25-04-2011, 00:33
Mama mère de l’amer, Cétacé père des mers, Ange Frana, Belles Deschamps, la caution Marseillaise et Nigauds, Lillois de Murphy, Abbé Pierre Desproges, Fumerie chérie, Pénélope saleté , Mon amour…
Je refais à l’occasion de ces deux matchs à domicile le coup du double édito à suivre. Evidemment, et vous en avez l’habitude avec moi, il faudra repasser par vos commentaires avisés pour l’analyse footballistique de l’événement, même si entre les lignes vous distinguerez je crois, un rapport avec l’actualité olympienne. Comme je culpabilise un peu de passer sous silence ces deux matchs importantissimes dans la course au titre qui bien sûr nous revient de droit. Mon commentaire tiendra deux fois en trois points : Ils viennent, ils perdent, ils s’en vont.
A présent passons à des choses moins sérieuses…
Voir Pénélope utiliser autant de mouchoirs jetables me laissa d’abord perplexe.
Mon ex dans sa petite robe d’été m’expliqua entre deux reniflements qu’Oscar Gonzalez n’y était plus du tout, qu’il dépérissait à vue d’œil et que son état l’inquiétait beaucoup.
Elle se faisait un sang d’encre me dit-elle avec des trémolos dans la voix et le nez bouché. Ses yeux aussi étaient passablement rougis et son maquillage avait coulé en laissant une larmichette bleu marine sur sa pommette.
« Je me suis dit qu’Oscar Gonzalez ferait mieux de changer d’air. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Je pensais à la chatte de ma concierge portugaise, à sa belle chatte au poil long et soyeux et à son kyste ovarien qui secrète des oestrogènes en permanence entraînant un symptôme récurrent de nymphomanie. Dixit le véto. Une chatte qu’elle a toujours refusé de faire opérer malgré les suppliques de bon nombre de voisins bercés par d’insupportables feulements au rythme effréné des chaleurs de la bête. Du coup, grâce ou à cause de Feu au Cul – c’est comme ça qu’on appelle l’érotomane féline dans l’immeuble, ma concierge collectionne chaque année des portées de chatons aux pedigrees improbables et en fait un commerce fort juteux.
Quel lien, me direz-vous avec le début de l’histoire ? J’y viens.
C’est ainsi qu’elle m’avait vendu Oscar Gonzalez pour un bras, vaccins antirabiques et tatouages non compris. Cette adorable boule de poils, issue paraît-il du croisement de Feu au Cul et d’un Lynx domestique, fut, il y a deux ans, mon cadeau d’anniversaire à ma chère et tendre Pénélope.
Le chaton dut son patronyme à ses origines sud-américaines supposées et à son transfert de la panière de la loge décorée aux couleurs de Porto à la panière à linge sale de chez moi, sans parler d’une tâche triangulaire qui orne son cou à la manière d’une barbichette.
« Je sais ce que tu vas dire, qu’on ne rend pas un cadeau, que c’est à moi d’assumer. En même temps, je ne t’avais rien demandé et… je crois en plus que je suis allergique ! » reprit-elle en fouillant dans son sac à main une énième fois.
Selon les dires de Pénélope, il n’aurait visiblement pas supporté le déménagement et mal digéré la rupture de ses maîtres. Bref, le bel Oscar Gonzalez au pelage tacheté ne touchait plus une bille, ni à ses croquettes, et semblait sombrer dans une profonde dépression autant que l’on accepte l’idée d’anthropomorphisme.
« Un chat est plus attaché à un lieu qu’à des gens, précisa-t-elle en croisant ses jambes dénudées à mi-cuisse. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Décidément c’est une manie de vouloir me faire penser… Je pense que tu veux me refourguer le chat au débotté, mais je gardais cette réflexion pour moi.
La tête d’Oscar Gonzalez dépassait d’un sac en toile, l’animal me regardait de ses pupilles dorées et vides de toute expression notable. Parfois il battait des paupières, seul signe tangible de son appartenance au monde des vivants.
Pénélope rajouta en se mouchant qu’appeler ce chat comme un joueur de foot était autant ridicule qu’irresponsable, qu’on n’avait pas idée d’affubler un animal d’un tel nom à rallonge.
