fois histoire de fêter ça ? Je crois bien oui mais fais gaffe à la date de…Clic… péremption. »
Bouli avait déjà raccroché. Question Knaki Balls, il était également intarissable le Bouli.
-Désolé, c’était ma mère !, soupirai-je tout en me rasseyant en face de Pénélope.
-Comment va-elle?
Il était hors de question de parler de ma mère. J’embrayai direct sur Ain’t No Sunshine qu’elle avait tant aimé. Me surprenant en mon for intérieur à féliciter Bouli pour cette initiative.
- Tu sais que lors du premier enregistrement de la chanson, Whiters bossait encore à la chaîne dans une usine fabricant des sièges de toilettes pour des Boeing 747.
Il avait initialement l'intention d'écrire davantage de paroles pour le passage où il répète l'expression « I know » vingt-six fois, mais les autres musiciens lui ont conseillé de laisser la chanson en l'état. Amusant non ?, dis-je, répétant sans vergogne l’anecdote narrée par Bouli. Et tout à fait satisfait de mon petit effet.
Il y eût comme un blanc.
- Manque plus qu’un Jingle, dit-elle sans se départir d’un sourire à tomber par terre. Tu me fais quoi là au juste? Le coup de l’Animateur radio, mélomane vintage tout content de son intro décalée?
Glups !
-Rassure-moi, tu ne chercherais pas à m’impressionner avec une répartie de disquaire?
Oups et Glups.
-On se dit un truc pour ce soir, si on essayait juste d’être nous-même?, poursuivit-elle.
Le sens de la répartie de Pénélope était pour moi d’un sex-appeal indiscutable, bien plus que son sourire ravageur, ses yeux vert-noisette en amande, ses boucles vénitiennes ou la perfection extraterrestre de sa rotondité mammaire. Enfin tout autant.
Illumination.
- Si je commandais du Champagne ça t’impressionnerait plus?, proposai-je.
Elle me conforta par un sourire radieux et affirmatif.
Ouf.
R2D2 fût convoqué pour la mission. Je demandai la carte des champagnes. Le choix fût vite fait. Il n’y en avait qu’un dispo d’après son bracelet tactile. Mais R2D2 tiqua et je pus aisément imaginer quelques diodes alarmées agiter son intellect binaire. La vérité c’est que le droïde à roulette était terrorisé à l’idée que je comptasse les bulles de Veuve Clicquot, il dégagea illico toute responsabilité quant à la probabilité d’un multiple exact de 100 par bouteille. Je le regardai comme s’il était tombé de la lune, faisant mine devant Pénélope de ne rien comprendre à ce que racontait ce pauvre garçon.
Elle eût du mal à contenir un début de fou rire.
Je laissai R2D2 délirer à pleins tubes sur l’arithmomanie gazéifiée relative au Champagne.
C’était trop bon de la voir rire.
Et selon le précepte Femme qui rit…
Ce fût une soirée délicieusement émoustillante, avec lâché de phéromones sauvages.
Nous sifflâmes deux ou trois Veuves avant de réclamer la note (multiple de 100 que je réglai d’un œil presbyte et aviné, m’escrimant à insérer ma carte dans l’avant-bras clignotant de R2D2 au détriment du sabot qu’il me tendait). Nous vidâmes les lieux, bras dessus bras dessous en riant aux anges. J’embrassais Pénélope à pleine bouche sous l’enseigne lumineuse de l’Eden.
Une voiture en trombe sous les trombes déclencha un tsunami sur notre passage et nous rîmes de plus belle, inondés d’un bonheur dégoulinant.
Nous pataugeâmes dans les flaques comme des enfants terribles. Nous piétinâmes d’improbables anguilles fluorescentes et autres serpents trop tentants reflétés par les néons du paradis.
Notre désir était si brûlant que même les gouttières débordantes ne purent le refroidir.
« Et si on … » Le reste de la phrase expira dans mon oreille. Après elle grignota mon lobe.
Nous nous frottâmes l’un à l’autre avec l’ardeur des amants affamés sous l’ondée redoublée. Ça devenait chaud bouillant. Une escadrille de canadairs n’aurait pas suffi à éteindre le feu rejailli de l’ancien volcan.
A la faveur de ma porte cochère, je la plaquai contre le digicode, soulevai son manteau et plongeai mes doigts dans sa
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- CE PASSAGE PAS SAGE a été censuré par le C.S.O -
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Arcbouté à la rampe de mon pallier, je fouraillai fiévreusement mes poches alors que Pénélope dévorait mon cou, cramponnée à la manière d’un koala lubrique. Je réussis à extirper mes clés et ouvris la porte de l’appart.
Chaque seconde séparé de ses lèvres devenait un supplice. Nous déboulâmes dans ma chambre à reculons, reconstituâmes cette créature bicéphale mi homme mi femme pour la énième fois depuis la nuit des temps, nos bouches toujours aimantées, nos corps toujours enlacés, nos poitrines toujours greffées, battant à l’unisson d’un même cœur emballé.
Nous nous débarrassâmes à la hâte de nos manteaux trempés par des gestes emphatiques et maladroits dans la pénombre avant d’envoyer valser nos oripeaux par dessus-tête.
C’est à moitié nu que nous atterrîmes d’un plongeon dorsal sur mon lit où il était douillettement question de chavirer dans l’extase d’une étreinte siamoise.
En lieu et place de l’amortissement moelleux de mon sur-matelas en plume d’oie et du nirvana annoncé, je tombais sur un os.
Un os tout dur et cagneux.
Un os qui bien sûr ne m’appartenait pas, pas plus qu’à Pénélope.
J’avais un gros genou en travers des lombaires.
Pénélope se tendit sur son string. Bouli se réveilla en sursaut et lâcha un son rauque dans sa tessiture proche de l’infrabasse. Pénélope se mit à hurler en cachant ses seins. Bouli se redressa contre la tête de lit.
Je me dépêchai à tâtons de trouver l’interrupteur du chevet et me rendis compte qu’une autre personne occupait ma couche. La lumière allumée me révéla la présence d’une créature échouée et baveuse sur mon oreiller qui s’appelait à coup sûr Dondon 27. Pénélope hurla de plus belle. Bouli tenta de m’expliquer. Dondon souleva une paupière adipeuse. Pénélope montait dans les tours. Bouli me regardait avec un air de veau désolé. Dondon émettait des borborygmes improbables d’un monstre marin proche du morse. Je ne savais plus ou donner de la tête.
Le cauchemar absolu.
Pénélope recouvra à peu près ses esprits, et furax se leva d’un bond pour se rhabiller. Je tentai de la retenir. Elle me traita de gros vicelard partouzeur zoophile.
Comme quoi je lui aurais tendu un piège dégoutant.
Je sentis le coup venir.
L’anticipation par recul express du buste me fit éviter de justesse la gifle de l’ange exterminateur.
Le coup ne fût pas perdu pour tout le monde. Bouli se mangea la tarte pleine poire.
Pénélope récidiva, comme je m’y attendais encore, rotation rapide du cou vers l’arrière et c’est le morse à peine ranimé qui prit cher. Dondon, le regard révulsé et tournant, retomba comme une masse. Pénélope agacée et un peu trop pompette pour être efficace dans son dernier geste, préféra en rester là et déguerpit talons à la main. Quelques noms d’oiseaux fusèrent avant le Big Bang de la porte claquée qui sonna le glas d’une renaissance sentimentale et d’un rapport sexuel cosmique.
Un ange passe.
Je me retrouvai planté une fois de plus.
Dénudé dans mon lit, encadré par mon abruti de voisin et une espèce d’éléphant de mer aux ronflements insoutenables.
J’enrageai.
Je ne voulais plus personne chez moi, plus de Bouli, ni du monstre marin.
Nonobstant le fait qu’il était hautement question de récupérer l’usage exclusif de mon lit à 4H du matin, je devais confesser qu’elle me flanquait un peu la pétoche la Dondon.
Allez Ouste ! Tout le monde dehors.

