21-11-2009, 18:29
"Depuis la Révolution Française, se développe une vicieuse tendance crétinatrice qui tend a faire considérer par tout un chacun, que les génies [...] sont des être humains plus ou moins semblables en tout point du restant du commun des mortels. Ceci est faux. Et ceci est faux, pour moi qui suis, à notre époque, le génie à la spiritualité la plus vaste, un véritable génie moderne, ceci est encore plus faux pour les génies qui incarnèrent le sommet de la Renaissance, tel Raphaël génie quasi divin.[...] Telles sont les raisons uniques et prodigieuses , mais strictement véridiques qui font que tout ce qui va suivre, du début à la fin (et sans que j'y sois pour rien) sera génial d'une façon ininterrompue et inéluctable, rien que par le seul fait qu'il s'agit du Journal fidèle de votre fidèle et humble serviteur."
Cétait la phrase dintroduction de mon journal intime, à une époque révolue où je ne savais pas encore ce quétait la cyprine ou les poils pubiens. Cest évidemment de moi, bien que la légende tente de démontrer que cest luvre dun obscur gratte-papier dont lHistoire na pas daigné retenir le nom.
Puis, comme lOM face à Madrid, je me suis rendu compte que lenvie nest pas suffisante, il faut du talent et surtout du travail. Et à 14 ans on préfère aller voler des cerises dans le jardin du voisin que de simprégner de littérature. La suite logique est quun beau jour on se rend soudain compte quon préfère lire un vieux FHM aux toilettes plutôt que quelques pages dEllroy. Dure prise de conscience.
Il sest passé la même chose avec lOM. On grandit en étant supporter du plus grand club du monde, puis sans sen rendre compte ce nest plus quun club de D2. Et la prise de conscience cest le nombre croissant de saisons vierges de titres. Certes, on vit dans lespoir de jours meilleurs, mais à chaque fois quon est proche de toucher au but lOM réussit à nous décevoir, à briser ce petit rêve quon avait en début de saison. Après la défaite contre Sochaux en 2006, tout le monde était abattu et il a fallu que le grand cétacé sorte de son portefeuille les photos de ses filles pour nous remonter le moral, effet immédiat pour saccrocher un sourire pour les deux heures dautoroute à venir et mettre de côté le pénalty de Ronnie Z. et la défilade de Ribéry.
Cette capacité à se sublimer, avant de seffondrer comme une petite vieille à lannonce de larrêt de la diffusion de la Chance aux Chansons, cest exactement ce qui sest passé contre Milan au match aller. LOM domine, lOM joue bien, mais lOM perd.
La goleada contre Zürich peut nous sauver, on aborde les deux derniers matchs avec une différence de but positive. Il suffit de ramener 4 points lors de ces deux matchs pour survivre en cette Ligue des Champignons dont on est à jamais les premiers. Facile à dire, difficile à faire, dur dy croire réellement. Mais si les cuicuis de la Mère Cass se bougent le maffre avec la même envie quen mai 93, lOM pourra accéder aux huitièmes et ainsi se faire allègrement défoncer la rondelle par Chelsea avec en bonus la vision dhorreur ultime, Didier Drogba marquant au Vélodrome. De toute façon Pepe el Brujo, aka iMerle qui nous manque dailleurs, a marabouté le Real donc bon hein, normalement on sen sortira.
Mais jai confiance, jai même appelé mon ficus Lucho Gonzalez. Si les joueurs vont à San Siro en espérant seulement faire un résultat ils vont se faire tordre, alors que si ils ont confiance en leurs capacités, un résultat positif sera envisageable. Lespoir seul nest pas suffisant, et ça ne sapplique pas quau football. Un participant du forum aux goûts vestimentaires atroces parlait de limportance davoir confiance en soi avant dattaquer une fille. Si tu pars en ayant espoir de tremper ton membre, ou en craignant la veste, tu vas prendre un billet retour direction DTC, dans ton célibat.