Je ne vis pas le rapport.
« Le LOOF* et tous les comportementalistes animaliers s’accordent à dire que le nom idéal pour un Felis Silvestris Catus, le chat de compagnie si tu préfères, doit être composé de deux syllabes au maximum. C’est scientifiquement prouvé mais toi tu t’en fous ! » continua-t-elle en malaxant son kleenex.
Mon ex avait soigneusement préparé sa diatribe et en faisait désormais appel aux organes officiels des félidés et autres spécialistes de tout poil pour étayer son argumentaire.
Je voyais maintenant mieux où elle voulait en venir. Pénélope essayait de me démontrer que le chat ne savait plus où il habitait et n’avait sans doute jamais su comment il s’appelait. D’où ce profond déséquilibre psychique pour un animal domestique et, en gros, j’en étais le seul responsable.
Bien joué.
En guise de réponse je calquai ma réaction sur celle du chat. Soit un faciès totalement inexpressif clignant parfois de l’œil pour humidifier ma cornée et puis c’est tout.
On frappa à ma porte.
Frapper le mot est faible, un tambourinage ininterrompu qui résonna comme un solo furieux de tam-tam qui en appelle à la guerre.
Ce tintamarre fit bondir Oscar Gonzalez hors du sac en toile. Le chat fila telle une torpille pour se planquer sous mon fauteuil club. Son endroit favori d’avant. Des retrouvailles qui ne m’enchantaient guère vu que le vieux club en cuir fauve arborait encore sur la face externe de son accoudoir les stigmates griffés de l’amour du matou pour la peau tannée.
J’ouvris la porte juste avant que le chambranle ne vole en éclats.
Bouli !
Ca alors ? Je l’aurais parié.
Ce sur quoi en revanche je n’aurais pas misé un kopek, c’était la présence des deux énergumènes qui l’encadraient. Un grand type black en costard blanc pailleté, coupe ridicule à l’iroquois et carrure de Mister T. L’autre plus petit et râblé portait une gabardine rapiécée, des mocassins en 51, un nez rouge vermillon et une perruque bouclée qui lui donnait l’apparence triviale d’un clown.
« C’est qui, des témoins de Jehova? » me demanda Pénélope en tendant son adorable cou vers le hall d’entrée.
J’haussai les épaules signifiant que je n’en savais strictement rien. D’ailleurs je préférais ne rien connaître des histoires de mon voisin. J’entrepris illico de leur fermer la porte au nez, mais l’avant-bras musculeux et dur comme une bûche de Mister T bloqua le battant avant de le repousser violemment.
Comme ça c’était clair, j’allais savoir.
Mon voisin grand amateur de Poker en ligne s’était mis en tête de jouer pour de vrai. Je veux dire à une vraie table avec des vrais gens, des vraies cartes, la vraie adrénaline et tout. Bouli n'avait rien trouvé de mieux qu'un cercle de jeu clandestin pour assouvir son besoin de sensations fortes.
La vraie boulette quoi.
Je l’imaginais facilement débarquant comme une fleur dans ce cagibi glauque où des filles en bikini fluo qui sentaient le stupre et l’ambre solaire rance vous vrillaient la tête à renfort de champagne bon marché et d’alcool de figue frelaté, une arrière-salle sordide et enfumée où les néons rouges piquaient les yeux autant que les vapeurs de shit.
Le hic de l’affaire c’est que Bouli y avait perdu plus que sa chemise hawaïenne. Le gros s’était fait plumer façon pigeonneau aux petits pois, à l’instar de celui qui lui sert de cervelle.
Sur un dernier et inconsidéré all in, cette andouille avait cumulé à la table une dette de près de six mille euros.
Consommations et gâteries non comprises. Soit 548, 70 € en sus.
Une paille.
Bisness is bisness…Bouli n’était pas exactement tombé sur des philanthropes, ni des très commodes.
Le délai accordé pour le remboursement étant dépassé, ses créanciers à lunettes noires et cigarillos cubains voulaient récupérer l’argent. Le Bouli étant aussi solvable qu’un lâché de césium-137 dans la mer de Chine, il m’avait tout naturellement désigné comme caution bancaire. Bien joué.