« Froid c’est pas bon, tu comprends… On a dû les manger chez toi les Knaki parce que mon micro-onde est HS.», m’expliqua Bouli, alors que nous évacuions la Dondon tel un sac de ciment, lui les jambes, moi les bras.
Elle pesait pas loin du double quintal. Un calvaire. Nous risquions le tour de rein en la déménageant de ma chambre. Bouli soufflait comme un bœuf.
« On a écouté un peu de musique sur ton ordi en grignotant à la cool… punaise c’est du lourd… » Bouli fit une pause en s’essuyant le front dans la manche de son tee-shirt à l’effigie de Sly Stone.
Je l’incitai vivement à reprendre le transport de la Dondon.
Il s’exécuta en grimaçant « Le truc c’est qu’elle aime vraiment bien ça les Knaki Balls, elle a quasi boulotté les 3 seaux le temps de dire Ouf… J’avais jamais vu ça de ma vie.
Puis elle est devenue blanche comme un bidet… C’est à cause des saucisses que je me suis dit. Elle s’est sentie mal la Dondon et après elle est partie dans les pommes vapeurs et elle est tombée comme une mouche. Paf ! »
Une mouche. Tu parles. Une espèce mutante alors, un spécimen échappé de l’île du Docteur Moreau, grommelai-je intérieurement. Enfin passons.
A bout de forces et faute de mieux nous la déposâmes en vrac sur le pallier, adossée au local à poubelles. Bouli se démerderait avec le SAMU qui n’allait plus tarder et diagnostiquerait sans surprise une intoxication alimentaire.
Bouli m’expliqua en gros qu’il lui fût impossible de la porter tout seul jusqu’à chez lui, qu’il l’avait alors traînée dans mon lit pour qu’elle récupère.
Idée Géniale. Sauf qu’elle s’était endormie et lui aussi. Il reconnut qu’il aurait dû regarder la date de péremption.
« Mais quand même… On n’a pas idée de garder des trucs comme ça dans le frigo, c’est dangereux. C’est comme une bombe à retardement de destruction des masses !» ajouta-t-il.
Je me contentai d’un rictus amer et d’opiner nerveusement du chef avant de rentrer chez moi passablement las et déjà un peu ailleurs.
-« Ah sinon…J’t’ai pas tout dit … poursuivit-il d’un ton doucereux en me talonnant dans l’escalier.
Il n’a pas eu le temps de finir. Je lui ai lancé l’œil du tigre:
-« Si là, tu as tout dit Bouli !
J’ai pris un ton sec et cassant, l’équivalent verbal d’un tacle à la De Jong et je lui ai claqué ma porte au nez.
Une porte dont on avait pas mal brisé les gonds ce soir.
Ne pas se laisser abattre.
Le meilleur antidote au désespoir était encore la vanité. C’est pourquoi, malgré l’heure tardive, je me décidai à poster mon édito sublime séance tenante.
Mon Foot Requiem.
Mon chef d’œuvre. J’en attendais un peu de réconfort. Du smiley en jackpot, ébahi, baveux, ravi, en boule rieuse, ailé, hilare, applaudissant, chinois, leveur de pouce.
Bref je m’imaginai rempli de la reconnaissance opiomane qui irait cicatriser mon cœur fendu.
Retrouver un peu de fierté et peu importe qu’elle soit bien placée.

