23-07-2004, 04:06
Mercredi matin, folle journée pour certains, journée de la folle pour d'autres...
Deux silhouettes disgracieuses arpentent le macadam Parisien puis s'engouffrent dans les studios de l'avenue Montaigne.
11h35... j'allume mon poste TV, machinal plus qu'une envie, je zappe TF1, un vieux réflexe conditionné, et baisse légèrement le volume de telle sorte à avoir un bruit de fond.
Aucune attention particulière n'est portée à l'aquarium cathodique, je m'affale sur le canapé et sirote un kawa bien serré.
Une voix teintée d'accent chantant s'échappe de la télé, elle est accompagnée d'une seconde moins mélodique et plus neutre (je n'ai pas voulu dire Parisienne afin de ne pas faire fuir le lectorat francilien).
Instinctivement, tel un epagneul bretonneux, je me redresse et saisis nerveusement la zapette, augmente le volume de façon considérable et me replonge dans la douceur rugueuse de mon canapé.
Ces deux donzelles me sont familières, Maïté et Micheline, duo improbable, la culinaire et la mondaine, le terroir et le pouvoir, bref elles sont là et vont me parler ripaille.
Maïté claironne , son accent est fabuleux, tout le soleil du sud-ouest envahit mes esgourdes.
Elle entonne les préliminaires et démarre la cérémonie...
(Maité) - Alors Micheline, aujourd'hui nous allons faire une fracassée de supporters
(Micheline) - Tiens Maïté, c'est une nouvelle recette, une envie soudaine...
(Maité) - oh bien sûr que non, ma chère, c'est une recette Marseillaise, qui n'est pas très ancienne, mais qui est une merveille quand elle est bien préparée.
(Micheline) - Je suis vraiment impatiente de voir ce que ça donne, allons-y, commençons parce que le temps nous est compté.
(Maité) - tout d'abord, il faut que vous sachiez que cette recette a été collégiale, on peut la dater sans carbone 14 aux alentours de 1996.
C'est un argentier suisse, gastronome reconnu, qui a demandé à ce qu'on lui serve quelque chose de nouveau et d'insolite, on a utilisé des ingrédients que l'on ne trouve plus nulle part ailleurs, une herbe étrange, "la Roussier des rocailles", elle est nocive si l'on en met trop dans le plat, ensuite on a également incorporé une algue hallucinogène "la colerpa jesaispasoujeva Marchandia", gros effet névrotique et toxique, mais la meilleure trouvaille à ce jour reste l'association de 2 piments d'exception, "le bouchet d'Espelette" et "le Diouf de cayenne", détonant, ravageur, un goût inoubliable en bouche.
Mais assez discutaillé Micheline, attaquons gentiment la recette.
Il faut tout d'abord préparer le supporter, mais là, attention il ne faut pas prendre n'importe quoi, pas le tout malingre de Monaco, ou le fétide Parigot, encore moins le fade lyonnais, à la rigueur le chalereux Lensois, mais la vraie recette se fait avec la merveille des merveilles, la bartavelle (chère à l'oncle Jules et à la gloire de mon père) des supporters, c'est le bouillonnant Marseillais (attention à l'ersatz Aixois qui n'a cours que dans les soirées mondaines donc sans intérêt particulier, ami Aixois si tu me lis, pardon mais je préfère Marseille la Populaire à Aix la bourgeoise).
Maintenant Micheline, vous allez aller dans le frigo Vélodrome et me sortir les 60 000 fadas que j'ai préparé hier soir pour gagner du temps et de l'argent bien sûr.
Ah regardez ça comme ils sont beaux, là les ultras confits, ici les Yankees canabisés, ah la fraîcheur iodée des MTP et des Winners, seules les cagolles ont encore les pacholles un peu flasques mais rassurez-vous, ça s'arrange très vite une fois farçies.
