21-03-2005, 01:06
Diable dans 10 minutes le match va commencer, il faut que je m’échappe pour dépanner Néné.René c’est mon voisin, un poète maudit, un vieux célibataire du lundi au samedi.
Le dimanche il me sonne et aime bavasser de sa semaine passée, dans sa chambre de bonne. Et j’écoute en silence ses longues litanies sur les petits tracas de sa drôle de vie. Il habite au-dessus, il n’a plus qu’a descendre. Son blaze tout entier c’est René de Cessandre.
Son surnom RdC, c’est un peu terre à terre pour un homme élevé, vieil universitaire. Il manque de calcium m’a dit son médecin agitant le tocsin.
C’est pour ça que cet homme se nourrit de laitage, l’esprit de l’escalier c’est aussi son breuvage. Oubliant là, censeurs, critiques de tout poil, il brille tel un phénix dans la tiédeur du poêle.
Du laitage, du laitage, où vais-je trouver çà ? Dans la rue des Trois Mages il n’y a plus de forçat restant ouvert la nuit. punaise ! Je le sens mal et puis juste aujourd’hui faut que j’me fasse la malle !
Néné ! Le con de toi, je suis ton obligé, je te confie mon toit, écris en abrégé un peu ce que tu vois sur l’écran de télé, mon vieux, OpiOM compte sur moi alors faut bricoler.
Deux heures plus tard….
La vache j’ai traversé tout Marseille en courant pour dégotter du lait pour ce caramentran.
Pourvu qu’il ait noté comme prévu entre nous toutes les péripéties sinon j’suis dans les choux. bouse il s’est endormi ses pieds dans mes pantoufles j’vais pas mettre des gants, même pas une paire de moufles
Mais voila qu’il s’éveille, s’étirant doucement
" L’est tard ! " Murmure-t-il avec son ton charmant.
" Lait tard ! " L’écume aux lèvres répète-je excédé
" RdC sortez ou….. On rentre dans l’ère décès. " " Mais ne vous fiez pas à cette homophonie merci pour le laitage, je vous rends votre nid. C’est un malentendu, vulgaire quiproquo et voici pour la peine le match de Monaco. "
Nous partîmes cinq cents mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes vingt mille en arrivant au port.
Dans ce stade Louis II on est vraiment chez soi
On chante, on vocifère, on se casse la voix.
Volent les fumigènes, sortent les écharpes
Pour les tifos on mène facile contre des carpes.
Dans la tribune princière les yeux exorbités
Le prince Albert peuchère en est tout retourné.
C’est la composition des équipes annoncée
Celle de Monaco d’abord est énoncée
Roma est dans la cage, Maicon sur le côté
Modesto et Givet, c’est sûr on est gâté
Evra dans son couloir c’est encore plus véloce
Devant ça récupère Bernardi et Zikos
Kallon sur le flanc droit se doit d’alimenter
L’artiste Chevanton, son buteur patenté
Le grand Adebayor surnommé tête d’or
Espère de Plasil des centres hauts et forts.
Au tour des Marseillais, leurs noms sont ânonnés
Par un speaker local qui parle un peu du nez.
Barthez retrouve les bois qu’il a jadis gardés
Beye son couloir droit, Nakata le côté
Avec Méité, Dehu le but est défendu
La défense est puissante, Monaco prévenue
Prudent l’ami Troussier renforce son milieu
Pedretti est dans l’axe, c’est un choix judicieux
Entouré de coureurs : Olembe et Costa
Trois récupérateurs, on n’est pas des tatas
Deux artistes en soutien, Batlles, Samir Nasri
Chargés d’alimenter de caviar le gari
Orphelin en attaque de Marlet son compère
Péguy Luyindula notre unique repère.
L’arbitrage est confié au bon Monsieur Layec
Un homme d’expérience, pas un jeune blanc-bec.
C’est en bloc concentré qu’on ouvre les débats
On se parle, on échange, on tacle à tour de bras
Le milieu du terrain dégun veut le céder
Sur ce beau tapis vert, belle partie de dés.
Devant Luyindula, est un peu esseulé
Multipliant appels, les venues, les allées
Son rôle est bien ingrat il faut bien l’avouer
Dans ce pressing constant, l’est un peu lessivé.
