25-01-2024, 11:17
(Modification du message : 25-01-2024, 11:44 par Old Trafford.)
(24-01-2024, 18:33)aqwarium a écrit : Apparemment, la commission européenne qui signe un accord de libre échange avec le Chili en même temps que les agriculteurs sont reçus par l'exécutif et que le pays se bloque.
Magique...
Ce genre d’accord n’a rien voir avec le libre-échange, strictement parlant. Ces accords sont mercantilistes, fondés sur la sacro-sainte notion de “réciprocité” : j’ouvre mon économie dans telle domaine et tu ouvres ton économie dans telle domaine. En d’autres termes, les importations sont mauvaises et les exportations sont un plus. De mémoire, l’ALENA, accord dit de libre-échange entre le Canada, le Mexique et les US, faisait plus de mille pages, avec de nombreuses restrictions bureaucratiques. Si c’est ça le “libre-échange”...
Le vrai libre-échange, c’est quand un gouvernement libéralise unilatéralement son économie, c’est- à-dire, quand elle baisse ou élimine totalement ses barrières au commerce sans demander une baisse similaire et réciproque de la part des autres pays. Le premier exemple est celui de l’abrogation des lois céréales en Angleterre en 1846, sous l’impulsion de Richard Cobden de l'école Manchester d'économie. Les taxes sur l’importation des céréales qui bénéficiaient aux grands propriétaires terriens, en majorité dans la Chambre des Communes, au détriment de la classe ouvrière (avec la fameuse “taxe sur le pain”), ont heureusement étaient abolies de manière unilatérale par l’Angleterre au bénéfice de la classe ouvrière. Plus proche de nous, Singapour et Hong-Kong sont deux pays qui ont libéralisé unilatéralement leur économie et, sans surprise, ces deux pays sont parmi les plus riches au monde. Et ca n’a rien à voir avec une quelconque idéologie. Lee Kuan Yew, le père fondateur de Singapour, se définissait comme “socialiste”, y compris dans ses Memoires, quand même bien, il a fait de Singapour l’un des pays les plus libres économiquement au monde et aussi l’un des plus riches, sachant qu’à son indépendance dans les années 60, le PIB par habitant de ce pays était de US $ 200.
Et puisque tu parles du Chili, c’est la même histoire. Sous Pinochet, le Chili s’est retiré du fameux Pacte Andéen, accord dit de “libre-échange” avec d’autres pays Amérique du Sud, et a libéralisé unilatéralement économie du Chili. Cette politique a été poursuivie par des Présidents de gauche, comme Ricardo Lagos, Edouardo Frei (le fils) et Michele Bachelet, et c’est sous la présidence de cette dernière que le Chili est devenu le premier pays de Amérique du Sud (et toujours le seul) à devenir membre de l’OCDE, le club des pays les plus riches au monde. Il y a certes des problèmes inégalités encore aujourd’hui, mais c’est facile de mettre cela sur les dos du “néolibéralisme”. Ce serait oublié que ces problèmes datent de plusieurs décennies et ni Edouardo Frei,le père, et Démocrate Chrétien (centre-gauche) ni Salvador Allende, le socialiste, n’ont réussi à régler ce problème. Et ce n’est pas le comique, gauchiste, Gabriel Boric, nouveau Président du Chili, qui va résoudre ce problème.
P.S. : Je ne cautionne pas les tortures et autres sous Pinochet. Cela va de soi.
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