(affichage en bas de l'écran : "toute connotation sexuelle est évidente et bienvenue, merci de votre compréhension)
Tenez Micheline, touchez, tatez comme ils sont fermes et pleins de vie, il faut encore leur taper un peu sur la tête pour les attendrir et les rendre plus maléables, mais ils sont quasiment à point, refroidis à souhait,
Euh s'il vous plaît micheline, arrêtez de jouer avec les pacholles, y'a des jeunes gens qui nous regardent.
Maintenant, il faut plumer le supporter, pour ce faire, il faut utiliser la rappe à abonnement pour bien ramasser le plus possible, on peut au préalable faire usage d'huile de rumeurs que l'on diffuse sur la tête du supporter, on laisse reposer quelques jours mais pas trop sinon ça tourne très vite, et là on obtient la quintessence de la recette, un maximum de jus d'oseille en un minimum de temps.
Le plus dur est fait, l'adjonction des piments "bouchet d'espelette" et "diouf de cayenne", ne fait que relever le plat, pensez surtout à vous séparer des parties les moins intéressantes, la Drogbatine en est une et pas des moindres, c'est un peu comme la créatine, mais elle est très courue en Russie paraît-il, de biens curieuses moeurs gastronomiques s'il en est, enfin tant que ça les met en joie...
Pour les légumes, je vous conseille les boulets en fleur que l'on ramasse par grappes entières et qui traînent dans les champs de forums, evitez le clarky primitif, véritable poison des éditologistes, une terrible infection qui métastase très vite tout esprit saint, bien choisir ses boulets est aussi capital que le choix du supporter.
Evitez le surdosage sinon vous risqueriez un coma frénétique suivi de paralysie faciale chronique.
Quant à la sauce..............
Dring (sonnette porte, un collègue...), je baisse à nouveau le son , Maité continue de se mouvoir dans tous les coins de l'écran.
(le collègue) - punaise ça y est, je l'ai, je l'ai, je suis trop content, j'ai le sésame des sémames, je l'ai mon abonnement pour l'OM.
Moi un peu géné, je tourne ostensiblement la tête vers la télé, Maité a disparu, mais on y voit le récapitulatif de la recette, je me jette maladroitement sur la zapette et d'une pression ferme mais divine du pouce, je stoppe la boîte à images.
Le collègue est un peu interloqué et pense que je me suis encore frappé une veilléé plus que tardive sur un site vachement bien foutu destiné à l'OM, OPIOM.
Je ne le contredis pas, puisque c'est en partie vrai, et le laisse poursuivre son monologue.
Tout y passe, les recrues internationales qui vont régaler le stade, le titre de champion qui est à notre portée, DD qui va être meilleur buteur de L1 et meilleur joueur pour la seconde année consécutive (euh je lui dis ou pas pour DD...).
Moi je deviens blème, y'a le téléphon qui son et y'a jamais person qui y répond, répondeur qui s'enclenche, une voix de femme, ma femme, elle vient de voir l'émission de Maité et commence à en parler...
(Femme) - Lolo, t'as vu "la cuisine des moustiquaires", j'ai bien envie d'essayer la fracassée de supporter, on pourrait se servir de ton con de collègue, oui tu sais celui avec qui tu allais au stade, bon je finis les courses et je rentre avec les filles...
Et là je sais pas, un bruit sourd dans les oreilles, un voil blanc puis noir et la sensation de tomber mais sans avoir peur de me ramasser, une voix qui hurle, un liquide chaud qui semble couler sur le côté gauche de ma figure, et puis plus rien...
Cruel retour à la vie quand je me suis réveillé aux urgences entouré de vieux caniculés et de gars pas tibulaires mais presque, j'ai compris que mon collègue avait introduit une nouvelle variante de la fracassée, la fracassée primaire du supporter, sans aucun ingrédient, celle qui te pète le nez, te fracture la machoire et te brise deux côtes.
Dorénavant, tous les mercredis, je ne suis plus chez moi, d'ailleurs j'ai déménagé, j'ai vendu ma télé, me suis mis au karaté, mais surtout j'évite le boulevard Michelet le soir de match parce que ma photo circule sous le manteau et un wanted a été lancé à mon encontre, on me veut mort ou mort, d'autant plus que l'OM est redescendu en L2.
