(18-11-2020, 13:14)Fly a écrit : Non le bon sens et la science ne font quasi jamais bon ménage.
Bachelard disait qu'un "scientifique doit toujours penser contre son cerveau" soit chercher à être contre-intuitif.
"La science contredit presque toujours le bon sens " "Le réel dont parlent les scientifiques est trop éloigné du commun des mortels, ce qui crée une tension psychologique intenable", note le physicien et docteur en philosophie des sciences, Etienne Klein.
Si par "bon sens" on entend une notion afférente à une certaine forme de logique, alors il (le bon sens) partage les mêmes mécanismes sous-jacent aux règles de validation que la science. Bref, d'une part, on peut soutenir que la connaissance scientifique s'écarte nécessairement du bon sens à mesure que la science se développe. D'autre part, on peut tres bien caractériser la connaissance scientifique comme une extension de la connaissance quotidienne, caractérisée par une amelioration de la rationalité et de la systématicité. Au final je suis d'accord avec Klein (et beaucoup d'autres) au moins sur le fait que la rupture avec le bon sens est le prix que l'on doit sans doute payer pour une plus grande rationalité, mais il faudrait quand meme porter une plus grande attention aux aspects cognitifs de l'apprentissage et de la science, pour clarifier la relation entre le "bon sens" et le raisonnement scientifique.

(18-11-2020, 13:14)Fly a écrit : Ce même philosophe, pose un distinguo intéressant entre "recherche" et "science", deux notions que l'on a tendance à confondre dans un joyeux bordel argumentatif.
-La science c'est un corpus de connaissances bien établies, la terre est ronde, l'univers est en expansion, la théorie de l'évolution est solidement établie (à part pour ces conos de créationnistes, une Trumperie encore) les trous noirs existent...etc , etc...
-La recherche elle est le Work in Progress, le débat indispensable et auto-correcteur entre spécialistes de la question et soumis à une méthode définie, extrêmement rigoureuse et balisée selon l'échelle des preuves.
Le résultat de cette recherche sera validé si et seulement si il fait consensus et viendra grossir notre socle de "savoir" scientifique. Bref devenir de la science. Jusqu'à preuve du contraire.
Bien sûr ce débat n'est pas télévisé... (je ne vous redonne pas le nom des guignols qui ont voulu nous le faire croire, on va dire que je suis manichéen (2)
En particulier ce qui est en gras (et c'est en effet mieux de clarifier la terminologie recherche/science)
Je pense que c'est l'origine même du problème, je l'ai mentionne précédemment dans un post. Le grand public étant absent ou totalement inconscient du débat, se nourrit de frustrations (alimentés par toutes sortes de biais cognitifs)....et le fantasme populaire d'une "dictature morale" des normes et des conclusions scientifiques et mathématiques peu alors germer ...parfois par peur d'apparaître pris en défaut par manque de rigueur intellectuelle, parfois en faisant valoir opposition entre savoirs institutionnels et une certaine idée que l’on se fait de la réalité du terrain. L'institution scientifique apparait quelque part désarmée face à ça...et elle ne peut certainement pas y faire grand chose, autrement qu'en mettant l'accent sur la vulgarisation du savoir, et de ce qu'il convient d'appeler la méthode scientifique dans ses grandes largeurs.
Je ne fais reference à personne en particulier, c'est juste une reflexion très générale.
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