Troussier, Didier Deschamps en très fins tacticiens
Replacent leurs joueurs, les jeunes comme les anciens
Le combat est loyal, la partie est serrés
Le match est d’importance, c’est une sacrée soirée.
Dehu se fait strapper la cuisse gauche serrée
Mais malgré son courage il ne fait plus qu’errer.
N’Diaye est appelé pour vite le remplacer
Tandis que Habib Beye au centre s’est replacé.
Vingt-quatre minutes viennent de s’écouler
Quand Plasil sur coup franc arrive à décaler
La tête de Maicon, on est dépucelé !
Chevanton déchaîné sème la zizanie
Et si ça continue on va baiser Fanny !
On perd tous les duels, on n’est pas querelleur
On court sans l’attraper le ballon est un leurre.
Bernardi récupère et donne en profondeur
Un ballon merveilleux à son copain buteur
Qui amorti du droit et fusille du gauche
Le grand Adebayor, deux zéros ça c’est moche !
C’est la quarante troisième minute écoulée
Il y a comme des voies d’eaux, une drôle de giboulée.
Troussier fait s’échauffer pour cette deuxième mi-temps
Un Barry frais junior au dribble déconcertant
Un drôle de gars Barry rapide et bon buteur
Dont tout un peuple espère le tir libérateur
L’OM joue plus haut et presse l’ASM
Il faut vite marquer pour que le doute sème.
Cinquante-Quatrième corner de Pedretti
Meité d’un coup de boule nous ouvre l’appétit
Il ne faut surtout pas quand le but est marqué
Enlever son maillot, sous peine de carton
Même si honoré d’avoir enfin claqué
On court tout excité faisant des sauts de moutons
C’est pas à Monaco le dimanche en nuitée
Que la tunique bleue est en principe ôtée !
Dans le kop marseillais, les fous sont de sorties
Ca pogote en cadence, ça saute, ça chante, ça rit
Les drapeaux flottent au vent, les écharpes moulinets
Font gonfler le virage d’une onde enrubannée.
Monaco fatigué multiplie les actions
Tel un boxeur sonné de plus en plus brouillon.
Les matchs accumulés, l’absence de cohésion
Nous laissent présager une bonne situation
Le KO n’est pas loin on en a l’intuition
D’un stade tout acquis attendons l’explosion.
Les Monégasques usés par leur longue saison
En manque de ressort n’ont pas de solution
Roma sur la lancée de ses dernières sorties
Retarde l’échéance, multiplie les sorties.
Mais nous nous découvrons et sur une contre-attaque
Une faute de Pedretti par un excès de niaque
Provoque un penalty que Nonda va tirer
Ca permet à Fabien enfin de s’illustrer.
On en restera là dans ce match au sommet
A chacun sa mi-temps, on peut les acclamer.
Le sort nous est contraire, la défaite assumée.
Redressons-nous mes frères, on a jusqu’à fin mai.
La bataille est perdue, la guerre n’est pas finie
Dans quinze jours arrivent les ennemis au nid.
Rendons grâce à Troussier, Cicérone éclairé
Mentor très écouté, aux conseils vénérés.
D’une équipe de moutons, perdue désorientée
Berger dans ce pastis, il a su cimenter,
Redonner la confiance, remonter le moral
D’un groupe incohérent à l’allure bancale.
Gageons que cette alliance d’un Pape et d’un sorcier
Étrange association, duo circonstancié
Conduise pour longtemps l’équipage bleu et blanc
Retrouvons le sourire d’un soir contre Milan.
" Je ne sais relater qu’en vers et le confesse
Écrire en prose me coûte, je cède à la paresse. "
" Grand merci mon Néné, je vais m’en contenter
Allez trinquons gaiement à notre belle amitié
Le verre est important quand il faut lait puiser ! "
" Le vers est important quand il faut l’épuiser ? "
Mon dieu ça recommence, arrête ton char René
Il est déjà fort tard, on va pas s’engrainer.
Rêvons dans nos pénates, soyons décontractés
Branché cent mille ouates à cette voie lactée…
Et comme le dit l’affable à son vieux pote au lait
" Il est bien corvéable mon voisin adulé. "
Cétacé