Chienne de vie...
Deux silhouettes disgracieuses arpentent le macadam Parisien puis s'engouffrent dans les studios de l'avenue Montaigne.
11h35... j'allume mon poste TV, machinal plus qu'une envie, je zappe TF1, un vieux réflexe conditionné, et baisse légèrement le volume de telle sorte à avoir un bruit de fond.
Aucune attention particulière n'est portée à l'aquarium cathodique, je m'affale sur le canapé et sirote un kawa bien serré.
Une voix teintée d'accent chantant s'échappe de la télé, elle est accompagnée d'une seconde moins mélodique et plus neutre (je n'ai pas voulu dire Parisienne afin de ne pas faire fuir le lectorat francilien).
Instinctivement, tel un epagneul bretonneux, je me redresse et saisis nerveusement la zapette, augmente le volume de façon considérable et me replonge dans la douceur rugueuse de mon canapé.
Ces deux donzelles me sont familières, Maïté et Micheline, duo improbable, la culinaire et la mondaine, le terroir et le pouvoir, bref elles sont là et vont me parler ripaille.
Maïté claironne , son accent est fabuleux, tout le soleil du sud-ouest envahit mes esgourdes.
Elle entonne les préliminaires et démarre la cérémonie...
(Maité) - Alors Micheline, aujourd'hui nous allons faire une fracassée de supporters
(Micheline) - Tiens Maïté, c'est une nouvelle recette, une envie soudaine...
(Maité) - oh bien sûr que non, ma chère, c'est une recette Marseillaise, qui n'est pas très ancienne, mais qui est une merveille quand elle est bien préparée.
(Micheline) - Je suis vraiment impatiente de voir ce que ça donne, allons-y, commençons parce que le temps nous est compté.
(Maité) - tout d'abord, il faut que vous sachiez que cette recette a été collégiale, on peut la dater sans carbone 14 aux alentours de 1996.
C'est un argentier suisse, gastronome reconnu, qui a demandé à ce qu'on lui serve quelque chose de nouveau et d'insolite, on a utilisé des ingrédients que l'on ne trouve plus nulle part ailleurs, une herbe étrange, "la Roussier des rocailles", elle est nocive si l'on en met trop dans le plat, ensuite on a également incorporé une algue hallucinogène "la colerpa jesaispasoujeva Marchandia", gros effet névrotique et toxique, mais la meilleure trouvaille à ce jour reste l'association de 2 piments d'exception, "le bouchet d'Espelette" et "le Diouf de cayenne", détonant, ravageur, un goût inoubliable en bouche.
Mais assez discutaillé Micheline, attaquons gentiment la recette.
Il faut tout d'abord préparer le supporter, mais là, attention il ne faut pas prendre n'importe quoi, pas le tout malingre de Monaco, ou le fétide Parigot, encore moins le fade lyonnais, à la rigueur le chalereux Lensois, mais la vraie recette se fait avec la merveille des merveilles, la bartavelle (chère à l'oncle Jules et à la gloire de mon père) des supporters, c'est le bouillonnant Marseillais (attention à l'ersatz Aixois qui n'a cours que dans les soirées mondaines donc sans intérêt particulier, ami Aixois si tu me lis, pardon mais je préfère Marseille la Populaire à Aix la bourgeoise).
Maintenant Micheline, vous allez aller dans le frigo Vélodrome et me sortir les 60 000 fadas que j'ai préparé hier soir pour gagner du temps et de l'argent bien sûr.
Ah regardez ça comme ils sont beaux, là les ultras confits, ici les Yankees canabisés, ah la fraîcheur iodée des MTP et des Winners, seules les cagolles ont encore les pacholles un peu flasques mais rassurez-vous, ça s'arrange très vite une fois farçies.
(affichage en bas de l'écran : "toute connotation sexuelle est évidente et bienvenue, merci de votre compréhension)
Tenez Micheline, touchez, tatez comme ils sont fermes et pleins de vie, il faut encore leur taper un peu sur la tête pour les attendrir et les rendre plus maléables, mais ils sont quasiment à point, refroidis à souhait,
Euh s'il vous plaît micheline, arrêtez de jouer avec les pacholles, y'a des jeunes gens qui nous regardent.
