03-06-2009, 20:15
Karaghiozis a écrit :C'est l'histoire d'un méditerranéen, enfant du Pirée, exilé du côté de l'estuaire, qui transmis à sa progéniture l'amour du maillot au scapulaire. C'est que bien qu'Hellène, vous l'aurez compris, le fanion ciel & blanc me laisse froid. Le restaurant familiale servant jadis de cantine aux pensionnaires du Haillan, ce sont les exploits des Gigi, des Lacombe, et autres Tigana qui animaient les lieux, faisaient vibrer les coeurs et embrasaient les discussions d'adulte à une époque où je n'y pipais encore pas grand chose.Karaghiozis
Vint ensuite le temps ingrat de l'adolescence, sous le sceau de cet hérétique maillot rouge Bordeaux, fantasme mégalomane d'un président lunetier. Un certain Zinedine régalait l'assistance de gestes pas encore "zidanesques". Accompagné de deux enfants du pays, ils mirent le grand Milan à genoux et me donnèrent mon premier orgasme footballistique.
Le second arriva il y a 10 ans très exactement. Au terme d'un final échevelé, un gamin des rues de Conakry fit chavirer la belle endormie qui communia à 40 000 + 16 dans ce qui n'était pas encore le Stade Jacques Chaban Delmas (autre hérésie) jusqu'au petit matin.
Le troisième orgasme, je le passerai sous silence. Trop frais, trop présent, pas encore digéré et donc risquant de briser le bel esprit d'armistice qui règne ici.
Avec l'âge adulte, il fut temps pour moi de m'exiler, loin des vertes pelouses du Haillan. "Faut bien manger" comme dirait l'autre et la vie professionnelle a des raisons que la passion des Girondins ne connait pas. Au pays d'Enzo Scifo, de Raymond-la-science ou du desormais ex-entraineur de l'ohème d'abord. La Jupiler League c'est bien mais ça vaut pas une bonne cuvée médoquine. A l'est de la butte ensuite, ville-capitale, mon grand village, bordé par les stations Barbès-Rochechouard, Chateau Rouge et Jules Joffrin. La joie des soirs de match, l'oreille collée à son poste de radio ou les yeux qui s'abiment sur un streaming de piètre qualité.
Supporter d'être en sous-nombre, en petit comité, perdu parmi la foule de maillots "Fluctuat Nec Mergitur" et "Droit au But". Seule la présence d'un attaquant marocain nous donne un semblant de crédit par ici, mais qu'importe.
J'ai passé l'âge d'idolâtrer une poignée de milliardaires en short, qui pensent pour la plupart que Levi Strauss est l'inventeur du Jeans. Les jérémiades des "esclaves modernes" m'ont certes fait perdre mes dernières illusions enfantines, pas cet attachement viscéral ou maillot marine & blanc. Mon club je l'ai dans le sang, qu'il soit en haut ou en bas des charts. Qu'il fasse vendre du papier et vibrer les adolescentes ou pas. Mon club, c'est la populasse qui vit et s'agite au détour d'une pompe à pression des rades qui jouxtent Lescure. Mon club c'est cette mamie de 70 ans abonnée depuis l'ORTF, croisée un soir de match, intarissable sur les derniers bruits de couloir du château et qui embrasse frénétiquement son médaillon à chaque fois que l'équipe visiteuse s'approche de la surface de vérité bordelaise. Mon club c'est tous ces gens (de peu, souvent) qui font encore en sorte de gâcher la fête du football-moderne pour cons-sommateurs téléphages.
Alors d'accord. Lescure c'est pas Karaïskakis, c'est pas la Toumba, c'est pas la Bombonera. Tu peux même t'y faire emmerder pour t'être levé un peu trop spontanément, masquant ainsi la vue des "gentils spectateurs". Mais je m'en cogne. Touche pas à mon équipe, c'est à moi ça.
J'ai bien conscience d'être ici le cheveu dans la bouillabaisse. Celui qui est "différent". Mais quitte a risquer l'ostracisme pour fréquentation de l'ennemi, que ce laïus parle pour ma défense. Au détour de cyber-pérégrinations oisives, j'en suis venu à me prendre d'affection pour une poignée d'opiomanes au ton décalé. Je plaide coupable et ne regrette rien. Il parait qu'en 14-18, certains visionnaires ont mis leurs uniformes de côté pour trinquer à la barbe de ceux qui déclenchent les guerres et ne les font pas...
/salute
Au coin de ma mémoire
Quelques tavernes grecques...
Les murs couverts d'armoires
Où sans salamalecs
On y puise goulu
De sacrées victuailles
Sur ces tables vermoulues
On ne fait que ripaille...
En s'échangeant les plats
D'une table vers l'autre
Conviviale bamboula
Dans l'extase on se vautre...
On est parfois bruyants
Chahuteurs, turbulents
Dans ce bordel ambiant
Le chef est vigilant
Sans peur du paradoxe
Il table sur le ban
Comme un grand coup d'intox...
La taverne d'OpiOM
Est ainsi fréquentée
Par un tas de bonshommes
Illico aimantés
Oubliant leur patrie
Accostant sans sombrer
Sans façon est le tri
Faut juste être timbré !
Tu as franchi le pas
De manière brillante
Tes appas pour appât
Un entrée gouleyante...
On te tend la paluche
Viens donc gentil bouffon
Parmi toutes ces cruches
Vers elles Kara fonds !
;)