Cest pourquoi les rares moments où lopposé se produit, quand les planètes salignent et quon se retrouve dans la situation de la proie il ne faut jamais hésiter. Bon, forcément si elle nest pas potable on va éviter et prétexter un rencard à la piscine, mais dans tous les autres cas il faut foncer. Surtout quand elle est scandaleusement attirante. Un remord est plus digérable quun regret. Jai vite zappé mes remords dêtre un jour entré dans une maison close, alors que jaurais eu des regrets de ne jamais avoir sniffé une ligne sur le ventre dune mexicaine aux seins refaits. Car bizarrement les regrets sincrustent plus profondément.
Jétais en couple à ce moment, la miss en voyage à Madrid pour une conférence à la con sur les produits de beauté hors de prix que les riches ridées peuplant Marbella sarracheront lan prochain. Pas forcément un couple sérieux et avec une histoire forte, mais dans mon cas passer plus dun mois avec la même fille est généralement une sorte dexploit. Japprochais de mon record des 3 mois et demi et pourtant rien ne semblait annoncer la fin, je nétais pas encore lassé.
Javais rejoins mon petit groupe dhabituels fêtards dans un café-bar pijo de Puerto Banus. Déco tout en blanc, bar/cuisine au centre, une horde de jeunes filles fringuées comme des catins de palaces, les hommes en pantalon à pinces, chemise rentrée et petit pull noué sur les épaules. Luniforme duniversité dété de lUMP, avec le Pento et les pattes larges en prime. Je nétais pas dans mon élément, je me sentais un peu mal à laise avec mon vieux jean et ma chemise noire délavée. Mais Porras avait insisté pour venir dans ce bar goûter les tapas, qui étaient selon son boss « exceptionnelles». Je ne voyais pas en quoi de la Pata Negra et du queso frito étaient exceptionnels en Espagne, mais le reste du groupe navait pas voulu mécouter. Heureusement les prix atroces ont vite forcé tout le monde à changer dair après la deuxième tournée de Moscatel. Hors de question de rentrer chez soi avant minuit, ce n'est pas quelque chose qui fait partie de la culture espagnole. Il fallait quon trouve un autre endroit pour faire la bringue, et en bon mercredi soir de mai il ny avait que deux possibilités : soit le port et ses bars à touristes remplis de britons bourrés et de prostituées roumaines à 50, soit un club en plein paseo maritimo qui accueille chaque semaine des groupes locaux. Angel étant plutôt contre dépenser plus de 7 pour un demi Johnny Walker, on a pris une paire de taxis direction centre-ville.
Le taxi nous dépose devant lentrée, il y a une queue de quatre kilomètres de long, je me dis quentrer va être pénible. Je viens dans ce bar plus de trois fois par semaine, on me connaît, je tente donc de tchatcher avec les vigiles pour gruger tout le monde et éviter de perdre une heure à fumer des clopes sans pouvoir les accompagner dune bière. Bingo. Lex de ma colloc nous fait passer pendant quune bande de petits cons qui attendent depuis des lustres juste devant lentrée protestent.
Le bar est quasi blindé, je file difficilement aux toilettes acheter des clopes, le temps de revenir et de mextirper de cet amas despagnols, la première tournée est déjà commandée. Je me contente dune Heineken toute fraiche, la ventilation ne marchant quà moitié. Quand je me murge au rhum-cola jai des envies despace ou ne serait-ce que dair frais, ce qui est difficilement conciliable avec quinze mètres carrés de piste de danse à plus de 30° dans lesquels il est impossible de tendre le bras sans éborgner quelquun. On se cale face à la scène en jouant des coudes et on dégage dune table haute deux guiris. Le groupe qui joue ce soir est en plein revival de vieux tubes espagnols, je suis le seul du bar qui ne chante/gueule pas, je me contente de sauter en rythme pour ne pas paraître malpoli. La musique est bonne mais ne me parle pas, contrairement à lensemble des clients cest la première fois que jécoute chaque chanson. Chupi me donne le titre de chacune dentre elles, je les marque dans mon téléphone histoire dhadopiser le tout le lendemain et travailler ma culture paëlla.