Edit du C.S.O- Il est fortement conseillé aux âmes sensibles de la fumerie, aux mineurs pré-pubères et femmes enceintes de sauter les lignes du paragraphe qui suit.

Le désespoir est cependant un combattant tenace, parfois il avait même un parfum de revenez-y.
Un parfum étrangement âcre alors que j’approchai de mon bureau.
Bouli ne m’avait pas tout dit.
Bouli était un impitoyable garant de désillusions.
Bouli était au désespoir ce que cerbère est à l’enfer.
L’écran de mon portable affichait désormais un wallpaper aux motifs abstraits qui n’étaient pas sans rappeler l’action painting, une technique de projection de peinture très en vogue dans l’art contemporain.
A y regarder de plus près, mon écran était constellé d’éclaboussures formant une pellicule opaque aux tons sanguins zébrée par des coulures de glaire séchée tirant sur le jaune d’œuf pourri.
Les touches de mon clavier, elles, avaient totalement disparu sous un monticule informe de rejet gastrique. Un rendu œsophagien que je n’aurai cru possible que par l’autopsie de l’intestin grêle d’un brontosaure.
Un salmigondis immonde de bile grumeleuse où surnageait un ornement de boulettes rose pâle qui ressemblaient fort à des Knaki en première phase de décomposition digestive.

[FONT=&quot]EPILOGUE[/FONT]

J’ouvris la fenêtre et pris un grand bol d’air frais qui soulagea un haut-le-cœur spasmodique incontrôlable.
Je n’osai plus regarder vers mon bureau.
De toutes les manières, mon ordi était mort. Dondon l’a tué. Il était la victime collatérale de guerres intestines, mort et enterré sous des bombes stomacales.
Adieu édito sublime, adieu smileys de bonheur qui embaument le cœur.
Le désespoir avait l’odeur du parmesan putréfié.
Je considérai l’avenue détrempée où se reflétait le gyrophare tapageur du SAMU, l’infortuné brancardier y chargeait le morse stéatopyge à grand peine; cela ne m’arracha aucun sourire. Je reportai mon regard dans le prolongement du trottoir désert jusqu’au quartier des bars de nuits où palpitaient encore de vagues lueurs.
L’enseigne de l’Eden s’éteignit brusquement dans l’air humide tel un clin d’œil moqueur à mes amours reperdues.
Le ciel ne pleurait plus et la démarcation bleu-clair du jour naissant me rappelait nos grognards olympiens encore plus à l’est, dans le froid moscovite.
De ma fenêtre, j’y vis comme un rapport avec cette funeste histoire. Il s’agissait de se sortir d’une poule mal emmanchée et retrouver à l’est, un peu d’Eden en huitième ciel.
Du Sublime au Ridicule, il n'y a qu'un pas!, disait l’empereur.
Le poing serré sous la boutonnière, le maxillaire saillant, le regard tendu vers l’horizon blême, je les exhortai à la victoire et effacer de mes souvenirs cette cuisante Berezina.




