13-09-2005, 08:03
L’Anvers vaut-il l’endroit ? Hormis pour la tarte Tatin on peut s’interroger et comme ce déplacement ne va pas être du gâteau on peut se poser la question devant cette description un tantinet maussade du paysage.
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir…
…..Sacré Jacques ! On comprend sans peine qu’il pouvait avoir des moments de spleen et qu’il opta sur le tard pour les Marquises, ses plages et ses couchers de soleil sur le lagon.
Rémy de Gourmont en évoquant Anvers et sa redoutable pluie en mettait une couche avec son : " Dans les mauvais jours, l’air lui-même semble se métamorphoser en eau. Le ciel et l’Escaut ne font qu’un. "
Ca ne donne guère envie, faut le reconnaître surtout après avoir quitté les vertes pelouses ensoleillées de la Commanderie. Las, si les pelouses sont riantes les misérables résultats de ces six derniers mois n’incitent guère à la franche rigolade.
Une petite éclaircie est cependant apparue dans le Doubs, un pâle rayon de soleil dans ce championnat de grisaille.
En Coupe européenne le soleil brille de mille feux, de brillantes prémices contre les Suisses, de beaux lendemains contre les Romains, une soirée folle contre les Espagnols la logique voudrait que l’on touche les diamants contre les Flamands.
Heureux hasard Anvers est la première place mondiale pour le négoce des diamants bruts, autant vous dire que c’est le lieu rêvé pour que notre joyau du Niger puisse s’illustrer.
Un comptoir d’échange qui laisse froid le directeur sportif, chez le bon José on privilégie les bijoux de famille, une sorte de placement en Bourse.
Anvers a bâti sa renommée sur de fameux peintres de Rubens à Bruegel en passant par Van Dyck, les nôtres ne sont pas passé à la postérité( hormis notre Philou qui a gonflé son CCP durant son séjour phocéen) les nôtres disais-je, sont plutôt du genre à s’emmêler les pinceaux et ça fait tache sur le tableau !
" Un joueur d’échec, c’est comme la peinture s’il n’est pas brillant, il est mat ! " on pourrait transposer cet aphorisme du Wallon enfant de la patrie, Philippe Geluck, au footballeur olympien mais la saillie perdrait de son jus....si j’ose dire !
L’OM customisé Europe c’est une machine qui gagne, les maladroits de la ligue 1 se transforment en habiles footballeurs, sérieux à l’extérieur, ils emportent tout sur leur passage à domicile. On retrouve ce parfum si particulier qui fait exulter le supporter lambda lui faisant adopter des attitudes ridicules mais Ô combien réjouissantes !
On s’embrasse, on s’enlace ( en ce qui me concerne je ne m’en lasse jamais ) on pousse des petits cris stupides, bref on est heureux !
Dans cette épopée européenne les petits Marseillais bénéficient des conseils du grand argentier, subtil connaisseur du championnat belge :
_ Comment dire, j’ai trouvé Anvers lent.
Et Samir le sauvageon comprenant, en verlan, de répondre :
_ J’ai vétrou ! J’ai bon m’sieur ?" et devant la lèvre inférieure de Robert qui s’abandonne dubitative comme une asperge privée de son tuteur il jubile :
_ Truc de ouf ce keum c’est l’la balle !
Enchaînant par un :
_ Elles sont trop mortel tes guetons .
Pauvre Robert, vraiment rien ne lui aura été épargné durant son long et interminable séjour marseillais. Sans compter que plus son cigare raccourcit et plus il doit tendre le bras vers son cendrier, un homme d’affaire a aussi ses soucis !
Grâce à Dieu ( quoique je doute de son influence sur ce coup là, il est certes omnipotent mais faut quand même pas exagérer) notre bailleur du fond des loges adore l’envers soie, souvenir d’une enfance satinée où la cuillère d’argent en guise de tétine il déambulait dans la propriété familiale.
Aujourd’hui ses doublures sont plus poly-amibes que pur shantung.
L’envers soie, c’est doux, ça glisse, ça caresse, rien à voir avec l’envers laine irritant des poètes maudits.
C’est peut-être pour cela, rejetant cette enfance soyeuse, qu’il s’attife vulgairement, véritable apanage du riche.
D’aucun trouve qu’il manque d’étoffe, ce qui paradoxalement ferait que son équipe s’effiloche. Quand Lyon capitale de la soierie curieusement rayonne l’OM file du mauvais coton ! Alors on sort les calicots, sans faire dans la dentelle surtout quand, l’équipe laissant flotter les rubans, pédale dans la mousseline.
Notre vénéré président, qui a pris du galon use souvent de biais pour expliquer le manque de billets. C’est son côté retors.
Tout part en quenouille, déjà qu’on ne supportait pas la bobine de Phil !
Il y a longtemps que l’on n’a plus de coupes, on se contente de coupons.
La défense est empesée.
Le pressing insuffisant !
José le dégraisseur a bien tenté de supprimer quelques tâches utilisant les méthodes conjointes dites " de la blanchisseuse " et du " je compte jusqu’à Troyes " mais il reste encore quelques auréoles qui ne sont pas prêtes de coiffer des saints.
Pourtant la faiblesse supposée de l’adversaire nous laisse penser que le danger est ailleurs ( passage à lire à haute voix merci ) on évitera les revers trop longtemps à la mode du côté du Vélodrome et sans pour autant songer à une victoire à plate couture, un point allant droit amenant naturellement un point à l’Anvers.
Dans les matchs à l’extérieur Jean Fernandez a deux grands principes : prudence, prudence ! A lui de confectionner une tactique opportune consistant à border les extérieurs, éviter les accrocs et à défaut multiplier les reprises surtout si elles sont de volées et tant qu’à faire dans la lucarne opposée. Les parties de tricot dans les seize mètres sont prohibées. Les joueurs de couloir sont instamment priés de repiquer au centre. Les plus combatifs pourront froncer les sourcils afin d’impressionner l’adversaire et les remplaçants, parfaites doublures, ne feront plus tapisserie et devront être prêts a en découdre…
" Sans cesse sur le métier remettez votre ouvrage " annone le Jeannot à ses petites mains tous les matins d’entraînement histoire de ne pas perdre le fil….
Aux joueurs de le renouer afin de tisser une légende à la trame solide.
Allez lets go to l’Escaut !
Cetace