Le groupe attaque des reprises internationales avec quelques morceaux de RHCP, Mendoza me propose de partir en chasse, je lui réponds quelque chose comme « vas te faire arracher les dents, je suis en couple » mais en bon wingman je lui indique du bout de ma cigarette un groupe dune vingtaine dannées à ma droite, au comptoir. Elles sont plutôt attirantes et visiblement bourrées, notre cur de cible habituel. Mendoza stoppe comme un chien darrêt et file engager la conversation. Je me concentre sur une reprise désastreuse de Otherside et sur mon fond de bière, la quatrième simpatiente dans le frigo du bar. Je me dirige au comptoir et écarte délicatement par la taille une jolie petite brune qui me gêne le passage. On échange un sourire. Une fois la bière payée je mallume une clope, et celle qui était quelques secondes auparavant un simple obstacle me taxe du feu. Comme des mouches devant un bel étron tout frais ses copines viennent en faire de même et je me transforme en distributeur de flamme. La petite brune me dit à loreille que je pourrais me faire un peu dargent si je faisais payer.
« Ça ne serait pas très gentleman, non ? Et puis je suis contre la non-assistance à personnes en danger. »
-Cest la crise, quelle répond en éclatant de rire, tous les coups sont permis pour se faire un peu dargent. Et puis la bière est chère.
Elle dit ça en agitant son fond de bouteille, il va de soit que jharponne alors le barman pour un refill. On trinque, et en souriant elle dévoile un diamant à côté de son incisive gauche. Curieux, je décide den savoir plus, cest la première fois que jai la chance de discuter avec quelquun en ayant un. On papote cinq minutes de sa dentition, puis elle me laisse pour filer al baño. Dun coin de lil je lobserve alors quelle sengouffre dans la foule. Petit jean moulant retroussé à mi-mollet, t-shirt noir laissant le dos nu et talons noirs fins. Coup de coude de Caña qui me regarde dun air de dire « Bien joué compadre ». Je hausse les épaules, et lui dit que je ne suis pas intéressé. Il retourne à son rhum-fanta citron semblant ne pas comprendre pourquoi.
Le groupe attaque les reprises des Stones, on sy croirait presque sans laccent andalou et la tête de banquier du chanteur. Après Start Me Up la brune revient vers ses amies. Jattrape ma bière, je cul-sec la fin, et avant davoir eu le temps de dire « haydjan est poilu » on me tend sa remplaçante. La petite brune. Comme ça on est quitte, quelle me dit. Je lui réponds que pour lêtre elle devra mallumer.
« Jy travaille, jy travaille »
Jéclate de rire, on trinque. Pendant tout Gimme Shelter elle me pose des questions sur mon job, lambiance du bar, ou si ce sont mes amis les quatre qui sautent comme des pucelles le feraient devant Zac Effron. Je lui dis quil en manque un cinquième, celui qui a sa langue dans la lsophage dune de ses amies. Elle est à court de clopes, on partage une Camel. Au fur et à mesure de la conversation je me rends compte quon nest pas seulement en train de faire connaissance. Me sentant chassé pour la première fois depuis longtemps je me colle un sourire idiot. Quand une jolie fille a la gentillesse de sintéresser à vous il est malpoli de refuser. Au bout dun moment elle remarque mon accent français. Pour lui épargner un cours de géographie cévenole je dis que je viens de Marseille. Elle était en vacances juste à côté lan dernier, à Cannes. Je ne relève même pas.
« Tu sais, avant au collège jétais plutôt bonne, en français. Mais jai tout perdu, je ne sais plus que »
Et elle me sort lattirail habituel, je mappelle, jai tel âge, un-deux-trois, ouh làlà et autres subtils lyrics de Lady Marmelade.