Fly&Stone
Je sais c'est long:helpsmili. Désolé pour ça. Mais si vous lisez entre les lignes vous verrez que vous y êtes un peu pour quelque chose.
C'est vrai que ça demande quelques minutes, mais ça vaut la peine. Clap

Victoire obligatoire @ Mamargarita Whip
Suis enfin cité Doctor

Mf_cupid
Encore un edito que Ricky ne comprendra pas, ça n'a pas de valeur, pour tout le reste il y a allpsg.com Clap
Merci Fly ! Clap. Quel plaisir de lire ces aventures Mf_cupid. C'est pas assez long !:happy2:
"-Je suis trempée, me dit-elle en arrivant à ma table.
Je ne pouvais rêver meilleure entrée en matière.
"

Bye1HappyLove2:smoke1:BowdownBave Spoton

du grand art ! un véritable tour de force ! une ineffable soirée qui sera vengée, je l'espère également, par nos biquettes.

merci pour cet édito.
Fly, Tel Bouli je ne me gêne pas pour te piquer l'expression " Il pleut des cordes à se pendre " Spoton
BounceClapBounceÉnorme ! Après les cithares de la concubine flasque de l'ami Fernand, on a droit ce tantôt à l'authentique popotin au teint pas tentateur mais patenté du morse stéatopyge ! Après la peine de mort, la peine et l'eau paiera à l'apéro par l'entremise en jambe d'ange heureuse entrejambe comme mise en jeu pour la re-Dondon-danse : le tafanari… à Bouli !
Mf_cupid ... mon patron ne te remercie pas ... mais je le fais pour lui ... Mf_cupid

tout simplement magnifique ...
Bravo Fly!!

Cela vaudrait la peine de les compiler et réunir en seul topic...

Je pense qu'un roman à succès est dissimulé dans la bibliothèque enfumée d'Opiom...

Sinon on poutre....!!!!!!!!
J'approuve Ras' Spoton Il y a quelque chose là Mf_cupid.

Chignolons ces mauviettes de Soviets !!
Voilà qui fait mentir le célèbre : "c'est pas la longueur qui compte".Doctor
Merci.
Fantabuleux ! Clap et ne t'excuse pas de faire long . Montrons nos Knacki Balls à ces spartakusiens et reviendons chez nous pour célébrer la qualif à la Veuve !
FLY m'a Tuer, et son sosie Familystone itou....ClapClapClapClapClap

On croirait qu'Eugène Sue, bien que les paris auxquels il est fait allusion ne soient pas un vrai mystèreWhistling
Bravo Fly !!!!!!! ClapClap

Plus c'est long, plus c'est bon...Bowdown
Bravo pour ton édito. J'ai pas eu le temps de le lire mais à voir les premiers commentaires, c'est de la balle Cool
La prochaine fois, sort carrément un livre, ça peut marcher :happy2:
Je lirai à tête reposée ce soir Bowdown

par contre, retour du Chey Mf_cupid dans le groupe

Vivement une compo avec Cheyrou dans l'entrejeu, et une attaque avec Ayew à gauche et Valbu à droite (son meilleur poste), Gignac en pointe, pour se faire remplacer à la 60e par Brandao ou Rémy (qui peut également remplacer Valbu)

Et en défense, sûrement Heinze à gauche, qui s'est reposé ce week-end, même si je pense que l'on devrait jouer l'attaque avec Taiwo (les frappes sur synthétique, ça fuse?)
Eh bien, le jour où on a pris la mouche, on peut confirmer que cet emportement fut diablement positif ! Mf_cupid
Mo je suis légèrement déçu... en conclusion je ne sais pas sur qui je dois miser mes euros...
Euh, sinon juste comme ça, elle aurait un zéro-six ta Sal... pardon Pénélope ?

EDIT : respect pour le style littéraire haute qualité, définitivement très goutu à lire...:incline:
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