Maintenant, il faut plumer le supporter, pour ce faire, il faut utiliser la rappe à abonnement pour bien ramasser le plus possible, on peut au préalable faire usage d'huile de rumeurs que l'on diffuse sur la tête du supporter, on laisse reposer quelques jours mais pas trop sinon ça tourne très vite, et là on obtient la quintessence de la recette, un maximum de jus d'oseille en un minimum de temps.
Le plus dur est fait, l'adjonction des piments "bouchet d'espelette" et "diouf de cayenne", ne fait que relever le plat, pensez surtout à vous séparer des parties les moins intéressantes, la Drogbatine en est une et pas des moindres, c'est un peu comme la créatine, mais elle est très courue en Russie paraît-il, de biens curieuses moeurs gastronomiques s'il en est, enfin tant que ça les met en joie...
Pour les légumes, je vous conseille les boulets en fleur que l'on ramasse par grappes entières et qui traînent dans les champs de forums, evitez le clarky primitif, véritable poison des éditologistes, une terrible infection qui métastase très vite tout esprit saint, bien choisir ses boulets est aussi capital que le choix du supporter.
Evitez le surdosage sinon vous risqueriez un coma frénétique suivi de paralysie faciale chronique.
Quant à la sauce..............
Dring (sonnette porte, un collègue...), je baisse à nouveau le son , Maité continue de se mouvoir dans tous les coins de l'écran.
(le collègue) - punaise ça y est, je l'ai, je l'ai, je suis trop content, j'ai le sésame des sémames, je l'ai mon abonnement pour l'OM.
Moi un peu géné, je tourne ostensiblement la tête vers la télé, Maité a disparu, mais on y voit le récapitulatif de la recette, je me jette maladroitement sur la zapette et d'une pression ferme mais divine du pouce, je stoppe la boîte à images.
Le collègue est un peu interloqué et pense que je me suis encore frappé une veilléé plus que tardive sur un site vachement bien foutu destiné à l'OM, OPIOM.
Je ne le contredis pas, puisque c'est en partie vrai, et le laisse poursuivre son monologue.
Tout y passe, les recrues internationales qui vont régaler le stade, le titre de champion qui est à notre portée, DD qui va être meilleur buteur de L1 et meilleur joueur pour la seconde année consécutive (euh je lui dis ou pas pour DD...).
Moi je deviens blème, y'a le téléphon qui son et y'a jamais person qui y répond, répondeur qui s'enclenche, une voix de femme, ma femme, elle vient de voir l'émission de Maité et commence à en parler...
(Femme) - Lolo, t'as vu "la cuisine des moustiquaires", j'ai bien envie d'essayer la fracassée de supporter, on pourrait se servir de ton con de collègue, oui tu sais celui avec qui tu allais au stade, bon je finis les courses et je rentre avec les filles...
Et là je sais pas, un bruit sourd dans les oreilles, un voil blanc puis noir et la sensation de tomber mais sans avoir peur de me ramasser, une voix qui hurle, un liquide chaud qui semble couler sur le côté gauche de ma figure, et puis plus rien...
Cruel retour à la vie quand je me suis réveillé aux urgences entouré de vieux caniculés et de gars pas tibulaires mais presque, j'ai compris que mon collègue avait introduit une nouvelle variante de la fracassée, la fracassée primaire du supporter, sans aucun ingrédient, celle qui te pète le nez, te fracture la machoire et te brise deux côtes.
Dorénavant, tous les mercredis, je ne suis plus chez moi, d'ailleurs j'ai déménagé, j'ai vendu ma télé, me suis mis au karaté, mais surtout j'évite le boulevard Michelet le soir de match parce que ma photo circule sous le manteau et un wanted a été lancé à mon encontre, on me veut mort ou mort, d'autant plus que l'OM est redescendu en L2.
Chienne de vie...