« Cest parce que tu pratique peu, si tu prenais des cours ou parlait avec quelquun tu progresserais. »
-Les cours ne mintéressent pas. Et je navais jamais rencontré quelquun avec qui pratiquer
Jallume une clope sans lui en proposer une, jai le sentiment quon va dans une direction glissante. Je réponds de lair le plus désintéressé possible quil nest jamais trop tard pour commencer.
« Il est quatre heures du matin, ce nest pas trop tard pour toi jespère ? »
Elle me dit ça en collant son entre-jambe à ma cuisse, difficile de faire plus subtil. On vient darriver à linstant décisif. Je suis plus tendu que Di Biagio avant de tirer son pénalty en 98. Sauf quil ny a ni gloire ni honte en perspective, juste une demi-heure de levrette à larrière dune Clio. Ou pas, elle a peut-être une Corsa. Etant encore vaguement lucide je me rends compte que ce n'est pas forcément une bonne idée de continuer dans ce petit jeu. Je liste mentalement toutes les raisons qui font que ce serait un désastre, jimagine lembarras dans lequel je serais en face de la miss dans deux jours à son retour de Madrid, jessaie de trouver une jolie phrase de sortie classieuse à cette situation dangereuse mais si peu désagréable. Ça a dû probablement durer une demi-seconde, mais jai limpression dy avoir passé un quart dheure. Après mêtre enfin convaincu que ce serait une erreur terrible d'y tremper les doigts, je me tourne vers elle près à lui débiter un inhabituel monologue d'homme fidèle. Mais au lieu de réussir à planter mon regard dans le sien, lalcool me fait trébucher les yeux directement dans le creux de son décolleté. Je bloque un peu devant cette vision des plus accueillantes, et réussis au prix dun effort désespéré à relever la tête. Elle me regarde droit dans les yeux en se mordillant la lèvre inférieure. Je jurerai quelle est en train de sapprocher en se mettant sur la pointe des pieds si elle nétait pas déjà en talons hauts. Peut-être est-ce moi qui me baisse.
Le contact de son diamant me procure une miraculeuse prise de conscience et lève le voile lubrique de lalcool. Je lui prends la taille et lécarte doucement. Je réussi à lui dire enfin que je suis en couple, elle fait la moue et cherche dans la foule celle qui pourrait être sa rivale. Je lui dis quelle nest pas là ce soir, elle magrippe les épaules et repart pour le second round. Entre deux assauts je lui dis ce que jaurais dû dire depuis un bon moment, que je ne suis ni disponible, ni intéressé. Du moins pas ce soir. Elle sécarte, visiblement peu ravie. Je lui sors une superbe phrase bateau, que ce nest pas à cause delle, quen dautres circonstances ça aurait terminé différemment, blablabla. Elle sourit du coin de la bouche et me tend une carte de visite, « Pour quand tu changeras davis » Une bise sur la joue et elle fond dans la foule. Je retrouve mes esprits, me tourne vers Porras et lui fait signe quil est peut-être temps dy aller. Lui et les autres ont lair fracassés, ils me suivent sans broncher, même Mendoza et son suçon dans le cou. En attendant le taxi je fais promettre à cet aréopage de loques humaines de ne jamais parler de cette soirée à qui de droit, bien que je ne sois pas sûr que dans leur état ils aient calculé grand chose.
Pour la petite histoire, jai logiquement appelé la petite brune quelques semaines plus tard quand je me suis trouvé disponible, mais forcément cétait trop tard, elle commençait à sortir avec un gars. Mauvais timing quelle a dit
Et on terminera sur cet echec, pour que cet edito ait un vrai rapport avec le match. Car il serait peut-être temps que lOM montre enfin son vrai potentiel, un mauvais timing entrainerait des regrets en cette Ligue des Champions. Ca, c'est fait, d'un coup je viens de faire le lien entre l'introduction et la fin du texte et je peux enfin vous laisser tripatouiller en paix le topic du match où les plus footeux dentre nous posteront des compos déquipes et autre « NNNIIIIIAAAAANNNNNGGGGGGG !!!!!!! (+ 18 divers smileys bondissants)», le tout ayant un vrai rapport avec le foot, lOM et la Champions League.
