23-03-2012, 00:10
(22-03-2012, 22:56)Nil Sanyas a écrit : 1. La France n'a jamais connu d'ultralibéraux à la Madelin (lui il fait peur parfois).
2. Vouloir éjecter l'Etat de tout n'est pas une bonne solution, tout comme trop baisser les impôts d'ailleurs. Or cette politique européenne se répercute sur la France, qu'elle soit politiquement socialiste ou umpiste. La gauche a d'ailleurs maintes fois prouvé qu'elle pouvait être tout aussi à droite que le RPR/UMP dans le passé.
1. Madelin n'est pas un ultralibéral, c'est une caricature, c'est un libéral tout court. Et, je vais même te dire que c'est quelqu'un qui souhaitait vraiment qu'il y ait une gauche libérale en France (je dis "souhaitait" car il a quitté la France le week-end dernier pour aller vivre et travailler ailleurs). Une des grandes références de Madelin, c'est Frédéric Bastiat, économiste et homme politique français (indépendant, mais siégant à gauche) dont la profession électorale était assez claire : "On a rapproché mes votes de ceux de l'extrême gauche. Pourquoi n'a-t-on pas signalé aussi les occasions où j'ai voté avec la droite? (...) Ce qu'on me reproche, c'est précisément ce dont me j'honore. Oui, j'ai voté avec la droite contre la gauche, quand il s'est agi de résister au débordement des fausses idées populaires. Oui, j'ai voté avec la gauche contre la droite, quand les légitimes griefs de la classe pauvre et souffrante ont été méconnus."
Et Madelin a réédité un livre de Bastiat en 1993 ("Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas"), et dans la "Table ronde" qui précède l'ouvrage en soi, il dit : "Si l'on voulait être efficace, on s'emploierait à reconstuire la gauche. Car si l'on voulait faire quelque chose d'intelligent dans ce pays, ce serait concourir à l'émergence d'une gauche libérale."
2. La dichotomie droite/gauche est dépassée. Ce qu'on a aujourd'hui, c'est des conservateurs (la droite), des socialistes ou la gauche, l'extrême-gauche et des libéraux (quelques uns). Je rejoins Rai quand il dit que la droite n'a rien à voir avec l'ultralibéralisme, et je dirai même, avec le libéralisme tout court. La droite, c'est le conservatisme. Et quand tu dis : "La gauche a d'ailleurs maintes fois prouvé qu'elle pouvait être tout aussi à droite que le RPR/UMP dans le passé", je dirai à la place : "La gauche a d'ailleurs maintes fois prouvé qu'elle pouvait être plus libérale que l'UMP/RPR par le passé", et notamment sous Jospin. D'abord, il y a les privatisations (plus sous la gauche que sous la droite), mais aussi les impôts : Juppé et maintenant Sarko avaient et vont augmenter la TVA ; Jospin l'avait baissé. Jospin avait baissé l'impôt sur le revenu (en commençant par les plus faibles revenus) plus que les gouvernements Balladur et Juppé réunis, tandis que Sarkozy met en place le bouclier fiscal pour les plus riches et instaure pas moins de 40 nouvelles taxes en 5 ans qui affectent surtout les plus démunis. Jospin a baissé la taxe d'habitation, a supprimé la vignette auto, a baissé l'impôt sur les sociétés, etc. La différence ? C'est que Jospin a supprimé ou baissé les impôts les plus injustes (TVA, vignette, taxe d'habitation, etc.) et a commencé par les PME pour la baisse de l'impôt sur les sociétés, pas par le bouclier fiscal. C'est ce qui explique aussi qu'il y ait eu la fameuse cagnotte (rentrées fiscales supérieures aux prévisions) que Jospin voulait affecter au remboursement de la dette (position libérale) tandis que Chirac qui n'en foutait pas une demandait démagogiquement "qu'on rende leur argent aux français" (sans parler de Sarkozy, champion de la dette, même en tenant compte de la crise). Bref, à mes yeux, d'une part, la gauche est plus libérale que les conservateurs, et d'autre part, la question n'est pas tant de baisser les impôts, mais de savoir quels impôts baisser. Si tu baisses les impôts injustes et les impôts pour les plus démunis (et les autres ensuite) et les petites entreprises (et les autres par la suite), ça relance l'activité (et tu peux avoir des rentrées fiscales inattendues, des cagnottes) ; si tu baisses l'impôt pour les plus riches tout en matraquant les autres avec 40 taxes, ça n'a aucun effet sur l'activité et en plus, ton déficit budgétaire s'accroît (et donc ton endettement). La doctrine conservatrice "les hauts taux (d'imposition) tuent les totaux (la totalité des recettes fiscales)" est fausse, même le conseiller de Reagan l'avait admis dans le temps, il faut dire qu'il n'avait pas le choix vu les records de déficit budgétaire. A l'inverse, Clinton a remboursé pratiquement toute la dette américaine de l'poque avec une autre politique.