L’heure du grand match approche, toute la Commanderie est en effervescence.
Les joueurs sont concentrés, inutile de leur rappeler l’importance de cette confrontation car l’histoire d’amour entre l’OM et la Coupe de France n’est plus à conter.
Non, elle n’est plus à conter, mais d’aucun ne peut s’empêcher de compter le nombre d’années qui les sépare du dernier orgasme de la victoire finale 30 ans, cela fait exactement 30 ans que cette illustre amante nous fait faux bon et nous glisse entre les doigts.
30 ans que l’on s’emploie à la reconquérir ; cette farouche nymphomane qui prend un malin plaisir à nous faire humer son parfum enivrant pour mieux nous laisser coucher sur sa paillasse, lové sur le pas de sa porte.
Tantôt généreuse, elle s’offre parfois à quelques passes à des prétendants en guenilles et aux armes peu rutilantes.
Tantôt mutine, elle s’amuse à mettre à genou les plus valeureux des chevaliers sûrs de leur force. Assurément catin indomptable, elle reste imprévisible et nul ne peut s’enorgueillir d’être sûr à l’avance de pouvoir dompter la belle.
Mais 30 ans après personne n’est dupe, encore moins l’entraineur. Les probabilités d’amadouer la nymphe sont plus minces que jamais.
Mais au fond de lui, il ne peut s’empêcher de conserver cette petite flamme encore animée que l’on appelle l’espoir.
L’histoire a démontré plus d’une fois que David pouvait terrasser Goliath pour profiter des faveurs de la belle.
Jadis Goliath, nous faisions trembler les filets des sanctuaires réputés inviolables.
L’appel de notre nom faisait frémir nos adversaires et chavirer les jouvencelles.
Pour preuve, l’épreuve des boules chaudes était redoutée de tous.
Personne ne souhaitait affronter l’invincible armada et pourtant nous n’avions pas su, du haut de notre arrogance, mettre au tapis certain irréductible Breton et autre menu fretin et nous en avons payé le prix fort.
Alors pourquoi pas nous se dit-il ? Pourquoi ne pourrions-nous pas nous aussi rêver à un tel miracle maintenant que nous faisons partie du cercle très fermé des outsiders, de ces petites équipes de National qui osent venir défier les ogres de la Qatar Ligue 1 ?
Le voilà, il le tenait enfin son discours d’avant match.
Nommé entraineur de l’équipe première il y a trois ans, à peine ses galons d’entraineur en poche, le respecté Apruzesse était assis à son bureau à méditer sur le meilleur moyen de galvaniser ses troupes.
Il savait que l’affiche parlait d’elle-même : l’OM, petite équipe avec peu de moyen, 9ème de National face à l’ogre Rouennais qui trône actuellement sur le podium de la prestigieuse QL1 au coté des génies Qatariens et des fougueux Olassiens.
Férus de mythologie ancienne, il sentait qu’il tenait là l’image inédite pour appuyer son discours. Malgré le départ de Valbuena, le costume du petit poucet leur allait à ravir.
Il griffonna son idée sur un post-it posé sur son bureau juste à coté d’un cadre photo dans lequel il posait fièrement à coté de son jeune capitaine de 25 ans Leyti N’Diaye.
Leyti, figure emblématique du club, né dans l’enceinte de la commanderie, a réussi malgré ces quinze premières années de contrat difficiles à gravir tous les échelons.
Plus habitué au brancard qu’au brassard, il sut faire montre d’une force étonnante et d'un sens du sacrifice hors du commun pour revenir sur le devant de scène et ainsi saisir la balle au vol grâce à une mi-temps jouée sans se blesser au poste de gardien de but suite à la blessure d'Andrade rappelé à la demande de la direction pour remplacer Mandanda vendu 2M€ à Neufchateau quelques mois plus tôt.
Ce soir là, l’OM signait sa 24ème défaite de la saison et Leyti son cinquième renouvellement de contrat.
La suite se déroula avec une précision chirurgicale.
Cette 24ème déconvenue avait également signé la descente en National de l’OM qui, à l’occasion, dut dégraisser pour faire face à cette nouvelle tracasserie.
Passi, remplaçant de Baup lors de la descente en QL2, fût limogé pour résultats insuffisants et les deux joueurs majeurs de l’effectif Cheyrou et Kaboré libérés de leur contrat afin d'économiser leurs salaires.
Seuls N'Diaye, Morel, les chauffeurs livreurs, pizzaiolos, plombiers, charcutiers, banquiers furent conservés et Fabrice Apruzesse nommé nouvel homme fort du secteur sportif par la caution Marseillaise président directeur général, directeur sportif, kiné, jardinier et principal actionnaire de l’OM.
Le bruit des crampons dans le couloir sortit notre jeune entraineur de sa rêverie, l’heure était venue. Il se leva, décolla son post-it, et d’un geste hésitant, amassa ses quelques pages griffonnées au crayon sur lesquelles on pouvait deviner le schéma tactique du match ; un cierge, une croix et des versets à psalmodier conseillés par Mama cass, dernière supportrice et vestige des temps jadis.
Il prit la direction du vestiaire pour sa grande causerie et commença à marmonner les chants bituriques de Mama. Il y croyait et se mettait à espérer un miracle… Et si c’était possible ?