Fanbird, out.
Cétait la phrase dintroduction de mon journal intime, à une époque révolue où je ne savais pas encore ce quétait la cyprine ou les poils pubiens. Cest évidemment de moi, bien que la légende tente de démontrer que cest luvre dun obscur gratte-papier dont lHistoire na pas daigné retenir le nom.
Puis, comme lOM face à Madrid, je me suis rendu compte que lenvie nest pas suffisante, il faut du talent et surtout du travail. Et à 14 ans on préfère aller voler des cerises dans le jardin du voisin que de simprégner de littérature. La suite logique est quun beau jour on se rend soudain compte quon préfère lire un vieux FHM aux toilettes plutôt que quelques pages dEllroy. Dure prise de conscience.
Il sest passé la même chose avec lOM. On grandit en étant supporter du plus grand club du monde, puis sans sen rendre compte ce nest plus quun club de D2. Et la prise de conscience cest le nombre croissant de saisons vierges de titres. Certes, on vit dans lespoir de jours meilleurs, mais à chaque fois quon est proche de toucher au but lOM réussit à nous décevoir, à briser ce petit rêve quon avait en début de saison. Après la défaite contre Sochaux en 2006, tout le monde était abattu et il a fallu que le grand cétacé sorte de son portefeuille les photos de ses filles pour nous remonter le moral, effet immédiat pour saccrocher un sourire pour les deux heures dautoroute à venir et mettre de côté le pénalty de Ronnie Z. et la défilade de Ribéry.
Cette capacité à se sublimer, avant de seffondrer comme une petite vieille à lannonce de larrêt de la diffusion de la Chance aux Chansons, cest exactement ce qui sest passé contre Milan au match aller. LOM domine, lOM joue bien, mais lOM perd.
La goleada contre Zürich peut nous sauver, on aborde les deux derniers matchs avec une différence de but positive. Il suffit de ramener 4 points lors de ces deux matchs pour survivre en cette Ligue des Champignons dont on est à jamais les premiers. Facile à dire, difficile à faire, dur dy croire réellement. Mais si les cuicuis de la Mère Cass se bougent le maffre avec la même envie quen mai 93, lOM pourra accéder aux huitièmes et ainsi se faire allègrement défoncer la rondelle par Chelsea avec en bonus la vision dhorreur ultime, Didier Drogba marquant au Vélodrome. De toute façon Pepe el Brujo, aka iMerle qui nous manque dailleurs, a marabouté le Real donc bon hein, normalement on sen sortira.
Mais jai confiance, jai même appelé mon ficus Lucho Gonzalez. Si les joueurs vont à San Siro en espérant seulement faire un résultat ils vont se faire tordre, alors que si ils ont confiance en leurs capacités, un résultat positif sera envisageable. Lespoir seul nest pas suffisant, et ça ne sapplique pas quau football. Un participant du forum aux goûts vestimentaires atroces parlait de limportance davoir confiance en soi avant dattaquer une fille. Si tu pars en ayant espoir de tremper ton membre, ou en craignant la veste, tu vas prendre un billet retour direction DTC, dans ton célibat.
Cest pourquoi les rares moments où lopposé se produit, quand les planètes salignent et quon se retrouve dans la situation de la proie il ne faut jamais hésiter. Bon, forcément si elle nest pas potable on va éviter et prétexter un rencard à la piscine, mais dans tous les autres cas il faut foncer. Surtout quand elle est scandaleusement attirante. Un remord est plus digérable quun regret. Jai vite zappé mes remords dêtre un jour entré dans une maison close, alors que jaurais eu des regrets de ne jamais avoir sniffé une ligne sur le ventre dune mexicaine aux seins refaits. Car bizarrement les regrets sincrustent plus profondément.