Et c’est là, que je vis débouler chez moi les deux porte-flingues en la personne de Mister T et l’autre clown.
Fly
*LOOF (Livre Officiel des Origines Félines)
Je refais à l’occasion de ces deux matchs à domicile le coup du double édito à suivre. Evidemment, et vous en avez l’habitude avec moi, il faudra repasser par vos commentaires avisés pour l’analyse footballistique de l’événement, même si entre les lignes vous distinguerez je crois, un rapport avec l’actualité olympienne. Comme je culpabilise un peu de passer sous silence ces deux matchs importantissimes dans la course au titre qui bien sûr nous revient de droit. Mon commentaire tiendra deux fois en trois points : Ils viennent, ils perdent, ils s’en vont.
A présent passons à des choses moins sérieuses…
Voir Pénélope utiliser autant de mouchoirs jetables me laissa d’abord perplexe.
Mon ex dans sa petite robe d’été m’expliqua entre deux reniflements qu’Oscar Gonzalez n’y était plus du tout, qu’il dépérissait à vue d’œil et que son état l’inquiétait beaucoup.
Elle se faisait un sang d’encre me dit-elle avec des trémolos dans la voix et le nez bouché. Ses yeux aussi étaient passablement rougis et son maquillage avait coulé en laissant une larmichette bleu marine sur sa pommette.
« Je me suis dit qu’Oscar Gonzalez ferait mieux de changer d’air. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Je pensais à la chatte de ma concierge portugaise, à sa belle chatte au poil long et soyeux et à son kyste ovarien qui secrète des oestrogènes en permanence entraînant un symptôme récurrent de nymphomanie. Dixit le véto. Une chatte qu’elle a toujours refusé de faire opérer malgré les suppliques de bon nombre de voisins bercés par d’insupportables feulements au rythme effréné des chaleurs de la bête. Du coup, grâce ou à cause de Feu au Cul – c’est comme ça qu’on appelle l’érotomane féline dans l’immeuble, ma concierge collectionne chaque année des portées de chatons aux pedigrees improbables et en fait un commerce fort juteux.
Quel lien, me direz-vous avec le début de l’histoire ? J’y viens.
C’est ainsi qu’elle m’avait vendu Oscar Gonzalez pour un bras, vaccins antirabiques et tatouages non compris. Cette adorable boule de poils, issue paraît-il du croisement de Feu au Cul et d’un Lynx domestique, fut, il y a deux ans, mon cadeau d’anniversaire à ma chère et tendre Pénélope.
Le chaton dut son patronyme à ses origines sud-américaines supposées et à son transfert de la panière de la loge décorée aux couleurs de Porto à la panière à linge sale de chez moi, sans parler d’une tâche triangulaire qui orne son cou à la manière d’une barbichette.
« Je sais ce que tu vas dire, qu’on ne rend pas un cadeau, que c’est à moi d’assumer. En même temps, je ne t’avais rien demandé et… je crois en plus que je suis allergique ! » reprit-elle en fouillant dans son sac à main une énième fois.
Selon les dires de Pénélope, il n’aurait visiblement pas supporté le déménagement et mal digéré la rupture de ses maîtres. Bref, le bel Oscar Gonzalez au pelage tacheté ne touchait plus une bille, ni à ses croquettes, et semblait sombrer dans une profonde dépression autant que l’on accepte l’idée d’anthropomorphisme.
« Un chat est plus attaché à un lieu qu’à des gens, précisa-t-elle en croisant ses jambes dénudées à mi-cuisse. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Décidément c’est une manie de vouloir me faire penser… Je pense que tu veux me refourguer le chat au débotté, mais je gardais cette réflexion pour moi.
La tête d’Oscar Gonzalez dépassait d’un sac en toile, l’animal me regardait de ses pupilles dorées et vides de toute expression notable. Parfois il battait des paupières, seul signe tangible de son appartenance au monde des vivants.
Pénélope rajouta en se mouchant qu’appeler ce chat comme un joueur de foot était autant ridicule qu’irresponsable, qu’on n’avait pas idée d’affubler un animal d’un tel nom à rallonge.
Je ne vis pas le rapport.