Caveman
Les joueurs sont concentrés, inutile de leur rappeler l’importance de cette confrontation car l’histoire d’amour entre l’OM et la Coupe de France n’est plus à conter.
Non, elle n’est plus à conter, mais d’aucun ne peut s’empêcher de compter le nombre d’années qui les sépare du dernier orgasme de la victoire finale 30 ans, cela fait exactement 30 ans que cette illustre amante nous fait faux bon et nous glisse entre les doigts.
30 ans que l’on s’emploie à la reconquérir ; cette farouche nymphomane qui prend un malin plaisir à nous faire humer son parfum enivrant pour mieux nous laisser coucher sur sa paillasse, lové sur le pas de sa porte.
Tantôt généreuse, elle s’offre parfois à quelques passes à des prétendants en guenilles et aux armes peu rutilantes.
Tantôt mutine, elle s’amuse à mettre à genou les plus valeureux des chevaliers sûrs de leur force. Assurément catin indomptable, elle reste imprévisible et nul ne peut s’enorgueillir d’être sûr à l’avance de pouvoir dompter la belle.
Mais 30 ans après personne n’est dupe, encore moins l’entraineur. Les probabilités d’amadouer la nymphe sont plus minces que jamais.
Mais au fond de lui, il ne peut s’empêcher de conserver cette petite flamme encore animée que l’on appelle l’espoir.
L’histoire a démontré plus d’une fois que David pouvait terrasser Goliath pour profiter des faveurs de la belle.
Jadis Goliath, nous faisions trembler les filets des sanctuaires réputés inviolables.
L’appel de notre nom faisait frémir nos adversaires et chavirer les jouvencelles.
Pour preuve, l’épreuve des boules chaudes était redoutée de tous.
Personne ne souhaitait affronter l’invincible armada et pourtant nous n’avions pas su, du haut de notre arrogance, mettre au tapis certain irréductible Breton et autre menu fretin et nous en avons payé le prix fort.
Alors pourquoi pas nous se dit-il ? Pourquoi ne pourrions-nous pas nous aussi rêver à un tel miracle maintenant que nous faisons partie du cercle très fermé des outsiders, de ces petites équipes de National qui osent venir défier les ogres de la Qatar Ligue 1 ?
Le voilà, il le tenait enfin son discours d’avant match.
Nommé entraineur de l’équipe première il y a trois ans, à peine ses galons d’entraineur en poche, le respecté Apruzesse était assis à son bureau à méditer sur le meilleur moyen de galvaniser ses troupes.
Il savait que l’affiche parlait d’elle-même : l’OM, petite équipe avec peu de moyen, 9ème de National face à l’ogre Rouennais qui trône actuellement sur le podium de la prestigieuse QL1 au coté des génies Qatariens et des fougueux Olassiens.
Férus de mythologie ancienne, il sentait qu’il tenait là l’image inédite pour appuyer son discours. Malgré le départ de Valbuena, le costume du petit poucet leur allait à ravir.
Il griffonna son idée sur un post-it posé sur son bureau juste à coté d’un cadre photo dans lequel il posait fièrement à coté de son jeune capitaine de 25 ans Leyti N’Diaye.
Leyti, figure emblématique du club, né dans l’enceinte de la commanderie, a réussi malgré ces quinze premières années de contrat difficiles à gravir tous les échelons.
Plus habitué au brancard qu’au brassard, il sut faire montre d’une force étonnante et d'un sens du sacrifice hors du commun pour revenir sur le devant de scène et ainsi saisir la balle au vol grâce à une mi-temps jouée sans se blesser au poste de gardien de but suite à la blessure d'Andrade rappelé à la demande de la direction pour remplacer Mandanda vendu 2M€ à Neufchateau quelques mois plus tôt.
Ce soir là, l’OM signait sa 24ème défaite de la saison et Leyti son cinquième renouvellement de contrat.
La suite se déroula avec une précision chirurgicale.
Cette 24ème déconvenue avait également signé la descente en National de l’OM qui, à l’occasion, dut dégraisser pour faire face à cette nouvelle tracasserie.
Passi, remplaçant de Baup lors de la descente en QL2, fût limogé pour résultats insuffisants et les deux joueurs majeurs de l’effectif Cheyrou et Kaboré libérés de leur contrat afin d'économiser leurs salaires.
Seuls N'Diaye, Morel, les chauffeurs livreurs, pizzaiolos, plombiers, charcutiers, banquiers furent conservés et Fabrice Apruzesse nommé nouvel homme fort du secteur sportif par la caution Marseillaise président directeur général, directeur sportif, kiné, jardinier et principal actionnaire de l’OM.
Le bruit des crampons dans le couloir sortit notre jeune entraineur de sa rêverie, l’heure était venue. Il se leva, décolla son post-it, et d’un geste hésitant, amassa ses quelques pages griffonnées au crayon sur lesquelles on pouvait deviner le schéma tactique du match ; un cierge, une croix et des versets à psalmodier conseillés par Mama cass, dernière supportrice et vestige des temps jadis.
Il prit la direction du vestiaire pour sa grande causerie et commença à marmonner les chants bituriques de Mama. Il y croyait et se mettait à espérer un miracle… Et si c’était possible ?
Caveman