Jétais en couple à ce moment, la miss en voyage à Madrid pour une conférence à la con sur les produits de beauté hors de prix que les riches ridées peuplant Marbella sarracheront lan prochain. Pas forcément un couple sérieux et avec une histoire forte, mais dans mon cas passer plus dun mois avec la même fille est généralement une sorte dexploit. Japprochais de mon record des 3 mois et demi et pourtant rien ne semblait annoncer la fin, je nétais pas encore lassé.
Javais rejoins mon petit groupe dhabituels fêtards dans un café-bar pijo de Puerto Banus. Déco tout en blanc, bar/cuisine au centre, une horde de jeunes filles fringuées comme des catins de palaces, les hommes en pantalon à pinces, chemise rentrée et petit pull noué sur les épaules. Luniforme duniversité dété de lUMP, avec le Pento et les pattes larges en prime. Je nétais pas dans mon élément, je me sentais un peu mal à laise avec mon vieux jean et ma chemise noire délavée. Mais Porras avait insisté pour venir dans ce bar goûter les tapas, qui étaient selon son boss « exceptionnelles». Je ne voyais pas en quoi de la Pata Negra et du queso frito étaient exceptionnels en Espagne, mais le reste du groupe navait pas voulu mécouter. Heureusement les prix atroces ont vite forcé tout le monde à changer dair après la deuxième tournée de Moscatel. Hors de question de rentrer chez soi avant minuit, ce n'est pas quelque chose qui fait partie de la culture espagnole. Il fallait quon trouve un autre endroit pour faire la bringue, et en bon mercredi soir de mai il ny avait que deux possibilités : soit le port et ses bars à touristes remplis de britons bourrés et de prostituées roumaines à 50, soit un club en plein paseo maritimo qui accueille chaque semaine des groupes locaux. Angel étant plutôt contre dépenser plus de 7 pour un demi Johnny Walker, on a pris une paire de taxis direction centre-ville.
Le taxi nous dépose devant lentrée, il y a une queue de quatre kilomètres de long, je me dis quentrer va être pénible. Je viens dans ce bar plus de trois fois par semaine, on me connaît, je tente donc de tchatcher avec les vigiles pour gruger tout le monde et éviter de perdre une heure à fumer des clopes sans pouvoir les accompagner dune bière. Bingo. Lex de ma colloc nous fait passer pendant quune bande de petits cons qui attendent depuis des lustres juste devant lentrée protestent.
Le bar est quasi blindé, je file difficilement aux toilettes acheter des clopes, le temps de revenir et de mextirper de cet amas despagnols, la première tournée est déjà commandée. Je me contente dune Heineken toute fraiche, la ventilation ne marchant quà moitié. Quand je me murge au rhum-cola jai des envies despace ou ne serait-ce que dair frais, ce qui est difficilement conciliable avec quinze mètres carrés de piste de danse à plus de 30° dans lesquels il est impossible de tendre le bras sans éborgner quelquun. On se cale face à la scène en jouant des coudes et on dégage dune table haute deux guiris. Le groupe qui joue ce soir est en plein revival de vieux tubes espagnols, je suis le seul du bar qui ne chante/gueule pas, je me contente de sauter en rythme pour ne pas paraître malpoli. La musique est bonne mais ne me parle pas, contrairement à lensemble des clients cest la première fois que jécoute chaque chanson. Chupi me donne le titre de chacune dentre elles, je les marque dans mon téléphone histoire dhadopiser le tout le lendemain et travailler ma culture paëlla.