« Le LOOF* et tous les comportementalistes animaliers s’accordent à dire que le nom idéal pour un Felis Silvestris Catus, le chat de compagnie si tu préfères, doit être composé de deux syllabes au maximum. C’est scientifiquement prouvé mais toi tu t’en fous ! » continua-t-elle en malaxant son kleenex.
Mon ex avait soigneusement préparé sa diatribe et en faisait désormais appel aux organes officiels des félidés et autres spécialistes de tout poil pour étayer son argumentaire.
Je voyais maintenant mieux où elle voulait en venir. Pénélope essayait de me démontrer que le chat ne savait plus où il habitait et n’avait sans doute jamais su comment il s’appelait. D’où ce profond déséquilibre psychique pour un animal domestique et, en gros, j’en étais le seul responsable.
Bien joué.
En guise de réponse je calquai ma réaction sur celle du chat. Soit un faciès totalement inexpressif clignant parfois de l’œil pour humidifier ma cornée et puis c’est tout.
On frappa à ma porte.
Frapper le mot est faible, un tambourinage ininterrompu qui résonna comme un solo furieux de tam-tam qui en appelle à la guerre.
Ce tintamarre fit bondir Oscar Gonzalez hors du sac en toile. Le chat fila telle une torpille pour se planquer sous mon fauteuil club. Son endroit favori d’avant. Des retrouvailles qui ne m’enchantaient guère vu que le vieux club en cuir fauve arborait encore sur la face externe de son accoudoir les stigmates griffés de l’amour du matou pour la peau tannée.
J’ouvris la porte juste avant que le chambranle ne vole en éclats.
Bouli !
Ca alors ? Je l’aurais parié.
Ce sur quoi en revanche je n’aurais pas misé un kopek, c’était la présence des deux énergumènes qui l’encadraient. Un grand type black en costard blanc pailleté, coupe ridicule à l’iroquois et carrure de Mister T. L’autre plus petit et râblé portait une gabardine rapiécée, des mocassins en 51, un nez rouge vermillon et une perruque bouclée qui lui donnait l’apparence triviale d’un clown.
« C’est qui, des témoins de Jehova? » me demanda Pénélope en tendant son adorable cou vers le hall d’entrée.
J’haussai les épaules signifiant que je n’en savais strictement rien. D’ailleurs je préférais ne rien connaître des histoires de mon voisin. J’entrepris illico de leur fermer la porte au nez, mais l’avant-bras musculeux et dur comme une bûche de Mister T bloqua le battant avant de le repousser violemment.
Comme ça c’était clair, j’allais savoir.
Mon voisin grand amateur de Poker en ligne s’était mis en tête de jouer pour de vrai. Je veux dire à une vraie table avec des vrais gens, des vraies cartes, la vraie adrénaline et tout. Bouli n'avait rien trouvé de mieux qu'un cercle de jeu clandestin pour assouvir son besoin de sensations fortes.
La vraie boulette quoi.
Je l’imaginais facilement débarquant comme une fleur dans ce cagibi glauque où des filles en bikini fluo qui sentaient le stupre et l’ambre solaire rance vous vrillaient la tête à renfort de champagne bon marché et d’alcool de figue frelaté, une arrière-salle sordide et enfumée où les néons rouges piquaient les yeux autant que les vapeurs de shit.
Le hic de l’affaire c’est que Bouli y avait perdu plus que sa chemise hawaïenne. Le gros s’était fait plumer façon pigeonneau aux petits pois, à l’instar de celui qui lui sert de cervelle.
Sur un dernier et inconsidéré all in, cette andouille avait cumulé à la table une dette de près de six mille euros.
Consommations et gâteries non comprises. Soit 548, 70 € en sus.
Une paille.
Bisness is bisness…Bouli n’était pas exactement tombé sur des philanthropes, ni des très commodes.
Le délai accordé pour le remboursement étant dépassé, ses créanciers à lunettes noires et cigarillos cubains voulaient récupérer l’argent. Le Bouli étant aussi solvable qu’un lâché de césium-137 dans la mer de Chine, il m’avait tout naturellement désigné comme caution bancaire. Bien joué.
Et c’est là, que je vis débouler chez moi les deux porte-flingues en la personne de Mister T et l’autre clown.
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Fly
*LOOF (Livre Officiel des Origines Félines)