25-01-2008, 20:22
Il en est souvent de ces destins croisés entre deux êtres, deux entités que tout oppose. Rien ne prédisposait en effet une rencontre anodine, épisodique même, quelques fois par an, dans les bonnes années, de ces deux clubs. De longues diatribes ne suffiront jamais à expliquer ce petit quelque chose de sous-jacent, cette étincelle discrète qui fait frétiller les synapses de l'imagination.
En effeuillant les quelques pages d'un historique rapide, on peut s'apercevoir que chacune de ces rencontres a vu se concrétiser au minimum un tremblement de filet, sans jamais que les rendez-vous ne virent à un non-sens amoureux, chacun a conclu à son avantage et à tour de rôle les parades séductrices.
Le bellâtre marseillais, sûr de lui, de ses conquêtes précédentes, dont certaines célèbres, est fort de son expérience, de son potentiel physique et traîne derrière lui toute une cour de fervents prétendants, ou de simples admirateurs. On ne parle que de lui, même si son charme d'antan a laissé place à des amourettes déchues. Quelques histoires qui frôlent l'extase et qui retombent, coït interrompu, la théorie du retrait appliqué au cuir. Certains croient encore en lui, il a encore de sa superbe c'est vrai. Beaucoup ont développé un certain scepticisme, ironiquement appelé réalisme. Jamais du temps de sa glorieuse époque de conquêtes effrénées, il n'a subi autant de quolibets, discrets certes, mais blessants tout de même. Il s'imagine encore avoir quelques années devant lui pour, une fois encore, côtoyer les sommets de son art. On lui reproche souvent son arrogance, sa manie de se moquer des moins influents que lui, sournoisement le plus souvent. C'est son fonds de commerce. Il n'a que ça pour continuer à faire parler de lui, faire semblant d'être encore aujourd'hui ce qu'il a été il y a longtemps. Point de tristesse malgré tout, cet état de fait n'est pas une fatalité en soi, le meilleur est souvent à venir, même si on ne sait jamais combien de temps attendre. Il espère, encore et toujours, lui et ses plus fidèles d'entre les fidèles.
Le dandy caennais est bien différent. Beaucoup plus discret, son caractère besogneux fait ressortir un aspect négligé et pratiquement amateur dans les joutes oratoires qui prédisent les jeux amoureux. Il n'en mène pas large, son capital séduction n'est pas le plus élevé, c'est le moins qu'on puisse dire. Il est distant, froid et sa culture peut paraître quelque peu rustique. Elle l'est en réalité. C'est au cur du terroir de son enfance qu'il puise la quintessence de sa volonté. Car à n'en pointe douter, bien qu'il faille tenir compte de sa faiblesse, il n'en a pas moins un orgueil dangereux. Dangereux car imprévisible, et souvent d'une violence rare. Le revers sentimental lors de sa dernière venue dans les appartements marseillais était ainsi mélodramatique, par trois fois revenant à la charge et crucifiant son malheureux éconduit, bien trop sûr de lui.
Si je vous narre cette papillonade, c'est pour vous préciser que ces deux passionnés vont de nouveau se rencontrer. Encore une fois, l'incertitude plane au-dessus des têtes et des curs, qui de l'impétueux phocéen ou de l'impertinent normand va dominer ce télescopage nuptial ? Qui aura au fond de lui la volonté farouche de dominer l'autre, de s'affirmer comme l'initiateur d'une possible amourette ?
Rien ne saurait être plus appréciable que l'indécision, c'est la magie des rencontres de ne jamais savoir à l'avance comment les évènements vont se dérouler.
Laissons les se jauger, s'apprécier, se toiser, se méfier, et conclure, l'un ou l'autre, dans la plus pure tradition du jeu. Point de pari sur le vainqueur, le spectacle vaut toujours plus que 3 points.