Le groupe attaque des reprises internationales avec quelques morceaux de RHCP, Mendoza me propose de partir en chasse, je lui réponds quelque chose comme « vas te faire arracher les dents, je suis en couple » mais en bon wingman je lui indique du bout de ma cigarette un groupe dune vingtaine dannées à ma droite, au comptoir. Elles sont plutôt attirantes et visiblement bourrées, notre cur de cible habituel. Mendoza stoppe comme un chien darrêt et file engager la conversation. Je me concentre sur une reprise désastreuse de Otherside et sur mon fond de bière, la quatrième simpatiente dans le frigo du bar. Je me dirige au comptoir et écarte délicatement par la taille une jolie petite brune qui me gêne le passage. On échange un sourire. Une fois la bière payée je mallume une clope, et celle qui était quelques secondes auparavant un simple obstacle me taxe du feu. Comme des mouches devant un bel étron tout frais ses copines viennent en faire de même et je me transforme en distributeur de flamme. La petite brune me dit à loreille que je pourrais me faire un peu dargent si je faisais payer.
« Ça ne serait pas très gentleman, non ? Et puis je suis contre la non-assistance à personnes en danger. »
-Cest la crise, quelle répond en éclatant de rire, tous les coups sont permis pour se faire un peu dargent. Et puis la bière est chère.
Elle dit ça en agitant son fond de bouteille, il va de soit que jharponne alors le barman pour un refill. On trinque, et en souriant elle dévoile un diamant à côté de son incisive gauche. Curieux, je décide den savoir plus, cest la première fois que jai la chance de discuter avec quelquun en ayant un. On papote cinq minutes de sa dentition, puis elle me laisse pour filer al baño. Dun coin de lil je lobserve alors quelle sengouffre dans la foule. Petit jean moulant retroussé à mi-mollet, t-shirt noir laissant le dos nu et talons noirs fins. Coup de coude de Caña qui me regarde dun air de dire « Bien joué compadre ». Je hausse les épaules, et lui dit que je ne suis pas intéressé. Il retourne à son rhum-fanta citron semblant ne pas comprendre pourquoi.
Le groupe attaque les reprises des Stones, on sy croirait presque sans laccent andalou et la tête de banquier du chanteur. Après Start Me Up la brune revient vers ses amies. Jattrape ma bière, je cul-sec la fin, et avant davoir eu le temps de dire « haydjan est poilu » on me tend sa remplaçante. La petite brune. Comme ça on est quitte, quelle me dit. Je lui réponds que pour lêtre elle devra mallumer.
« Jy travaille, jy travaille »
Jéclate de rire, on trinque. Pendant tout Gimme Shelter elle me pose des questions sur mon job, lambiance du bar, ou si ce sont mes amis les quatre qui sautent comme des pucelles le feraient devant Zac Effron. Je lui dis quil en manque un cinquième, celui qui a sa langue dans la lsophage dune de ses amies. Elle est à court de clopes, on partage une Camel. Au fur et à mesure de la conversation je me rends compte quon nest pas seulement en train de faire connaissance. Me sentant chassé pour la première fois depuis longtemps je me colle un sourire idiot. Quand une jolie fille a la gentillesse de sintéresser à vous il est malpoli de refuser. Au bout dun moment elle remarque mon accent français. Pour lui épargner un cours de géographie cévenole je dis que je viens de Marseille. Elle était en vacances juste à côté lan dernier, à Cannes. Je ne relève même pas.
« Tu sais, avant au collège jétais plutôt bonne, en français. Mais jai tout perdu, je ne sais plus que »
Et elle me sort lattirail habituel, je mappelle, jai tel âge, un-deux-trois, ouh làlà et autres subtils lyrics de Lady Marmelade.
« Cest parce que tu pratique peu, si tu prenais des cours ou parlait avec quelquun tu progresserais. »
-Les cours ne mintéressent pas. Et je navais jamais rencontré quelquun avec qui pratiquer
Jallume une clope sans lui en proposer une, jai le sentiment quon va dans une direction glissante. Je réponds de lair le plus désintéressé possible quil nest jamais trop tard pour commencer.
