20-06-2008, 11:53
"La femme infidèle" est un film merveilleux au niveau de l'atmosphère. Dans une famille de notables, un mari doute de la fidélité de sa femme. De cette suspicion nait la crainte du déséquilibre d'une vie monotone et entièrement calculée mais également de l'effondrement du "hors monde" qu’ils se sont construit. L'interprétation de Michel Bouquet est hors norme. Il retranscrit parfaitement ce bourgeois nanti, calme d'apparence mais possédant ce degré de folie engendrée par le désespoir. Stéphane Audran, est parfaite en fausse femme modèle cultivant l'ambigüité de son état et de ses relations. La scène finale du film est merveilleuse, avec une caméra qui se détache peu à peu de la famille de manière latérale jusqu'à la perdre, cachée par des arbres et des sapins. C'est un peu la morale de cette histoire, la culpabilité sommeille en chacun de nous, nul n'est à l'abri de sombrer….
"Que la bête meure" est sans nul doute l'œuvre de Chabrol que j'ai préféré pour l'instant. L'histoire raconte la tragédie que vit Charles Thénier (incarné par Michel Duchaussoy) qui a perdu son fils, percuté par un chauffard. Il se jure alors de le retrouver et de le tuer, peu importe le temps et les conséquences. Le scénario prend peu à peu, l'apparence d'une tragédie homérique, Chabrol réactualisant le mythe d'Oedipe. Le film est éprouvant, noir mais c'est un chef d'œuvre de bout en bout. Lorsqu'au fil de ses pérégrinations, Charles Thénier retrouve par "hasard", le meurtrier de son fils, il s'attèle à bâtir sa stratégie de vengeance. Il avait peur de tomber sur une personne gentille pour lequel, il aurait eu des scrupules mais là il tombe sur un salau.d de premier ordre, interprété par un Jean Yanne qui s'en donne à cœur joie. La scène où on le découvre est en cela symbolique, à peine rentrer dans la maison, on ne le voit pas mais on l'entend déjà vociférer ; puis il rentre enfin dans la pièce, et d'invectives en sarcasmes, il taille en pièces toute la famille rassemblée. C'est contre ce monstre, que Charles Thénier tient sa vengeance. Mais en le tuant, il deviendrait lui aussi une bête. A la fin du film, on entend cette phrase lourde de sens et qui résume cette dualité : « Il existe un chant sérieux de Brahms qui paraphrase l'Ecclésiaste : "Il faut que la bête meure ; mais l'homme aussi. L'un et l'autre doivent mourir." »