« Il est quatre heures du matin, ce nest pas trop tard pour toi jespère ? »
Elle me dit ça en collant son entre-jambe à ma cuisse, difficile de faire plus subtil. On vient darriver à linstant décisif. Je suis plus tendu que Di Biagio avant de tirer son pénalty en 98. Sauf quil ny a ni gloire ni honte en perspective, juste une demi-heure de levrette à larrière dune Clio. Ou pas, elle a peut-être une Corsa. Etant encore vaguement lucide je me rends compte que ce n'est pas forcément une bonne idée de continuer dans ce petit jeu. Je liste mentalement toutes les raisons qui font que ce serait un désastre, jimagine lembarras dans lequel je serais en face de la miss dans deux jours à son retour de Madrid, jessaie de trouver une jolie phrase de sortie classieuse à cette situation dangereuse mais si peu désagréable. Ça a dû probablement durer une demi-seconde, mais jai limpression dy avoir passé un quart dheure. Après mêtre enfin convaincu que ce serait une erreur terrible d'y tremper les doigts, je me tourne vers elle près à lui débiter un inhabituel monologue d'homme fidèle. Mais au lieu de réussir à planter mon regard dans le sien, lalcool me fait trébucher les yeux directement dans le creux de son décolleté. Je bloque un peu devant cette vision des plus accueillantes, et réussis au prix dun effort désespéré à relever la tête. Elle me regarde droit dans les yeux en se mordillant la lèvre inférieure. Je jurerai quelle est en train de sapprocher en se mettant sur la pointe des pieds si elle nétait pas déjà en talons hauts. Peut-être est-ce moi qui me baisse.
Le contact de son diamant me procure une miraculeuse prise de conscience et lève le voile lubrique de lalcool. Je lui prends la taille et lécarte doucement. Je réussi à lui dire enfin que je suis en couple, elle fait la moue et cherche dans la foule celle qui pourrait être sa rivale. Je lui dis quelle nest pas là ce soir, elle magrippe les épaules et repart pour le second round. Entre deux assauts je lui dis ce que jaurais dû dire depuis un bon moment, que je ne suis ni disponible, ni intéressé. Du moins pas ce soir. Elle sécarte, visiblement peu ravie. Je lui sors une superbe phrase bateau, que ce nest pas à cause delle, quen dautres circonstances ça aurait terminé différemment, blablabla. Elle sourit du coin de la bouche et me tend une carte de visite, « Pour quand tu changeras davis » Une bise sur la joue et elle fond dans la foule. Je retrouve mes esprits, me tourne vers Porras et lui fait signe quil est peut-être temps dy aller. Lui et les autres ont lair fracassés, ils me suivent sans broncher, même Mendoza et son suçon dans le cou. En attendant le taxi je fais promettre à cet aréopage de loques humaines de ne jamais parler de cette soirée à qui de droit, bien que je ne sois pas sûr que dans leur état ils aient calculé grand chose.
Pour la petite histoire, jai logiquement appelé la petite brune quelques semaines plus tard quand je me suis trouvé disponible, mais forcément cétait trop tard, elle commençait à sortir avec un gars. Mauvais timing quelle a dit
Et on terminera sur cet echec, pour que cet edito ait un vrai rapport avec le match. Car il serait peut-être temps que lOM montre enfin son vrai potentiel, un mauvais timing entrainerait des regrets en cette Ligue des Champions. Ca, c'est fait, d'un coup je viens de faire le lien entre l'introduction et la fin du texte et je peux enfin vous laisser tripatouiller en paix le topic du match où les plus footeux dentre nous posteront des compos déquipes et autre « NNNIIIIIAAAAANNNNNGGGGGGG !!!!!!! (+ 18 divers smileys bondissants)», le tout ayant un vrai rapport avec le foot, lOM et la Champions League.
Fanbird, out.